novembre 5, 2024

The Apprentice – Comment Donald est Devenu Trump

De : Ali Abbasi

Avec Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova, Martin Donovan

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.

Avis :

Ali Abbasi est un metteur en scène iranien qui s’est « exilé » en Suède. Excellent réalisateur, Ali Abbasi réalise ici son premier film en langue anglaise, et alors que l’élection présidentielle américaine avance à grands pas, il faut remonter à la fin des années 2010 que pour « The Apprentice » entre en production. Le scénario est écrit par Gabriel Sherman qui est un ancien journaliste politique, et ce scénario est proposé à la productrice Amy Baer qui, très emballée, va directement penser à Ali Abbasi dont elle avait adoré « Border« , le second métrage du cinéaste. Ainsi, « The Apprentice » aurait dû être le deuxième film d’Ali Abbasi, mais le covid-19 a fortement ralenti la production, et c’est pour ça qu’entre temps, le réalisateur va tourner « Les nuits de Mashhad« .

Qu’il est doué Ali Abbasi ! Après l’excellent, voire même le petit chef-d’œuvre qu’est « Les nuits de Mashhad« , voici que le metteur en scène est de retour, et autant le dire, il est en pleine forme. « The Apprentice » est un film qui n’est pas forcément un biopic comme on l’entend, puisqu’ici, on s’arrête sur le début de carrière d’un tout jeune Donald Trump, et avec ça, le film nous raconte sa rencontre avec Roy Cohn, avocat tenace qui deviendra son mentor. Mordant, sombre, drôle et en même temps plein d’empathie, « The Apprentice » est un portrait au vitriol qui ne mâche pas ses mots, décrivant un homme au départ timide et maladroit, qui petit à petit, va apprendre ses leçons et devenir un homme prêt à tout pour le pouvoir, quitte à trahir et écraser les autres. Bref, en un mot, c’est passionnant !

« Ce brûlot politique se pose comme l’un des excellents crus de cette année 2024. »

Vers la fin des années 70, Donald Trump est un jeune homme très ambitieux, mais la famille est empêtrée dans une affaire de racisme. En effet, les Trump refusent de louer leur appartement à des gens de couleur, et l’état les attaque pour cela. Un soir, dans un club, le jeune Donald Trump va faire la rencontre de Roy Cohn, un avocat à qui rien ne résiste. Ce dernier va le prendre sous son aile et lui apprendre à devenir l’homme d’affaires qu’il va devenir…

Le voilà enfin le fameux film qui a fait couler de l’encre au dernier Festival de Cannes, et autant le dire d’emblée, « The Apprentice« , ce brûlot politique, se pose comme l’un des excellents crus de cette riche année 2024. À la vision du film, on peut aisément comprendre pourquoi le clan Trump souhaite que le film ne voie pas le jour aux Etats-Unis. D’ailleurs, s’il est bien sorti chez nous, en Amérique, ce n’est pas la même musique, le film peinant vraiment à trouver un distributeur qui oserait le sortir à quelques semaines de la présidentielle. Bref.

Avec « The Apprentice« , Ali Abbasi revient sur les jeunes années de Donald Trump. Les jeunes années d’un homme plein d’ambitions, mais qui a bien du mal à se lancer, car il va devoir s’affranchir de sa famille, et surtout, il va devoir apprendre les règles du monde dans lequel il veut se lancer, tout comme il va devoir se ficher royalement de ce que l’on pense de lui. Tout cela va être possible avec la rencontre d’un homme, un avocat du nom de Roy Cohn. L’homme est sans scrupule, et très vite, il va déceler le potentiel du jeune Donald Trump, et il va lui enseigner tout ce qui fera l’homme outrancier, délirant et terrifiant qu’on connaît aujourd’hui.

« Son acteur principal livre là une prestation magistrale. »

Au travers des deux heures que le film dure, et que l’on ne voit pas passer, le portrait qui va être dressé est très loin d’être flatteur. Ali Abbasi nous décrit une pourriture d’un bout à l’autre. Un homme qui va très vite apprendre, et qui va, entre guillemets, dépasser son maître. Outrances, mensonges, démesures, traîtrises, et surtout une envie d’écraser tout et tout le monde.

Au rythme de cette ascension aussi folle qu’improbable, « The Apprentice » nous offre des scènes où se mélangent tout un tas de sentiments. C’est à la fois terriblement dramatique, et parfois même très ordurier, et en même temps, la satire est tellement bien posée que « The Apprentice » sait aussi se faire très drôle, et même touchant, ce qui est peut-être le plus glaçant. Oui, Ali Abbasi réussit à rendre ce personnage touchant dans sa trajectoire, car on le découvre jeune, timide et maladroit, pour finalement le voir se transformer sous nos yeux, en un grossier personnage, aussi puant qu’agaçant.

Et cette transformation incroyable, on la retrouve aussi chez son acteur principal qui livre là une prestation magistrale. Si au départ, on voit Sebastian Stan sous la perruque de Donald Trump, on quitte le film avec un Donald Trump plus vrai que nature. L’acteur réussit un tour de force, et il bluffe tout le monde. Après, il ne faudra pas non plus oublier Jeremy Strong qui est lui aussi bluffant et glaçant dans la peau de cet avocat véreux, qui manipule tout le monde et met tout le monde à ses pieds. Et là encore, Ali Abbasi offre un tour de force, car alors même que le personnage est la définition même de la pourriture, le réalisateur arrive à le rendre touchant. Arriver à rendre aussi touchant tous ces personnages qui sont des ordures, ce n’est pas donné à tout le monde, et ça, c’est très fort.

«  »The Apprentice » est passionnant dans ce qu’il raconte. »

« The Apprentice » est donc passionnant dans ce qu’il raconte, et il l’est tout autant dans la façon qu’Ali Abbasi a de raconter cette histoire, cette rencontre et ces personnages. « The Apprentice« , c’est une sacrée belle proposition de cinéma, qui offre un film stylé, qui passe par beaucoup de genres. Film d’époque à la reconstitution passionnante, qui offre une plongée dans un New York qui n’existe plus. Ali Abbasi et son chef op ont travaillé l’image de manière incroyable, donnant comme un style presque VHS au film. Puis avec ça, « The Apprentice« , c’est aussi un film qui frôle le film d’archives, c’est un film qui s’aventure dans la comédie romantique, notamment lorsqu’il s’arrête sur la rencontre entre Donald et Ivana, sa future femme. « The Apprentice« , c’est aussi un film historique qui parle des drames et de la politique de son époque. Le tout est emballé sur un rythme d’enfer qui ne s’arrête jamais.

Ali Abbasi livre là un film passionnant d’un bout à l’autre. Passionnant, déroutant, cinglant, osé, audacieux, ordurier, à charge… Les adjectifs s’enchaînent autant que Donald Trump réussit ses affaires. D’ailleurs, que l’on apprécie ou non le personnage, on peut lui reconnaître ce sens inné des affaires. Tenu par un duo d’acteurs géniaux dans la peau de ses personnages outranciers, « The Apprentice » est une bombe qui a réussi à me passionner dans tout ce qu’il m’a raconté.

Note : 18/20

Par Cinéted

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