mai 20, 2025

Malignant – La Cour de Récré de James Wan

De : James Wan

Avec Annabelle Wallis, Maddie Hasson, George Young, Jacqueline McKenzie

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

La vie de Madison Mitchell est perturbée lorsque de terribles visions viennent la hanter. Quelle est cette créature malveillante qui la poursuit et commet ces meurtres atroces ?

Avis :

Commençant sa carrière à l’aube des années 2000, James Wan va marquer le cinéma d’épouvante dès son premier film, Saw. C’est un peu à cause de ce film que la saga des torture-porn va connaître son essor, et que l’on aura droit à des films tous plus ou moins bancals, surfant sur une mode pas forcément pertinente. Non content de réussir son premier coup, le réalisateur malaisien récidive trois ans plus tard avec Dead Silence, puis la même année, il décide de faire un thriller hard-boiled et ultra violent avec Death Sentence. Cependant, le cinéma d’horreur le rappelle inéluctablement, et il va signer coup sur coup Insidious et Conjuring, lançant alors deux nouvelles franchises qui seront bien lucratives. Forcément, ces succès attirent l’œil de gros producteurs, et c’est ainsi qu’il se retrouve à intégrer de grosses sagas, comme Fast & Furious ou encore l’univers DC avec Aquaman.

Se voir proposer de gros budgets dans des franchises bien installées, c’est toujours agréable et révélateur d’un certain talent de mise en scène (ou de soumission à des studios, mais ça, on le retrouve plutôt chez Marvel). Mais on a rarement les coudées franches, et il est certain que James Wan avait besoin d’un petit moment récréatif entre deux mastodontes, à savoir les deux Aquaman. C’est donc en 2021 qu’il propose Malignant, signant son retour dans l’horreur, cinq après Conjuring 2 : Le Cas Enfield. Et il s’agit d’un film relativement surprenant, complètement improbable dans son scénario, mais doté d’une générosité devenue trop rare, avec des effets gores réussis et une mise en scène inspirée qui démontre tout le talent de son réalisateur. Turbo nanar à l’histoire zinzin, on peut aisément dire que Malignant est un ovni non pas dans sa réalisation, mais plutôt sur son côté décalé et bis.

« James Wan n’y va pas avec le dos de la cuillère. »

Le film débute dans les années 90, au sein d’un hôpital qui fait des expériences sur des personnes, et notamment une personne en particulier, qui semble maîtrisé l’électricité et avoir des pouvoirs télékinétiques. Trente ans plus tard, on se retrouve aux côtés d’une femme enceinte, qui se fait frapper par son homme. Mais rapidement, ce dernier se fait tuer par une entité sombre, et la jeune femme, qui se fait à son tour agresser, perd son bébé, et devient alors le témoin muet de meurtres sordides, qui ont tous un point commun, ils ont travaillé dans l’hôpital que l’on a vu dans l’introduction. Mélange entre une enquête qui piétine, deux sœurs qui essayent de comprendre pourquoi l’une d’entre elles a des visions et meurtres sanglants qui ressemblent de plus en plus à une vendetta, Malignant s’amuse à nous égarer, jusqu’à une révélation grotesque mais pour le moins originale.

James Wan n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son film est complètement déluré, et surtout, il met en avant des personnages intéressants, renouant avec le cinéma qui a fait son succès. Difficile de ne pas penser au déroulement de Dead Silence, avec son duo de policiers qui se retrouve à faire face à l’improbable. Ici, c’est sensiblement la même chose, mais on aura droit à une mise en scène plus soignée, le cinéaste malaisien ayant un budget plus conséquent et un œil plus avisé. Mais pour en revenir aux personnages, ils ont de l’importance car ils apportent des thèmes importants avec eux, comme par exemple les violences faites aux femmes, élément déclencheur d’un maelstrom de violence, ou encore ce sentiment d’abandon, de ne pas appartenir à une famille de sang, alors que l’on baigne dans un océan d’amour.

« La véritable force de Malignant réside surtout dans sa mise en scène. »

Le film présente des personnages qui ne sont pas lisses, ce qui permet de ressentir de l’empathie pour eux. De même, Malignant peut évoquer l’emprise mentale que l’on peut avoir sur une personne, et malgré son climax complètement foireux, on ne peut nier la présence de ce thème, qui montre toute son importance sur la fin. Et puis le film est porté par des actrices et des acteurs qui sont investis dans leur rôle respectif, à l’instar d’Annabelle Wallis, qui retrouve James Wan et qui offre une belle prestation, partagé entre affliction, dépression et parfois des moments glaçants où elle ménage la chèvre et le chou, brouillant les pistes autour du prétendu assassin. Les rôles secondaires sont bons aussi, offrant des personnages attachants, simples et pour lesquels on aura une certaine sympathie, entre le flic gentil et la sœur qui veut protéger sa grande sœur.

Mais la véritable force de Malignant réside surtout dans sa mise en scène, ultra ludique et dynamique, qui montre que James Wan en a encore sous le pied. Sans encore parler des effets gores, le film propose de superbes mouvements de caméra, et on sent une envie de faire bouger les choses pour que le spectateur ne s’ennuie jamais. D’ailleurs, le film frôle les deux heures, et ça va très vite, ne suscitant jamais le moindre ennui. Le réalisateur alterne les plans, les séquences nerveuses, et s’octroie même le droit à certains délires, comme la fameuse scène dans le commissariat où le méchant devient un véritable ninja, avec un plan-séquence rondement mené. On aura aussi droit à des plans zénithaux, une caméra qui tourne sur elle-même, ou encore d’autres effets qui permettent au film d’avoir une patte unique. Et il y a aussi un excellent travail sur les lumières.

« Le cinéaste s’amuse comme un petit fou. »

Enfin, l’un des gros points forts de ce film, c’est bien évidemment les effets gores. Alors que l’on pourrait être dans une mouvance du tout ou rien, avec des films ultra gores et d’autres beaucoup trop timides, Malignant trouve le juste milieu. Il y a des effets dérangeants, des moments dégueulasses, des mises à mort cruelles, mais ça ne fait pas too much. Le cinéaste s’amuse comme un petit fou, en ayant conscience du délire de son histoire, et des enjeux de mise en scène que cela implique, nous plaçant face à un pantin désarticulé qui dézingue tout en le monde, tout en étant à l’envers. Ce côté dérangeant et glauque ajoute une touche de sensationnalisme à l’ensemble, qui permet alors d’embrasser tout l’esprit Z qui émane du scénario. En bref, c’est très équilibré et cela confère un effet particulièrement jouissif.

Au final, Malignant est un film d’horreur qui a conscience de son histoire complètement barrée, et qui va de ce fait aligner d’autres éléments pour se rendre intéressant et plaisant. James Wan joue comme rarement avec son matériel, offrant une mise en scène dynamique, inventive, permettant alors de rendre ce scénario ludique et régressif. Certes, le film est con comme les blés, il se pare parfois d’effets un peu trop eighties, voire vidéoclub, mais il demeure un divertissement honnête, conscient de ce qu’il est, et démontrant que l’on peut faire un film d’horreur réussi, tout en gardant un aspect ludique, à partir du moment où l’on ne prend pas le spectateur pour un imbécile ignare.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.