
De : Elise Otzenberger
Avec Cécile de France, Arthur Igual, Darius Zarrabian, Navid Zarrabian
Année : 2025
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Sarah et Antoine sont au bord de la rupture, fragilisés par un quotidien surchargé, entre le travail et leurs deux enfants. Un jour, Simon, l’aîné, confie à sa mère entendre des voix. Si Antoine peine à prendre la mesure du problème, Sarah décide de soutenir son fils. Jusqu’où sera-t-elle prête à aller par amour ?
Avis :
Actrice depuis pratiquement une trentaine d’années, Elise Otzenberger est le genre d’actrice qui navigue loin des radars, dans le sens où elle n’a jamais eu de grands rôles, restant au second plan. L’actrice a toutefois tourné pour des metteurs en scène qui sont intéressants, comme l’atteste sa filmographie, où se côtoient des noms comme Gérard Jugnot, Etienne Chatillez, Lou Ye, Pierre Salvadori ou encore Pierre Pinaud. En parallèle de cela, à la fin des années 2010, Elise Otzenberger se met à l’écriture, et ira jusqu’à réaliser son premier film, la discrète comédie « Lune de miel« . Sorti en 2018, ce premier film avait moyennement conquis le cœur du public.

Sept ans après ce premier essai, Elise Otzenberger est de retour dans les salles obscures, avec un deuxième film qui va être très différent de son premier. S’aventurant dans le drame, « Par amour » est un film singulier, qui oscille entre le drame humain et quelque chose de plus surnaturel, quelque chose qui touche légèrement à la science-fiction. Laissant le public seul juge des tournants de cette famille, Elise Otzenberger intrigue et attise la curiosité, et si son film n’arrivera pas à se faire aussi marquant que son idée, « Par amour » se pose toutefois comme une belle petite proposition de cinéma, tenue par une Cécile de France bluffante dans la peau de cette mère qui se laisse (ou non) déborder par ce qui arrive à son fils.
« Du côté de son scénario, « Par amour » est bien écrit »
Un après-midi comme un autre, Sarah, qui était en vacances avec ses deux fils, perd de vue quelques instants son fils aîné sur une plage. Lorsqu’elle le retrouve, le petit garçon est trempé. Au fil des jours qui passent, Simon a un comportement étrange, qui implique le fait d’être toujours en contact avec de l’eau… Sarah et Antoine essaient tant bien que mal de comprendre et d’aider l’enfant, et si Antoine peine à prendre la mesure du problème, Sarah, elle, entre dans le monde de son fils et ce dernier va lui faire une révélation des plus étranges…
« Par amour« , c’est un projet qu’Elise Otzenberger a nourri pendant pas mal d’années. L’idée d’écrire cette histoire qui navigue entre deux genres est venue à la réalisatrice en regardant ses enfants s’inventer des histoires lorsqu’ils jouaient. La question qu’elle s’est posée était la suivante, et si ce que racontaient mes enfants pouvait être véridique ? Quelle histoire pourrait tenir debout. De là est alors partie l’idée de cette mère qui va, pour aider son fils, totalement entrer dans son univers.
Projet étonnant de par sa dimension, « Par amour » est un film qui demande à son spectateur une attention toute particulière, et au-delà de ça, il lui demande de convoquer une certaine rationalité. La sorte d’enfer dans laquelle « sombre » cette famille est-elle véridique ou non ? Les choses que croient entendre ce petit garçon sont-elles vraies ou est-ce l’imaginaire ultra développé d’un petit garçon ? Du côté de son scénario, « Par amour » est bien écrit, tenant une tension générale qui ne cesse d’intriguer. Ce qui est très bien avec ce film, c’est le fait que son mystère commence dès la scène d’ouverture, et jamais « Par amour » ne va lâcher sa singularité, même si, parfois, on pourra lui reprocher des décisions prises par certains personnages qui laisseront quelque peu circonspect, notamment entre les parents et le manque de communication.
« L’autre très bel atout du film, c’est bien entendu Cécile de France«
Toujours dans son scénario, le film aborde des sujets comme la parentalité, l’éducation, la vie quotidienne, et surtout comment réagir en tant que parent lorsqu’un enfant va autre part ? Comment réagir face à un problème tel que celui qui est imaginé ici ? Doit-on l’accompagner au bout de ce qu’il imagine (ou non) ? Doit-on se décharger et aller voir quelqu’un comme on dit aujourd’hui ? Puis d’où vient le problème ? Qu’est-ce qui fait que l’on se retrouve dans cette situation ? Elise Otzenberger interroge tout un tas de solutions, et ose aller au bout de son idée, avec un final assez terrible qui, comme je le disais, laissera le public seul juge de ce qu’il a envie de conclure de cette histoire.
L’autre très bel atout du film, c’est bien entendu Cécile de France, qui trouve là un rôle complexe qu’elle défend avec beaucoup de conviction et d’interrogation. Si le film est, au départ, basé sur les enfants, notamment le petit Darius Zarrabian, dont le regard bleu perçant peut mettre assez mal à l’aise, tout en arrivant à capturer la curiosité en permanence, on restera surpris de la tournure de cette histoire qui petit à petit va se centrer sur cette mère de famille.
Si tout ici est bon et intéressant, du côté de la mise en scène d’Elise Otzenberger, « Par amour » est un film qui ose certaines choses avec talent, qui ose aller jusqu’au bout de son idée, et qui offre de bons moments de cinéma, aussi bien visuellement parlant que dans ses émotions, et pourtant, malgré tout cela, le film n’arrive pas à se faire aussi fort que son histoire le demande. Freiné par un manque de moyen, il manque cruellement un petit quelque chose en plus à ce film pour l’emporter et nous emporter totalement par la même occasion, et ça, c’est dommage, car la démarche de sa réalisatrice est bonne, son envie de cinéma, notamment de genre, est présente, mais ça n’aura pas suffi à « Par amour » pour demeurer dans les mémoires.

Au bout du compte, ce deuxième film d’Elise Otzenberger se pose comme une bonne proposition de cinéma qui, si elle n’est pas aussi marquante qu’elle ne le laisse supposer, elle tient de bonnes idées, elle s’aventure sur des sujets qui sont intéressantes et surtout, au-delà de ça, le moment passé en compagnie de ces personnages est bon. Mieux encore, avec toutes les interrogations que cette histoire laisse, ainsi que ce libre choix d’en conclure ce qu’on veut, « Par amour » donne envie d’y revenir, afin (ou non) d’asseoir ce que l’on n’en a compris.
Note : 13/20
Par Cinéted