octobre 11, 2024

Un 22 Juillet

Titre Original : 22 July

De : Paul Greengrass

Avec Thorbjorn Harr, Anders Danielsen, Jon Oigarden, Lars Arentz-Hansen

Année: 2018

Pays: Etats-Unis, Norvège, Islande

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

La véritable histoire de l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais perpétrée en Norvège. Le 22 juillet 2011, 77 personnes sont tuées lorsqu’un ultranationaliste d’extrême droite fait exploser une bombe artisanale placée dans une voiture à Oslo avant de commettre une fusillade dans un camp d’été de jeunes. À travers le combat physique et psychologique d’un jeune survivant, « Un 22 Juillet » décrit un pays qui tente tant bien que mal de surmonter le drame et de panser ses plaies.

Avis :

Réalisateur britannique, Paul Greengrass est connu pour avoir un style bien à lui. Un style qui est autant aimé que détesté. Certains lui reprocheront des images illisibles et dégueulasses quand d’autres trouveront son cinéma totalement immersif. Pour ma part, je fais plutôt partie de cette deuxième catégorie, puisque j’aime les films de Paul Greengrass et j’aime cette façon de filmer qui me jette littéralement au cœur de l’action.

Il y a deux ans de cela, Paul Greengrass était revenu à la franchise « Jason Bourne » pour un film éponyme qui était le troisième que le cinéaste mettait alors en scène. Rappelons que si Paul Greengrass avait déjà une belle petite carrière, cette saga, qu’il a reprise des mains Doug Liman, l’avait propulsé hors de l’ombre.Donc après un troisième film sur « Jason Bourne« , Paul Greengrass s’est alors « exilé » et il est parti tourner en Norvège un film terrifiant et émouvant qui revient sur les attentats survenus à Oslo et sur l’île d’Utøya.

Très classique dans sa forme, loin de la nervosité du cinéma de Paul Greengrass, sauf pour les scènes d’attaque, le réalisateur britannique livre un film passionnant qui pose d’excellentes questions et réflexions, notamment sur la justice, sur la politique ou la reconstruction de soi. Émouvant et prenant, on ne voit pas passer les deux heures et vingt-trois minutes que dure « Un 22 Juillet« .

22 Juillet 2001, une bombe explose à Oslo en bas de l’immeuble du Premier ministre. Quelques heures plus tard, sur l’île d’Utøya, qui est un camp d’été pour jeune gens qui sont le futur de la Norvège, le poseur de bombe ouvre le feu. Ces deux attentats feront soixante-dix-sept victimes. L’homme est arrêté et va être jugé. Parmi les très nombreux survivants, Viljar Hanssen fut l’un de ceux qui fut le plus touché par le tireur. Cinq balles lui ont traversé le corps, le laissant presque mort. Alors que le pays suit cette affaire de très près, Viljar, une fois sorti du coma, va devoir réapprendre à vivre et faire face.

« Un 22 Juillet« , c’est le film qu’on n’attendait pas. Sorti comme ça, sans prévenir, le nouveau Paul Greengrass vaut assurément le détour. Bien loin de ce que le réalisateur a l’habitude de livrer, surtout en termes de mise en scène, et là, c’est le principal défaut du film, puisque « Un 22 Juillet » demeurera très classique dans sa forme, n’osant jamais proposer quelque chose de plus surprenant. Ici, tout se passe comme ça doit se passer et dans un sens, on pourrait dire que ce film est « pépère ». Et c’est bien le seul reproche qu’on pourra lui faire, en plus d’avoir des comédiens qui jouent tous en anglais, alors que les acteurs pour beaucoup sont norvégiens. Mais comme je le disais, hormis ceci, pour le reste, il accumule les bons points.

En revenant sur cet attentat on ne peut plus meurtrier, Paul Greengrass livre là un film d’une belle pudeur, d’une grande tolérance, et surtout loin de tout manichéisme.

En presque deux heures et demie, Paul Greengrass nous plonge totalement dans cette affaire. Son ouverture est terrifiante, tant elle est brutale et violente. « Un 22 Juillet » s’ouvre pratiquement sur les attentats et il faut dire que toutes les scènes sur l’île d’Utøya sont éprouvantes. Mais le film ira bien plus loin que cela, puisque sur deux heures et demi de film, Paul Greengrass ne consacre pas plus d’une demie heure à la reconstitution de cet évènement et croyez-le, c’est bien assez. Mais alors que reste-t-il alors ? Eh bien il reste le plus touchant et le plus passionnant surtout. Pour la suite, Paul Greengrass a principalement suivi deux personnages. D’un côté, il y a le jeune Jonas Strand Gravli, qui incarne à la perfection l’une des victimes du tireur qui s’en est sortie. De ce côté-là, le film parlera alors de la reconstruction de soi, de la reconstruction de son corps, mais aussi de son âme, qui doit réapprendre à vivre, malgré le traumatisme et les blessures. Le film est très touchant et force le respect.

De l’autre, on va suivre le procès du tueur et bien souvent, Paul Greengrass nous le fait suivre du point de vue du tireur ou de son avocat (ce qui est fait autour de son avocat est passionnant). De ce côté-là, le cinéaste parlera aussi bien de la justice en elle-même. Même le pire des monstres a le droit d’être défendu. Sans jamais juger le tireur ou son avocat, Paul Greengrass met surtout en avant la psychologie du tueur et son discours néo-nazi qui fait froid dans le dos. Des discours qui mettent d’autant plus la chair de poule en ce moment, face à des politiques qui s’affichent de plus en plus dans les extrêmes, face à une Europe, et même un monde, qui tombe de plus en plus dans la haine et la peur. « Un 22 Juillet » résonne alors en nous encore plusieurs heures après la séance.

Malgré son côté classique, on ne voit pas passer ces deux heures presque et demi. « Un 22 Juillet » est prenant, touchant, terrifiant, et parfois même bouleversant. Avec ce film, Paul Greengrass livre un film qui joue sur plusieurs fronts, entre le drame, le film nécessaire qui offre un devoir de mémoire, et enfin le film politique. Un film politique nuancé, qui prend le temps d’aborder tous les sujets et surtout,  » Un 22 Juillet » est un film politique qui expose, raconte, mais jamais ne juge, laissant finalement ses spectateurs juger les systèmes et les actes. Bref, on n’attendait pas ce nouveau Paul Greengrass et la surprise est de taille.

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ZVpUZGmHJB8[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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