septembre 26, 2025

L’Homme qui Ressemblait au Christ – Roland Portiche

Auteur : Roland Portiche

Editeur : Albin Michel

Genre : Thriller

Résumé :

Et si le suaire de Turin n’avait pas révélé tous ses mystères ? Si un stupéfiant drame se cachait derrière le plus célèbre linceul de l’Histoire ?
1291. Dans une Palestine en proie au chaos, un jeune noble écossais, Alister Durward, disparaît. Sa sœur Sybille, accompagnée du chevalier Ulysse Cameron de Bath et de son écuyer Kostandin, mène l’enquête.
La vérité dépasse l’imaginable : Alister, qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Christ, a subi les mêmes supplices. Un voile de lin a recouvert son corps moribond pour être mis en vente sur le marché des reliques. Laissé pour mort, Alister est recueilli par des moines du désert, puis enlevé par des Mongoles pour être offert à l’épouse du grand Khan de Perse.
Comment Ulysse et ses amis parviendront-ils à retrouver sa trace ? Comment échapperont-ils aux Mamelouks qui assiègent Saint-Jean d’Acre, le dernier réduit de la chrétienté en Terre Sainte ?

Avis :

Lorsqu’on se penche sur l’histoire des religions, il est difficile de faire l’impasse sur des siècles de violence et d’obscurantisme. Les velléités politiques et la convoitise des ecclésiastiques n’ont rien à envier aux conflits qui ont opposé différents royaumes en Europe, comme au Moyen-Orient. En fonction de la période, des partis ou des croyances avancées, un tel sujet demeure vaste à explorer, et ce, sous différents angles. Dans le domaine de la littérature, on peut appréhender des secrets séculaires ou des pans méconnus des dogmes sous le prisme du thriller ésotérique ; flashbacks ou intermèdes au cœur desdites périodes à l’appui. Il est également possible de faire preuve de pragmatisme et de réalisme à travers une évocation historique.

Avec un titre particulièrement suggestif, L’Homme qui ressemblait au Christ s’inscrit dans ce dernier registre. Après la trilogie Ernetti et ses tomes à la qualité déclinante, Roland Portiche propose une plongée à la fin du XIIIe siècle. Une période charnière de l’histoire qui marque la fin des croisades et, peu de temps après, celle des Templiers. L’époque est minée par les crises politiques, théologiques et économiques, faisant écho aux évènements majeurs précités et bien d’autres. Bien que l’on ne rentre pas dans les détails, le présent ouvrage parvient à retranscrire ce contexte houleux. Le traitement se fait à travers les yeux de personnages fictifs qui croisent sur leur chemin des intervenants ayant réellement existé.

Certes, le procédé reste connu, voire essentiel dans un tel registre. Il n’en demeure pas moins intéressant à appréhender, lorsque celui-ci est maîtrisé pour cerner les individus, ainsi que leurs homologues. L’intrigue s’avance avant tout comme un périple à travers l’Europe, puis le Moyen-Orient. Avec pour prétexte la recherche d’un proche disparu, on entrevoit une forme de quête rédemptrice pour les protagonistes. Toutefois, on ne parlera pas d’une approche initiatique, car la connotation spirituelle sous-tend ici un profond détachement teinté de mépris. Au regard de leur passé ou du recul qu’ils portent sur les guerres de religion, on ne peut qu’y constater la vacuité de ces conflits.

En cela, l’auteur avance ces propos sans jugement de valeur, mais avec l’objectivité d’un historien qui porte un regard circonstancié sur la période et les actes commis au nom de Dieu. On distingue également cette remise en question avec le trafic de reliques. En l’occurrence, le discours se veut plus sentencieux sur la cupidité des uns et le caractère dévot des autres. Dès lors, on assiste à des considérations pertinentes quant au principe de croyances face à la notion de vérité. L’évocation et la propagation de pieux mensonges prennent ici tous leurs sens. Ceux-ci sont perpétués pour conforter les illusions des masses, sans oublier l’emprise des pouvoirs politiques et religieux.

Si les sujets et le ton présentent un intérêt notable, on peut toutefois distinguer quelques facilités narratives au fil des pages. L’ensemble demeure dynamique et fluide dans la lecture. Néanmoins, les péripéties et autres éléments perturbateurs sont assez prévisibles, voire poussifs pour poursuivre l’aventure jusque sur les territoires mongols. Certains comportements manquent de spontanéité et sont surtout dirigés par la force des évènements, a fortiori ceux du dénouement. On émet aussi quelques réserves sur l’aménagement d’un temple bouddhiste dans une ancienne mosquée, en plein désert. Cela sans oublier l’âge canonique des protagonistes lors de l’épilogue et leur capacité à supporter les affres de voyages de plusieurs milliers de kilomètres à cheval.

Au final, L’Homme qui ressemblait au Christ propose une plongée évocatrice dans un XIIIe siècle chaotique. On songe aux guerres de religion, aux croisades, ainsi qu’aux trafics de reliques ; fausses, la plupart du temps. Il ne s’agit pas forcément de remettre en question les dogmes établis, mais de constater la manipulation des faits et des symboles pour privilégier la vénalité à la vérité. D’ailleurs, le récit prête à réflexion sur l’authenticité de certaines preuves et pièces historiques telles que le Suaire de Turin. De plus, l’auteur évite le piège du mysticisme ou de l’occultisme lorsqu’il se penche sur la fin des Templiers. Ce qui permet de mieux appréhender les enjeux politiques et économiques suite à leur extermination. En dépit de quelques écueils formels, Roland Portiche signe un roman intéressant et immersif.

Note : 14/20

Par Dante

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