avril 25, 2024
BD

Ficanasse, Détective Privé

Auteurs : Fabrice Lehmann, Jack Domon et Véronique Grisseaux

Editeur : Michel Lafon

Genre : Humour

Résumé :

Ficanasse, détective privé, autodidacte et baroudeur a un but dans la vie : découvrir la vérité. Maitre Chouchouka, une avocate parisienne et Max, un ancien commissaire de police, lui confient des missions qu’il s’emploie de son mieux à réussir avec l’aide de son fidèle assistant Théo. De Saint-Tropez à Perros-Guirec, de Monaco au Touquet, Ficanasse se retrouve malgré lui dans des situations rocambolesques qui le rendent drôle et attachant.

Avis :

Dans le langage niçois, des ficanas sont des personnes curieuses et qui aiment colporter des ragots. De ce fait, quand on est un détective privé, il va presque de soi que l’on nous surnomme des ficanas. Fabrice Lehmann est un vrai détective privé. Un peu à la manière des pompiers, policiers et autres rugbymen, il a voulu participer à une bande-dessinée qui retracerait son métier à travers diverses anecdotes. Il n’en fallait pas plus pour qu’un éditeur se faufile dans la brèche, et c’est aidé de la scénariste Véronique Grisseaux que Ficanasse, Détective Privé voit le jour. Histoire de rester cohérent dans le format, c’est Jack Domon qui va s’occuper du dessin, et c’est à lui que l’on doit par exemple les Dicodrôles ou Les Marseillais. Bref, si on est un vrai amateur de neuvième art, ce n’est pas forcément par là que l’on va fourrer son nez.

Si cette dernière saillie peut paraître un peu élitiste, il faut dire aussi que beaucoup de bande-dessinées issues de chez Bamboo, à l’image des Profs ou des footeux, etc… ne sont pas d’une qualité folle. Certes, certaines planches peuvent prêter à sourire, mais on est loin des grandes fresques scénaristiques et on reste souvent sur de l’humour bas de plafond. Et si on pourrait croire que Ficanasse est l’histoire d’un détective privé pris dans une affaire rigolote sur 48 planches, on se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Car là, il s’agit bien d’une ribambelle de gags qui tiennent sur une à quatre planches. Des sketchs rapides qui présentent rapidement Ficanasse et ses acolytes, au détour de quelques affaires de mœurs qui ne trouveront quasiment jamais de résolution. Et c’est bien là tout le problème de ce premier tome (et certainement des volumes suivants) qui n’est absolument pas drôle.

D’ailleurs, la toute première planche surprend par sa fin, puisqu’on se demande s’il ne manque pas quelque chose. On termine sur une sorte de happening tout raté, où il faut y voir un peu de cynisme dans le métier de détective privé. Et ce ne sera pas le seul gag qui n’aura pas de chute. De nombreux moments seront inutiles et se termineront par une farce. Une farce qui revient parfois plusieurs fois, notamment lors Ficanasse se fait arrêter par la police lors d’une filature. On sent le manque de matériau au départ, et on va vite voir que les affaires sur lesquelles travaille Ficanasse sont redondantes. A chaque fois, c’est quasiment une histoire d’adultère et de tromperie, avec un détective qui doit prendre des photos comme preuve. Parfois, il y va avec son acolyte, et parfois, il fait le travail seul. Ce sont là les seules choses qui changent.

De plus, au niveau des personnages, on rentre dans des clichés presque désagréables. Ficanasse est un détective privé très sympa, jovial et gentil. Forcément, vu que le personnage est une projection du scénariste, lui-même détective, il n’allait pas se faire passer pour un salaud. A ses côtés, on retrouve une jeune de banlieue qui apprend le métier. Un peu branleur mais sans aucun mauvais fond, on sent bien qu’il n’est qu’un faire-valoir pour le héros. Les affaires de Ficanasse sont données par Maître Chouchouka, une avocate botoxée qui rentre dans tous les clichés de la cagole. Avec son petit chien, elle ne sert à rien et se repose uniquement sur les résultats de son détective. Enfin, on peut citer le commissaire à la retraite, un gros sac qui bouffe McDo tous les jours et qui ne redore pas le blason de la police.

Pas drôle et doté de personnages insipides, il faudra aussi compter sur les dessins de Jack Domon pour parfaire cet échec. Alors, on ne peut pas dire que les dessins soient désagréables, c’est une question de goût. Ici, on reste dans le registre de la gaudriole et du tout public, avec un non parti-pris graphique volontaire. Le problème, c’est que cette BD ressemble finalement à toutes celles proposées par l’éditeur Bamboo. Il suffit juste de changer le métier et on obtient un truc interchangeable sans saveur et sans particularité. C’est assez triste de voir ça, alors qu’il aurait été plus malin de proposer une histoire complète, en y injectant quelques touches d’humour et un peu plus de recherches dans les décors et les couleurs. On est vraiment dans une BD tout public qui manque de personnalité et d’envie de secouer le lecteur.

Pire, on se pose la question du public visé. Car si on peu offrir une BD sur les rugbymen à un amateur de ballon ovale, si on peut offrir une BD sur les marseillais à un fan de l’OM, qui va acheter cette BD ? Y a-t-il autant de détectives privés en France ? Qui plus est amateur du neuvième art ? Cette sortie est très étrange, tout du moins dans son format, sous la forme de blagues en quelques planches, sans un liant entre elles.

Au final, Ficanasse, Détective Privé est une amère déception, voire une désillusion complète. Si l’on pensait faire face à une histoire de 48 planches en suivant les aventures d’un détective privé drôle et affable, on se retrouve face à un produit marketé désagréable, qui essaye de surfer sur les succès des BD fourre-tout que l’on offre à quelqu’un à qui l’on ne sait qu’offrir. Pas drôle, avec un dessin lambda sans identité, on ne peut pas dire que Michel Lafon a eu le nez fin sur cette sortie, qui risque fort de faire un flop…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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