décembre 11, 2024

Hellgate

De : William A. Levey

Avec Ron Palillo, Carel Trichardt, Petrea Curran, Abigail Wolcott

Année : 1989

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Josie est enlevée, violée puis tuée par une bande de loubards. Torturé par le chagrin, le père de la jeune femme découvre, quelques années plus tard, un cristal mystique qui ressuscite les morts. Il l’utilise sur sa fille et la pousse à se venger en séduisant et en tuant tous les hommes qui croisent sa route…

Avis :

Il y a des destins qui se brisent très rapidement. Et parfois, il suffit d’un film pour que tout bascule du mauvais côté. C’est un peu ce qui se passe avec Hellgate. Sorti en 1989, le film sera l’unique tentative de William A. Levey à la réalisation (il existe visiblement un Skatetown, mais ça reste très obscur). Il sera aussi le seul film livré par le scénariste Michael O’Rourke. Et que dire des acteurs qui n’ont que ce film à leur actif, ayant certainement voir si l’herbe était plus verte ailleurs. En ce sens, Hellgate a tous les ingrédients du film maudit, du nanard qui a dégouté une bonne partie de son équipe du cinéma. Pour autant, tout navet qu’il est, Hellgate est un film étrange, bourré d’idées, con comme ses pieds, mais qui accumule les tares pour devenir un objet sympathique, un vilain train fantôme de Luna Park.

Du cul et du sang

Hellgate démarre de façon assez étrange. On y voit deux jeunes femmes et un homme qui se racontent des histoires d’horreur au coin du feu en attendant le quatrième luron. L’une des jeunes femmes évoque alors l’histoire de Josie, une jeune femme qui va se faire violenter par des loubards et dont le père sera responsable de sa mort. Trente ans plus tard, le père découvre dans une mine un cristal capable de faire renaître les morts. Il décide alors de faire revenir sa fille pour attirer tous les étrangers et les dézinguer les uns après les autres. Et les jeunes de partir dans la ville fantôme de Hellgate et de se retrouver pris au piège. A la façon d’un 2000 Maniacs, Hellgate propose de prendre quelques personnages humains et de les foutre dans une ville fantôme où un homme fait régner la terreur.

Bordélique, sans aucun liant au sein de son histoire, le film de William A. Levey a été monté à la truelle (ou sous acide) pour un résultat surprenant, détonant et parfois insupportable. D’un point de vue scénaristique, c’est du grand n’importe quoi. On va avoir droit à un poisson mutant, à une tortue mutante, à des fantômes qui défilent comme dans un Freak Show et à quatre jeunes adultes qui déconnent en voyant ce spectacle. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce melting-pot un bazar infâme, avec en prime, une femme fatale quasiment tout le temps à poil, et un méchant père qui grimace à tout bout de champs. Bref, ici, la cohérence a vite foutu le camp au profit d’un ovni filmique aussi réjouissant que démoralisant. En fait, le film se saborde lui-même sur les parties comiques alors qu’il aurait pu être un nanar luxueux.

Problèmes de tons

Hellgate veut être une comédie horrifique. Et en un sens, il réussit ce pari. Le problème, c’est qu’il y a un vrai décalage entre les moments d’horreur et les moments de comédie. Le problème provient principalement des moments de comédie qui sont lourds et sans intérêt. A titre d’exemple, la séquence de baise avec la nana qui fume est d’une ringardise sans nom. Il en va de même de la séance de massage à poil. Ou encore les mimiques que font certains protagonistes quand ils font face à l’horreur, ou à autre chose. Le film ne sait pas quoi faire des transitions entre deux phases d’horreur et balance alors des running gags atroces qui n’ont aucune sens. Ces moments qui se veulent drôles ne sont pas intéressants, car ils ne font pas avancer le peu d’intrigue qu’il y a, et surtout, cela casse le rythme des passages plus réussis.

Et c’est d’autant plus dommageable que les phases qui se veulent gores sont, quant à elles, rigolotes. Oui, on n’est pas non plus dans la gaudriole à se faire péter le bide, mais certains moments sont couillus et vont au bout des choses. On pense à la décapitation avec un panneau publicitaire. On peut aussi évoquer les quelques créatures qui viennent hanter le film et qui sont plutôt sympathiques. On peut aussi parler des morts au ralenti avec des acteurs qui forcent sur les grimaces. Bref, Hellgate est un festival d’étrangetés et de moments en-dehors du temps qui en font un film à part. un film qui a aussi des années de retard sur son montage qui, pour pallier à certaines scories, fait des coupes impromptues et des ellipses temporelles incompréhensibles. Bref, tout ce qui fait le charme des nanars est présent dans ce film.

Ça gigote beaucoup

Bien évidemment, comme tout nanar, on aura droit à des personnages débiles. Les quatre jeunes qui se baladent dans la ville fantôme sont inconscients et ne voient pas le danger. Ils se font des blagues sans aucun intérêt et les moments de peur sont absents. Mais le pire dans tout ça reste le père qui hurle au ralenti pour lancer des couteaux et des haches. L’acteur est en roue libre et chacune de ses apparitions et un régal. Tout comme l’ancien biker qui, pour prendre trente ans, a juste les cheveux teints en blanc, et qui gesticule deux secondes pour se faire lamentablement buter. Un comble quand on sait que le film le montre plusieurs fois en train d’aiguiser ses armes, comme s’il allait devenir un sauveur prophétique. Et on ne parle pas des fantômes, dont seul le zoom avant permet de donner un côté cringe à souhait.

Au final, Hellgate est un nanar devant lequel on prend du plaisir. Mal monté, mal foutu, doté d’une histoire rocambolesque sans intérêt, porté par des acteurs qui ne savent pas jouer, on est clairement dans le haut du panier du grand n’importe quoi. Si on peut regretter quelques passages comiques loupés où le film a conscience d’être daubé, pour le reste, le train fantôme low cost fait son job et divertit autant qu’il fait rire. Hellgate fait partie de ces nanars que l’on pourra ressortir volontiers lors d’une soirée entre potes, autour de pizzas et de bières chaudes.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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