janvier 17, 2025

Orgueil & Préjugés et Zombies

Auteurs : Tony Lee et Cliff Richards

Editeur : Casterman

Genre : Horreur, Romance

Résumé :

Les sœurs Bennet cherchent chacune un bon parti en mariage, mais entre les attaques de zombies, les étiquettes et les guerres intestines de gentlemen, tout ceci n’est pas de tout repos…

Avis :

C’est en 1813 que fut publié pour la première fois Orgueil & Préjugés, le roman culte de Jane Austen. Adapté plusieurs fois en série dès les années 80, puis au cinéma en 2006 par Joe Wright, il faudra attendre 2009 pour qu’un certain Seth Grahame-Smith s’amuse à en faire une parodie en ajoutant des zombies dans l’histoire. Le succès est rendez-vous, et c’est l’année d’après que deux énergumènes du nom de Tony Lee (Outlaw – The Legend of Robin Hood) et Cliff Richards (Buffy the Vampire Slayer) se décident à mettre en images cette histoire via un comics déroutant. Enfin, pas vraiment déroutant, mais plutôt carrément mauvais.

Il faut dire que l’idée de base est assez saugrenue, pour ne pas dire débile. On sent bien que le roman veut surfer sur une résurgence de la figure du mort-vivant au début des années 2010 pour faire de la vente. L’histoire en elle-même ne change pas vraiment du roman de Jane Austen, puisque l’on retrouve quatre sœurs qui veulent trouver un bon parti, et les différents amoureux qui se présentent à elles se vouent quelques crasses pour se faire de l’ombre. Pourquoi mettre des zombies dans un tel contexte ? Qu’est-ce que cela apporterait vraiment ? La réponse est très simple : rien du tout. Dans les faits, les zombies ne sont qu’un décor fantastique au sein d’une intrigue romantique, et ils n’apportent rien de plus à l’histoire, sinon des origines incongrues aux filles Bennet.

Car oui, histoire de partir dans un délire très particulier, le père des quatre filles les a amenées en Chine, où elles ont appris les rudiments des arts martiaux, et savent dessouder du mort-vivant sans trembler. Si on pourrait croire à un background rigolo, cela n’apporte rien à l’intrigue principale, qui se contente de palabrer autour des différents amoureux qui se présentent, et notamment Mr Darcy ou Mr Wickham, qui se vouent une haine farouche, camouflée par les étiquettes de la bourgeoisie. Ainsi donc, planter des zombies et des filles qui savent se battre ne sert strictement à rien dans l’histoire globale, sinon un contexte étrange et mercantile. Car oui, les amateurs de morts-vivants, d’horreur ou de curiosité se sont forcément jetés sur le bousin.

Non content de tisser une intrigue qui ne joue même pas la carte de la menace zombie, on se retrouve face à un comics bavard, long et d’un inintérêt grandissant. C’est bien simple, on s’ennuie du début à la fin, à un tel point que l’histoire devient un calvaire à finir. On a toujours des atermoiements amoureux, des jeux de séduction qui ne prennent pas, ou encore des sœurs qui se font des lettres pour dire qu’elles sont amoureuses ou non. C’est cliché au possible, et c’est surtout raconté avec les pieds. Dans le comics, il n’y a même pas de présentation, on commence directement dans le vif du sujet. De ce fait, on ne sait pas combien il y a de sœurs, ni qui elles sont et ce qui les différencie. Dès lors, difficile de ressentir de l’empathie pour qui que ce soit.

Pire, sur la fin du récit, on se rend compte qu’il y a une petite sœur dont on n’a pas vu la couleur, qui surgit du récit pour dire un truc, puis qui re-disparait par la suite. On sent vraiment un manque d’implication de la part du scénariste qui n’en a absolument rien à foutre. Alors on a bien quelques moments un peu gores dans les attaques de zombies, on a une nana qui vient semer le trouble car elle veut marier sa fille à l’un des prétendants des sœurs, mais tout cela reste surfait et sans aucun intérêt. C’est plus un délire pour mettre en scène un combat qu’autre chose. Visiblement, les deux auteurs savent que leur histoire traine des pieds, et de temps à autre, on tombe sur des combats qui essayent, vainement, de dynamiser la narration.

On peut aussi regretter une absence de travail autour de l’environnement. Si on peut garder les origines des zombies secrète, il est toujours bon de peaufiner son univers pour apporter un peu d’originalité. Ici, on a bien des allusions à des chasseurs de primes qui s’amusent à contaminer des vivants pour les amener ensuite à des abattoirs et toucher de l’argent, mais c’est le temps d’une planche, et ce n’est jamais remis sur le tapis. C’est dommage, il y avait peut-être un truc à prendre de ce côté-là, comme, pourquoi pas, ne pas mettre un prétendant comme chasseur de primes vicelard ? Bref, les deux auteurs passent à côté de tout ce qui aurait pu être intéressant.

Heureusement, pour relever un peu le niveau, les dessins ne sont pas si mal que ça, on peut même dire que c’est assez joli. Certes, on reste dans un aspect comics très prononcé, et on peut regretter le choix du noir et blanc qui ne permet pas de bien distinguer les sœurs, mais globalement, c’est bien dessiné. Cependant, encore une fois, on sent la fainéantise derrière le projet avec des décors peu travaillés, sur lesquels Cliff Richards appose son crayon, donnant alors une sensation de collage pas vraiment naturel. On est dans l’exemple même de la facilité, alors que l’on aurait pu avoir des choses bien plus impressionnantes.

Au final, Orgueil & Préjugés et Zombies est une purge. On aurait pu croire à un truc bis rigolo et grandement débile, mais en fait, il n’en sera rien. On retrouve les enjeux romantiques et amoureux du roman de Jane Austen, avec des zombies en arrière-plan qui n’amène absolument rien. Bavard, difficilement compréhensible avec des personnages qui ne sont pas présentés et qui semblent interchangeables, seuls les graphismes peuvent prétendre à faire sortir ce comics de l’eau, mais c’est bien peu de chose face à un ouvrage opportuniste et sans le moindre intérêt…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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