
Titre Original : Gonjiam
De : Jung Bum-Sik
Avec Wi Ha-Joon, Park Ji-Hyun, Oh Ah-Yeon, Moon Ye-Won
Année : 2018
Pays : Corée du Sud
Genre : Horreur
Résumé :
Une équipe de tournage d’une série web d’horreur se rend dans un asile abandonné pour une émission en direct. Ils vont rencontrer bien plus de phénomènes paranormaux que prévu à mesure qu’ils se déplacent plus profondément dans le vieux bâtiment cauchemardesque.
Avis :
Le found footage est un genre qui joue sur la capacité d’immersion de son public. Pour cela, il use de moyens rudimentaires, presque amateurs. Contrairement à d’autres styles cinématographiques, ce choix n’est pas la résultante d’un budget restreint, mais un élément censé contribuer à l’authenticité de la bobine. La démarche est essentielle pour attester d’un contexte sous-jacent où le film en question a fait l’objet d’une découverte plus ou moins opportune. Le found footage est également l’occasion d’explorer des lieux isolés ; qu’ils soient oubliés ou connus pour leurs légendes urbaines. Avec Gonjiam : Haunted Asylum, le réalisateur exploite un endroit qui existe bel et bien.

À l’image de Chroniques de Tchernobyl, le postulat initial demeure intéressant, car il interpelle les amateurs d’urbex et d’histoires paranormales. En l’occurrence, l’hôpital psychiatrique de Gonjiam se distingue par son caractère glauque. Sans pour autant sombrer dans le surnaturel, il en émane une sensation oppressante dont le passé du bâtiment n’y est guère étranger. Le cadre recèle donc un potentiel évident qui n’est pas sans rappeler les coursives torturées de l’asile de Collingwood de Grave Encounters et de sa suite. Pour autant, le présent métrage n’a pu bénéficier d’un tournage sur le véritable lieu de l’action, du moins pour la plupart des scènes.
« L’hôpital psychiatrique de Gonjiam se distingue par son caractère glauque. »
Certes, la reproduction fait illusion si l’on se montre peu regardant sur les déplacements des intervenants et l’agencement des lieux par rapport aux précédentes pièces visitées. Il n’en demeure pas moins que l’on ressent des contraintes spatiales avec un manque de fluidité dans l’inspection de l’hôpital. À de nombreux moments, on a l’impression que l’action se situe sur un seul plan, alors que l’hôpital regorge d’étages et de pièces en sous-sol. Même l’entrée se révèle peu soignée pour mettre en condition. Il faut se contenter de quelques évocations, au fil de dialogues qui tournent davantage en rond que les protagonistes eux-mêmes.
On distingue également des problèmes notables dans la gestion du film. Si une présentation demeure toujours nécessaire, celle-ci tranche avec la tonalité que l’on souhaite insuffler. Autrement dit, la légèreté et la bonhomie ambiantes amorcent un contraste des registres qui persiste dans les couloirs de l’hôpital désaffecté. Ça rigole. Ça se fait sursauter. Ça multiplie les selfies, mais il n’y a pas de rigueur ou d’intérêt pour les lieux, autres que pour l’audimat. Jusqu’à un stade avancé de l’intrigue, l’excursion est davantage propice aux blagues d’une fin de soirée arrosée qu’à une véritable investigation paranormale. Ce qui est pourtant le point de mire des vidéastes.
« On s’éloigne des fondamentaux du genre pour simplifier le travail de montage. »
Un autre élément handicapant relève des moyens déployés par l’équipe de tournage du show. En général, on se contente d’un matériel minimaliste pour justifier, caméra à l’épaule, l’aspect cahoteux ou la qualité médiocre des images. Ici, on assiste à l’antithèse de ce constat familier. Chaque membre dispose d’une GoPro qui permet d’apprécier une vue subjective sur le cadre et un plan rapproché peu flatteur de leur faciès. On distingue aussi des caméras disséminées çà et là aux quatre coins de l’hôpital. Dès lors, on s’éloigne des fondamentaux du genre pour simplifier le travail de montage, sans craindre d’incohérences avec l’identité des auteurs des images.

Au final, Gonjiam : Haunted Asylum s’avance comme un found footage bancal à bien des égards. Le film de Jung Bum-sik propose un résultat inconstant dans tout ce qu’il entreprend. La faute à une tonalité capricieuse qui oscille entre l’insouciance des protagonistes et le caractère sinistre des lieux. Ceux-ci demeurent glauques, mais les situations ne suscitent aucun effroi, encore moins sous le prisme de la suggestion. De même, on distingue trop aisément les phénomènes qui relèvent de la supercherie et ceux provoqués par les esprits. Il est également à déplorer une profusion d’objectifs et de caméras qui altère le rendu, même pour reproduire les conditions d’une émission internet. Il en ressort un film convenu, creux et peu engageant qui incite davantage à se replonger dans Grave Encounters…
Note : 09/20
Par Dante