avril 28, 2024

Dragonforce – Warp Speed Warriors

Avis :

Fondé en 1999 sous le nom de Dragonheart avant de changer pour Dragonforce deux ans plus tard car un groupe brésilien porté déjà ce nom, Dragonforce (donc) s’est rapidement fait un nom dans le monde du Métal grâce à sa vitesse d’exécution et sa technique hallucinante. Se qualifiant d’Extrême Power Metal, les anglais ont toujours su tirer leur épingle du jeu via des albums denses, longs, et ayant des concepts assez intéressants. On peut évoquer par exemple Sonic Firestorm dont la rythmique frôle à chaque fois les 220 BPM. Ayant un line-up un peu changeant (sauf pour les deux guitaristes Herman Li et Sam Totman), nous n’avions plus de nouvelles du groupe depuis 2019 et Extreme Power Metal. Habitué à faire des albums tous les deux ans, on attendait le groupe au tournant, espérant un peu de renouveau ou un nouveau concept.

Mais malheureusement, on va très vite se rendre compte que le groupe se repose un peu trop sur ses lauriers, et ne va en rien innover dans quoi en que ce soit. Pire, en abordant les années 80 et les jeux vidéo, le groupe s’enlise dans un sujet suranné qui essaye vainement de surfer un vague revival d’une époque révolue. Et le premier morceau ne fait pas longtemps illusion. Astro Warrior Anthem, avec son clavier dégueulasse en introduction, qui ne colle pas du tout avec la voix du chanteur, va alors puiser dans tout ce que sait faire le groupe, sans jamais y apporter un élan un peu neuf. On retrouve les riffs habituels des deux guitaristes qui continuent de se répondre de façon inlassable, et la rythmique ultra rapide devient une marque de fabrique qui efface toute surprise. Certes, on sait que c’est du Dragonforce, mais tout de même.

Puis Power of the Triforce ne va faire que confirmer nos craintes, on est dans un genre régressif, qui évoque en plus Zelda. Il serait peut-être temps de grandir un peu… Musicalement, c’est sympathique, mais ça reste très calibré, et finalement, tout Dragonforce que ce soit, on reste en retrait de ce que l’on écoute. Le groupe aurait pu mettre un peu d’éléments folkloriques, des breaks plus risqués, mais rien n’y fait, on est sur du copié/collé de ce que fait le groupe depuis des années maintenant. Kingdom of Steel apporte un peu de légèreté à l’ensemble. Pour le coup, le titre est assez lent et déconstruit ce qui a été fait avant. Le problème provient de la voix trop aigue du chanteur, mais aussi d’un côté « Disney » qui s’échappe du titre. Si prise de risque il y a, on sent que le groupe n’est pas à l’aise.

Burning Heart va renouer avec les délires ultra rapides de la formation anglaise. Ici, ça tabasse fort, ça sent la sueur et les doigts en sang, mais malheureusement, ça reste aussi assez impersonnel. Si le groupe y trouve son identité propre, il n’en demeure pas moins qu’il lui manque un supplément d’âme pour rendre le morceau plus fort. Voire même globalement tout l’album. Par exemple, c’est la première apparition de leur nouvelle bassiste, Alicia Vigil, qui chante dans son autre groupe (Vigil of War), et là, elle n’a aucune place vocale, ce qui est très dommage. Puis par la suite, on va avoir droit à deux titres étranges et qui lorgnent presque vers de l’Eurodance. Space Marine Corps est insupportable dans sa démarche bon enfant alors que Doomsday Party se veut dansant, avec ses ajouts un peu électro. Mais tout cela ne marche qu’à moitié.

En fait, le problème avec ces titres, c’est qu’ils puent l’opportunisme en surfant sur les années 80, qui ont encore et toujours le vent en poupe de nos jours. Et il est difficile d’y accorder du crédit. Et le groupe ne s’est pas trompé en invitant Elize Ryd d’Amaranthe pour la version deluxe de ce titre, puisque ça rentre parfaitement dans ce mélange électro-métal un peu rance. Reste alors The Killer Queen, un titre purement heavy et très puissant, qui renoue avec un aspect sombre que le groupe a perdu. Puis Pixel Prison fait le taf, mais reste un morceau que l’on oubliera assez vite. Et les featurings dans la version deluxe ne changeront pas vraiment la donne, malgré des noms prestigieux comme Matthew Heafy (Trivium), Nita Strauss ou encore Alissa White-Gluz (Arch Enemy). Ils sont assez sous employés et c’est dommage.

Au final, Warp Speed Warriors, le dernier album en date de Dragonforce, manque cruellement d’éléments nouveaux pour pleinement nous convaincre. On ne peut pas dire que l’album soit mauvais, mais attendre plus de cinq ans pour pondre un effort autour des jeux vidéo et avec les mêmes sensations que les opus précédents, c’est un peu la douche froide, et on sent que le groupe commence à tourner en rond. Et c’est dommage, car quand on voit la technique irréprochable des musiciens, on ne peut qu’espérer une prise de risque plus prégnante, et un album plus abouti.

  • Astro Warrior Anthem
  • Power of the Triforce
  • Kingdom of Steel
  • Burning Heart
  • Space Marine Corps
  • Doomsday Party
  • Prelude to Darkness
  • The Killer Queen
  • Pixel Prison
  • Wildest Dreams (Dragonforce’s Version) (Taylor Swift Cover)

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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