octobre 15, 2025

Les Reines du Drame – Hommage aux Années Ringardes

De : Alexis Langlois

Avec Louiza Aura, Gio Ventura, Bilal Hassani, Nana Benamer

Année : 2024

Pays : Belgique, France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

2055. Steevyshady, youtubeur hyper botoxé raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l’icône punk Billie Kohler. Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs.

Avis :

Au rayon des nouveaux visages du cinéma français, voici qu’arrive Alexis Langlois, jeune réalisateur d’une trentaine d’années qui s’est fait remarquer avec ses courts-métrages décalés. Alexis Langlois commence à mettre en scène au début des années 2010, après des études à Paris 08. Entre 2012 et 2021, il va réaliser pas moins de sept courts, et certains d’entre eux, en plus de faire le tour du monde des festivals, raflent de prestigieux prix. Après ce joli début de carrière, c’est en Belgique qu’il a posé sa caméra pour mettre en scène « Les Reines du drame« , son premier long, qu’il a tourné en vingt-cinq jours.

« Les Reines du drame » est une comédie futuriste, absurde, colorée, musicale, tordante, amoureuse, politique, ultra référencée et derrière ça, c’est un film bien plus critique qu’il n’en a l’air. Jouissif d’un bout à l’autre, plein d’idées et d’ingéniosité, ce premier film d’Alexis Langlois se pose comme un film jouissif qui offre un pied monstre. Franchement, il est difficile de ne pas tomber en amour face à ces acteurs qui s’éclatent dans des rôles totalement improbables, avec cette histoire qui s’écoule sur une cinquantaine d’années. Bref, j’ai envie de dire que des « … Reines du drame« , on en veut encore et encore !

« Alexis Langlois s’est amusé à écrire des personnages très hauts en couleurs »

2055, Steevyshady est un youtubeur qui a fait sa renommée en se moquant des autres, mais aujourd’hui, il a décidé de faire une vidéo qui ne ressemble pas à ce qu’il fait habituellement. Non, aujourd’hui, Steevyshady a décidé de parler de son amour de jeunesse. Un amour qu’il a donné à la chanteuse Mimi Madamour, une jeune femme qui en 2005 gagne l’émission de télé crochée Starlette en herbe. Si la jeune chanteuse explose et devient l’idole des jeunes, ce que le monde ne sait pas à l’époque, c’est qu’elle est lesbienne et qu’elle vit une histoire d’amour avec Billie Kohler, une chanteuse punk et trash. Steevyshady se souvient de cette histoire qui a bousculé et bouleversé sa vie.

Une pépite, « Les Reines du drame » est une pépite que je n’ai pas vu venir et qui, comme je le disais plus haut, m’a fait prendre un pied d’enfer. « Les Reines du drame« , c’est un film qui se pose comme un hommage, et une déclaration d’amour, à une époque révolue, les années 2000. Puis derrière ça, avec la trajectoire de ces deux chanteuses qui vont devenir des stars, Alexis Langlois en profite pour mettre en scène un film ultra riche qui ne s’arrêtera jamais, offrant toujours un sujet, un clin d’œil ou une folie au sein de cette histoire. »Les Reines du drame« , c’est donc une comédie qui sait se faire tordante, et qui n’oublie jamais de divertir son public.

Alexis Langlois s’est amusé à écrire des personnages très hauts en couleurs, et avec eux, il a développé un bel univers. Un univers visuel qui ne cesse de rendre des hommages à droite et à gauche, mais aussi un univers musical, puisque « Les Reines du drame » est une comédie qui se fait musicale, et pour l’occasion, l’auteur a écrit pas mal de chansons kitschouilles, ultra commerciales et qui ressemblent à du Lorie pour notre plus grand plaisir. Franchement, il y a même certains titres qui resteront en tête, et qu’on aurait même tendance à fredonner avec le sourire, alors même que ce n’est pas le genre de musique vers laquelle on se serait tourné.

«  »Les Reines du drame » est un film qui est plus sombre et politique qu’il ne le laisse penser. »

Avec ça, comme je le disais, « Les Reines du drame » est un film qui est plus sombre et politique qu’il ne le laisse penser. Avec cette histoire, Alexis Langlois nous entraîne dans une histoire ultra riche. Une histoire qui passe par beaucoup de sujets, comme l’image, et le fait de reste enfermé dans un placard, avec cette jeune starlette qui commence une belle carrière et dont on ne peut l’abîmer avec une histoire d’amour lesbienne. L’idole des jeunes ne peut être lesbienne. Avec ça, le film s’amuse et se moque gentiment de l’industrie de la télévision, avec ces émissions qui cherchent le buzz, avec l’importance que se donnent ces gens, ou encore avec toute son hypocrisie, star un jour, oublié le lendemain.

Bien sûr, il y a aussi le fan service, avec cette façon dont le public envahit la vie des artistes, comme si ces derniers n’étaient plus des êtres humains qui auraient des émotions. On notera aussi une critique de la communauté LGBT, qui tout en demandant plus d’ouverture, se moque d’une star dans la tourmente. Puis le cinéaste pointera du doigt l’arrivée des réseaux sociaux et des « instragrameurs » avec ces influenceurs qui ne cherchent que des vues et qui sont prêts à tout.

Alexis Langlois mixe tout cela avec une imagerie qui ne cesse d’évoluer au fil des époques, et parfois même, dans son récit, il reproduit des scènes qui ont marqué les esprits pour mieux appuyer son propos sur le star système et là, il est impossible de ne pas penser au cas Britney Spears. Puis enfin, au bout du compte, le film se conclura comme une immense lettre d’amour à tous ces chanteurs et ces chanteuses qui sont considérés comme des has been, mais qui ont quelque chose de touchant finalement.

« c’est aussi un casting incroyable et impeccable. »

« Les Reines du drame« , c’est aussi un casting incroyable et impeccable. Un casting délirant qui ne cesse de surprendre, face à une histoire qui demande beaucoup. Passionnant et passionné, le trio formé par Louiza Aura, Gio Ventura et Bilal Hassani est incroyable, respectivement dans la peau d’une pop star pour la première, une punk grunge à la voix métalleuse pour la deuxième et un fan, futur youtubeur hyper botoxé pour le troisième. Mais parler que d’eux, ce serait oublier aussi tous les petits rôles en arrière qui sont eux aussi terribles, comme celles qui jouent les présentatrices, l’autre membre du groupe Fente, Asia Argento qui est méconnaissable en chanteuse has been.

Bref, on ne l’avait pas vu arriver, et il est très mal distribué, ce qui est fort dommage, car ce premier long d’Alexis Langlois est une pépite qui déborde de tous les côtés, et les deux heures folles passées en compagnie de ses personnages, et cette histoire d’amour, car le film est une histoire d’amour, sont passés bien trop vite. Drôle, fun, décalé, et en même temps sérieux et politique, cette recette, c’est du caviar, et elle se déguste encore et encore !

Note : 17/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Les Reines du Drame – Hommage aux Années Ringardes »

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