
Avis :
Malgré ce que l’on peut croire sur l’univers musical français, on a du métal, et même de très bons groupes de métal, en dehors du plus connu du moment, Gojira. Le seul problème, c’est qu’ils ne sont jamais mis en avant, et de ce fait, la production demeure discrète et ne semble accessible qu’aux métalleux qui vont quelques recherches sur internet pour trouver des nouveautés. Fondé en 2013, Sound of Memories est un groupe parisien qui officie dans un genre très compliqué chez nous, le Death mélodique. Empruntant à la scène suédoise comme In Flames ou Dark Tranquillity, les français sortent un EP en 2013, puis un premier album en autodidacte en 2015, avant de signer sur DMG Productions pour un second album, The Sand Within, en 2020. Et depuis, c’est un peu le silence radio, mais on comprend pourquoi.
Cela n’a strictement rien à voir avec cet album, qui est une très bonne surprise et démontre, si besoin l’en est encore, que la France possède un vrai vivier de talents dans n’importe quel sous-genre du métal. En fait, DMG Productions a mis la clé sous la porte, alors même que le groupe sort son album, ce qui fait qu’aujourd’hui, les parisiens se retrouvent sans label, et c’est toujours la galère ce genre de situation, surtout dans un pays frileux pour produire des groupes de métal. Mais bon, les choses étant ce qu’elles sont, il est plus intéressant de parler du groupe et de son dernier album, que de pleurer sur son sort qui, on l’espère sera plus radieux par la suite. Car Sound of Memories mérite réellement toute notre attention avec cet effort qui est non seulement réussi, mais fait aussi étalage d’un bon savoir-faire.
Le skeud débute donc avec une introduction, The Sand Within, qui n’annonce pas vraiment la couleur, car on reste sur des riffs assez hauts, et la lourdeur n’est pas encore de mise. Pour cela, il faudra attendre Life Ascending, le premier titre, qui débute sur les chapeaux de roues et envoie du lourd, que ce soit sur les riffs lourds, la double-pédale, la rythmique infernale ou le chant growlé. Les français balancent un gros uppercut qui fait mouche, ne nous lâchant pas un seul instant pour un morceau d’une grande efficacité, et d’une technicité sans faille. Et la production est aux petits oignons, ce qui surprend dans le bon sens du terme. Par la suite, les morceaux vont s’enchaîner avec une certaine allégresse, changeant les rythmes, mais gardant toujours cette virulence pour mieux nous percuter et nous faire mal à la nuque. State of Grace en est un parfait exemple.

Avec Soul Asylum, le groupe embrasse à bras le corps le Death mélodique classique, mais il le fait avec un vrai amour du genre. Si c’est imparfait avec les quelques breaks dégueulasses de la basse, on reste sur un titre construit, puissant, et qui montre un chanteur en pleine possession de ses moyens. C’est percutant, vif, et encore une fois, au niveau de la production, c’est très solide. The Mirror Behind est lui aussi un morceau très efficace dans sa construction, et s’il manque peut-être d’épaisseur sur les riffs des couplets, il reste d’une maîtrise totale dans sa composition. Tout comme Fate and Doom qui ne fait pas dans la dentelle, et peut même prêter à sourire lorsque le chanteur force son growl en partant sur du grave pas forcément bien géré. Mais c’est généreux et rentre parfaitement dans le crédo voulu par le groupe.
Black Virgin enlèvera tous les doutes que l’on pourrait avoir sur la formation. Le titre est très réussi, abordant un rythme moins véloce, mais il joue beaucoup plus sur les textures et les ruptures de rythmes, faisant alors de ce morceau l’un des meilleurs de l’album. Puis This Shivering Whisper va aller vers quelque chose de plus long, de plus complexe, tout en gardant son aspect Death en ligne de mire. Bref, cette seconde partie de l’album est vraiment d’excellente facture. Quant à Inside the Eye of the Storm, on notera des éléments plus légers, qui sortent un peu du carcan Death, et le changement est assez réjouissant. Altered revient à quelque de plus lourd au niveau des riffs, nous donnant vite envie de partir en headbang. Enfin, The Last Architect clôture parfaitement cet album avec la participation de Max Cuillerat, chanteur de Black Neon District.
Au final, The Sand Within, le second et dernier album en date de Sound of Memories, est une excellente surprise, prouvant que le Death Métal mélodique a bien sa place en France, mais que pour tomber dessus, il faut gratter un petit peu les pages internet. Dense, bourré de références et techniquement irréprochable, cet album fait amplement le job, et le groupe mériterait d’être plus mis en avant, tant il est bourré de qualités. Bref, écoutez Sound of Memories, c’est vraiment bien.
- The Sand Within
- Life Ascending
- State of Grace
- Soul Asylum
- The Mirror Behind
- Fate and Doom
- Black Virgin
- This Shivering Whisper
- Inside the Eye of the Storm
- Altered
- The Last Architect feat Max Cuillerat
Note : 15/20
Par AqME