avril 26, 2024

Lumberjacks – Alone?

Avis :

C’est quand même assez dingue de se dire que depuis plus de trente ans, on entend à tout bout de champ que le métal français est en dessous de tout et qu’il n’y a que très peu de groupes. Ce n’est pas parce qu’il faut faire l’effort de chercher dans les affres de l’internet qu’il n’existe pas, ou peu, de métal/rock français. Si on s’échine un peu à dépasser le stade des labels frileux, on peut trouver quelques pépites. Comme par exemple Lumberjacks, à ne par confondre avec un autre groupe qui a un nom presque similaire. Originaire du 78, les quatre membres de Lumberjacks proposent un Stoner puissant et lourd, qui ne rechigne pas à chercher des inspirations ailleurs, comme dans le Heavy par exemple. Après un EP qui fut chaudement accueilli, c’est en 2018 qu’est sorti le premier effort du groupe, Alone ?.

Dès lors, difficile de juger de ce qui nous attend dans cette galette. La typographie du groupe pourrait faire penser à du Black, alors que la jaquette évoque plus un délire Métal Alternatif. Si on l’ajoute à cela un sujet sur les extraterrestres, on pourrait totalement se retrouver dans un Heavy à tendance Black/Death qui frappe fort. Et pourtant, c’est dans le Stoner que les français ont décidé d’investir leur corps et leur âme. Dès le départ, on va être cueilli par une introduction apocalyptique, avec diverses informations racontant l’arrivée d’aliens dans notre atmosphère. Après ce démarrage, les riffs déboulent et on va en prendre plein la trogne. Lourd et puissant, le groupe dévoile toutes ses billes d’un coup avec Birds and Satellite. Synthétique de tout ce qui fait le charme de la formation, on reste baba devant tant de maîtrise.

Entre riffs sauvages dans les couplets, ligne de basse bien lourdingue, il faudra compter sur un refrain éthéré qui nous prend aux tripes. Mystery Light ira encore plus loin dans le délire Stoner, avec une rythmique plus pêchue et un son plus brut, mais qui trouvera son calme sur les couplets. Le groupe profite du chant maîtrisé pour s’essayer à diverses expériences, dont quelques petits solos pas piqués des vers. Fervent Believer va proposer un peu la même sauce, tout en laissant plus de place à une batterie totalement folle. Le batteur s’en donne à cœur joie lors du break et c’est tout simplement jouissif. Même le solo de guitare donne envie de fumer du peyotl dans le désert mexicain. Quant à The Abduction, c’est bien simple, c’est là où l’on perçoit les riffs de grattes les plus lourds et les plus puissants.

Il est tout simplement impossible de ne pas se briser la nuque sur ces riffs. Le groupe va continuer à nous agripper par le col avec d’énormes mains avec les titres suivants. The Girl With Four Boobs in the Crowd détient un rythme syncopé qui donne une aura toute particulière au morceau. This Tiny Engine débutera avec une introduction qui ne sera pas sans rappeler Iron Maiden, avant de renouer avec un Stoner bien nerveux et puissant. Quant à My Sleeping Beast, on est plus dans un délire étrange et qui laisse plus circonspect. Le chant est plus haché et on sent bien que l’ambiance ténébreuse est assez mal exploitée. Ce n’est pas un ratage pour autant, mais les vibratos sur les cordes ne fonctionnent pas vraiment et le côté désaccordé laisse un peu sur le carreau. Le groupe se rattrape tout de même avec un refrain très efficace.

Avec A Last Chance to Change, on sent que Lumberjacks a des influences très américaines. On ressent toute la poussière aride du Texas et tout cela donne une furieuse envie de bouger la tête dans tous les sens. C’est à la fois nerveux et maîtrisé, offrant vraiment un moment à part et très référencé. Mais ces références sont parfaitement digérées pour donner une identité propre au groupe. Enfin, Last Message viendra clôturer l’album de la plus belle des manières, avec un Stoner classique, mais qui démontre tout le talent du groupe, et toute sa maîtrise technique. Il résidera même une pointe d’émotion lors des premiers riffs. Bref, un sacré plaisir.

Au final, Alone ?, le premier album de Lumberjacks, est une très belle réussite. S’affiliant rapidement et sans ambages à un Stoner très américain, les français prouvent avec cet album qu’ils ont non seulement bien digéré leurs influences, mais qu’ils sont aussi capables de trouver une identité propre avec un sujet fort et tenu jusqu’au bout. Bref, il s’agit-là d’une preuve de plus que le Métal/Rock français est en pleine forme et Lumberjacks fait assurément partie des plus belles découvertes de ces dernières années.

  • Birds and Satellite
  • Mystery Light
  • Fervent Believer
  • The Abduction
  • The Girl With Four Boobs in the Crowd
  • This Tiny Engine
  • My Sleeping Beast
  • A Last Chance to Change
  • Last Message

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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