avril 28, 2024
BD

West Fantasy

Auteurs : Jean-Luc Istin et Bertrand Benoît

Editeur : Oxymore Editions

Genre : Western, Fantasy

Résumé :

Okaar Albericht, un nain chercheur d’or, sa mélancolie comme seule compagne, tombe sur un monolithe gigantesque, un artefact imprégné de magie au fond de sa mine. Lorsque sa main touche malencontreusement l’objet, il déclenche un événement à des milliers de lieues de là : l’homme en noir, nécromant maudit, sort de sa tombe, attiré comme un aimant par le totem et par les ténèbres qui rongent Okaar. Sur son passage, les morts se lèvent, formant une armée avide. Mais ce n’est pas tout ! Un chasseur de primes impitoyable, Kendal Jones, porté par une vengeance viscérale, en compagnie d’un gobelin croque-mort, se mettent en route vers cette fameuse mine d’or.

Avis :

Dans le monde du neuvième art, il devient de plus en plus compliqué de faire de la Fantasy qui soit un peu originale. Il faut dire qu’avec toutes les séries que l’on se bouffe depuis Lanfeust de Troy, il n’est pas évident de sortir de certains carcans qui fonctionnent et font vendre. Il suffit de jeter un œil aux sagas Elfes, Orcs & Gobelins,Nains et j’en passe, pour voir que les éditions Soleil ont bien compris le truc, et qu’il y aura toujours des fans du genre pour acheter, même si on se retrouve dans un univers cliché. Jean-Luc Istin participe à cela, puisqu’il est le scénariste d’une partie de ces tomes, mais il essaye aussi de se sortir des sentiers battus, notamment en proposant récemment West Fantasy. Mélange de western et de fantasy, la série est pensée différemment du reste, et essaye de sortir du tout-venant.

A travers ce premier tome, on va rapidement s’apercevoir que l’ensemble de la série (ou de la première saison) est construit comme une série télé, avec des chapitres, très courts, et des personnages que l’on va retrouver à travers les différents tomes. Ou tout du moins un personnage sur trois, puisque chaque tome se compose d’un trio qui reprend l’un des personnages du tome précédent. Une façon de créer du liant dans un univers qui proposera alors cinq histoires différentes, avec des protagonistes qui le sont tout autant et, on l’espère, des antagonistes différents à chaque fois. Différents physiquement, bien entendu, mais aussi dans leurs enjeux et leurs archétypes. Parce que clairement, ce n’est pas l’originalité qui étouffe ce tome, même si on se retrouve dans un univers intéressant, qui s’amuse avec plusieurs codes pour tenter de filouter un peu le lecteur.

Ce premier tome suit donc trois personnages. Un gobelin qui est croque-mort, et qui est aussi la voix-off du récit. Il suit une jeune femme un peu violente pour gagner de l’argent, mais elle se fait rapidement tuer par un chasseur de primes, qui va alors vouloir venger le suicide de son frère, qui ne s’est pas remis du décès accidentel de sa petite-fille. Ce décès est la faute d’Okaar, un nain qui possède une veine de tous les diables, trouvant de l’or à tout va, mais n’arrivant pas à faire le deuil de cette petite fille. En creusant, il trouve un temple ainsi qu’un totem qui va ranimer un necromancer, avançant alors inexorablement sur le monde avec une armée de mort, pour faire sortir une entité démoniaque de ce-dit totem. Les trois personnages vont donc devoir s’allier pour lutter contre le monstre.

Le pitch est simple, et il pose des protagonistes qui ne sont tout autant. Le chasseur de primes est un type revanchard, grande gueule, mais qui est un véritable as de la gâchette. Le croque-mort est plus sombre, plus hargneux et semble connaître beaucoup de chose sur le lore de cet univers. Quant au nain, il reste typique des nains de la fantasy. Il n’y a pas grand-chose de plus et c’est un peu dommage, car il va être difficile de ressentir de l’empathie pour ces personnages, qui sont vite expédiés et ne possèdent pas vraiment de caractéristiques inoubliables. On reste dans une histoire classique, qui essaye de se sortir du lot avec son univers, à peine effleuré. Oui, on est dans un western qui reprend des éléments et peuples fantasy, mais c’est trop en surface. On sent qu’il y a de la matière, mais ça reste trop court.

West Fantasy sera certainement une série à noter sur l’intégralité de sa première saison. Chaque tome reprend l’un des personnages du tome précédent, puis il y a à chaque fois un nouveau totem, et d’autres peuples seront présents, notamment les elfes sous la forme d’indiens, ou encore des orcs. Tout cela semble bien pensé, assez malin, mais on sent que cette entrée en matière est très timide et surfe sur le succès de la série Fantasy Elfes et consorts. On a du mal à sortir d’un carcan prédéfini, un peu à l’image du dessin, sublime, mais qui semble un peu désincarné. C’est beau, mais ça reste dans une sorte de norme graphique qui peut empêcher l’auteur de pleinement s’exprimer, jusqu’au monstre final, hommage trop timide à un certain Lovecraft. Mais encore une fois, c’est plutôt bien écrit, et l’histoire reste bien soutenue, suffisamment pour nous maintenir en haleine.

Au final, ce premier tome de West Fantasy fait plein de promesses. Entre un univers original, un travail d’ensemble qui semble cohérent, de superbes dessins (malgré le côté générique) et une histoire simple mais efficace, on n’attend de pied ferme la suite qui, d’après le cahier graphique de fin, semble déjà sur de bons rails, avec un travail de recherches fourni et plein de références.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.