avril 28, 2024

Komatryp – Calloused

Avis :

Quand on évolue dans un secteur musical de niche comme le métal, il faut s’attendre à ce que ce soit la galère pour percer, ou pour en vivre. Parfois, les planètes ne sont pas alignées et malgré de nombreux efforts, on se retrouve avec des groupes qui sortent un album de façon indépendante, et qui ne sortent pas de l’anonymat. Et ce n’est pas faute d’avoir un quelconque talent. Si le public ne suit pas, s’il n’y pas de producteurs ou d’enregistrements corrects, c’est la mort assurée. Et c’est peut-être ce qu’il s’est passé pour Komatryp, groupe de Groove/Sludge Métal américain fondé au début des années 2000. Si le passé du groupe est assez obscur, la seule chose dont nous sommes sûrs, c’est qu’ils ont sorti un seul et unique album, Calloused, en 2017, et un an plus tard, le groupe a splitté.

Effort studio sorti de façon totalement indépendante, il est assez étonnant de se dire qu’avant cela, pendant près de seize ans, la formation américaine n’a jamais rien sorti, pas même un EP, des démos ou des singles. Bref, tout ce qui tourne autour de Komatryp est assez opaque, et pourtant, Calloused est loin d’être un mauvais album. Certes, la production est absente, on a quelques titres bien trop longs pour ce qu’ils racontent (aussi bien dans les paroles que dans la musique), mais d’un point de vue global, ça tient bien la route, et on sera surtout surpris par la qualité vocale de Mike Lorentz, qui va chercher au fond de sa gorge une tessiture puissante et graveleuse, mais qui arrive à se faire chantante quand il le faut. Bref, petit retour sur un groupe qui aurait pu être un gros morceau.

Le skeud débute avec Blood Splattered Walls, et autant qu’avec un tel intitulé, on se doute bien que ça ne va pas être de la poésie. Et le démarrage est assez laborieux. Si les riffs sont très lourds et agressifs, on va vite ressentir le manque de production. La voix prend trop le dessus sur les instruments, et il y a un gros manque de liant entre les notes. Le groupe trouve une mélodie, s’y accroche, et il va l’utiliser jusqu’à la lie, ne trouvant pas de juste équilibre autour de ce titre qui dure trop longtemps. Cependant, on entrevoit aussi les contours d’un genre bien granuleux, qui évoque autant Crowbar que Pantera, toutes proportions gardées. Et ce n’est pas Cowards in Numbers et ses accents sudistes qui viendra nous dire le contraire. Là encore, le titre est bien trop long pour ce qu’il raconte, mais il se fait efficace.

Le chant est toujours autant maîtrisé, et musicalement, même si c’est très lourdingue, c’est plutôt réussi et plaisant. Eternal Sleep viendra un petit peu conjurer tout ça. Plus court, plus concis, restant dans un registre bien gras (le début ressemble à l’un des premiers morceaux de Slipknot), on regrettera juste que lorsque le chanteur commence à pousser la chansonnette, on entend bien le manque de production. Mais le titre est plus intéressant que les deux premiers morceaux, car il est plus percutant, et ne perd pas de temps dans la répétition du riff. From Nothing sera du même acabit, mais il aura aussi comme atout le fait de varier les rythmiques et donc d’être un morceau plus intéressant que la moyenne. Quant à I.D.G.A.F. (traduire I Don’t Give A Fuck), c’est un gros délire binaire avec des paroles d’une débilité qui force à sourire.

Par la suite, le groupe va offrir de gros morceaux bien solides, mais qui n’ont pas vraiment d’identité propre. Si les titres sont plaisants et plutôt bien fichus, ils ne sortent pas vraiment du tout-venant. Que ce soit Knuckle Driven ou Parasitic Invasion, on reste dans un Sludge assez classique, et qui ne propose rien de nouveau. C’est peut-être aussi un peu pour cela que le groupe n’a jamais réellement percé, la faute à un style qui copie ses aînés, mais ne trouve pas vraiment le truc en plus. Rise Above peut avoir des atours de Hardcore, mais ça reste très stéréotypé. Puis Vent ne réinvente pas la sauce non plus. Reste alors Word of Advice qui clôture l’album, et renoue avec un titre à rallonge qui manque cruellement de nuances. Alors oui, on n’est pas venu pour ça, mais tout de même…

Au final, Calloused, le seul et unique album de Komatryp, n’est pas inintéressant. On est dans un Groovve/Sludge qui s’inspire des grands noms du genre, mais qui n’en a pas l’envergure. Le manque de production se fait sentir, et si certains titres sont vraiment plaisants, on reste sur quelque chose d’assez impersonnel, avec des titres qui manquent d’identité. Mais malgré cela, on sent que Komatryp en avait sous la pédale, et aurait pu devenir un excellent groupe, si seulement il avait réussi à percer un peu plus…

  • Blood Splattered Walls
  • Cowards in Numbers
  • Eternal Sleep
  • From Nothing
  • I.D.G.A.F.
  • Knuckle Driven
  • Parasitic Invasion
  • Rise Above
  • Vent
  • Word of Advice

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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