De : Mark Tonderai
Avec William Ash, Christine Bottomley, Guy Burnet
Année: 2009
Pays : Angleterre
Genre : Thriller
Résumé:
Dans le centre de l’Angleterre, un jeune couple, Zakes et Beth, roule la nuit sur l’autoroute. Un semi-remorque manque de les percuter en les doublant, et les portes arrière s’entrouvrent fugacement. Zakes aperçoit alors une jeune femme terrifiée, hurlant à l’intérieur d’une cage. Le camion disparaît rapidement de leur vue, seuls témoins, ils se lancent à sa poursuite…
Avis :
En Angleterre, il y a plein de choses qui peuvent faire peur. On a pu le constater avec par exemple Eden Lake, où les adolescents sont assez dangereux, mais on a pu voir aussi avec Attack the block que finalement, les extraterrestres où les petites frappes des banlieues de Londres sont tout aussi antipathiques. Avec Hush, on va voir que les autoroutes britanniques, sont elles aussi très dangereuses et mal fréquentées. Sous ses airs de thriller simpliste et déjà vu mille fois, Hush, en route vers l’enfer demeure une réelle bonne surprise, car outre une image léchée et des couleurs blafardes rendant hommage à une angoissante grandissante, le film croque le portrait d’un homme normal qui va tout faire pour sauver sa bien aimée. Alors, oui, on a déjà vu ça des millions de fois et le film lorgne grandement vers le thriller urbain, mais il possède des petits détails qui en font un film fort sympathique et relativement conseillable. Alors quelles sont les qualités du métrage ? Qu’est-ce qui permet de le différencier des autres productions qui sortent en masse en DVD chaque mois ?
Les toilettes autoroutiers, ce n’est plus ce que c’était !
Le scénario de ce métrage reste vraiment très classique, mais il fait partie de ces films dans lesquels on ne s’ennuie que très rarement. On va suivre un jeune couple en pleine crise (comme c’est souvent le cas dans ce genre de film, regardez Motel par exemple…) et dont la principale discussion est le travail du jeune homme. Ecrivain à ses heures perdues, il a du mal à sortir son premier roman et pour subvenir à ses besoins, il affiche des panneaux publicitaires dans les stations service le long de l’autoroute. Sauf que sa nana, une jolie petite blonde, lui reproche de ne pas se prendre en mains, et ils s’engueulent assez violemment. C’est alors que survient un bouchon, et la remorque du camion de devant s’entre-ouvre rapidement et notre héros croit voir une femme nue dans une cage. Il entreprend alors de prévenir la police et de prendre un maximum d’indices jusqu’au moment où sa copine disparait et où il va tenter de la sauver. Le pitch demeure très simple, on se croit dans un croisement entre Motel de Antal et Taken de Morel. Mais dans ce métrage, le film ne perd pas de temps dans des dialogues insipides ou dans des débats philosophiques et il envoie le pâté dès le départ avec des courses poursuites intéressantes et surtout une tension palpable de tous les instants. Bref, simple, mais pas ennuyeux pour deux sous.
D’ailleurs, la tension est palpable à cause de deux points primordiaux et qui font de Hush un film très intéressant et sympathique. Premièrement, l’ambiance globale du métrage est vraiment très bien rendue, notamment grâce à des couleurs bien choisies qui oscillent entre le jaune, le noir et le gris, mais aussi avec un élément météorologique important la pluie. En effet, elle donne une sorte de morosité incroyable au métrage et elle demeure omniprésente, rendant la recherche de la bien aimée plus difficile et surtout plus glissante et stressante. D’ailleurs, Mark Tonderai, le réalisateur a fait un travail très sérieux avec un vrai recherche de lieux assez glauque et créant ainsi une atmosphère angoissante reflétant la solitude et la désespérance. L’autre point intéressant de ce film, renforçant ainsi une sensation de stress, c’est les différents personnages du film. Outre le héros qui demeure un homme mal dans sa peau et pas franchement glamour, les autres personnages sont assez troublants et si jamais un personnage semble honnête ou tout du moins assez bon, il finit dans une mare de sang. C’est ainsi que l’on se rend compte que les aires d’autoroute la nuit sont suffisamment glauques et que les personnages vagabondant dans les stations services sont peu recommandables. De plus, l’identité du tueur restant caché tout le long du film, avec un visage constamment caché, rajoute un plus indéniable à l’ambiance noire du film.
Heureusement que t’es pas dans un vestiaire de filles, sinon on pourrait te taxer de voyeur !
Au niveau des acteurs, c’est vraiment pas mal du tout. Les acteurs du film ne sont pas connus et le héros du film n’a pas fait encore une grande carrière dans le cinéma, il a juste eu des petits rôles dans des séries comme Docteur Who. Mais cela ne veut absolument rien dire ! D’ailleurs, il est l’acteur idéal pour jouer le mec un peu paumé, pas sûr de lui et qui a du mal à gérer sa vie sentimentale. Son jeu d’acteur reste convaincant et physiquement, il n’est ni trop beau, ni trop moche pour un rôle comme celui-ci. Pour le reste, c’est un peu plus délicat. Sa copine reste elle aussi convaincante, mais on ne la voit pas beaucoup, cependant, au début du film, elle représente assez bien les sentiments des suites d’une rupture douloureuse. Mais finalement, le personnage le plus réussi reste le méchant psychopathe kidnappeur de jeune demoiselle. Il pourrait être n’importe qui, mais vu que l’on ne connait pas son visage et que l’on a juste sa silhouette avec son rottweiler, on imagine assez bien le genre de personnage très patibulaire et franchement borderline. Enfin, j’évoquerais aussi le couple de personnes agées qui sont très bien dans leur rôle, représentant parfaitement l’Angleterre profonde avec ses méfiances, mais aussi sa chaleur. On peut dire que les deux petits vieux tiennent bien leur rôle. Un bémol tout de même concernant la jeune demoiselle brune qui surjoue un tout petit peu.
Comme il ne s’agit pas à proprement parler d’un film d’horreur mais plutôt d’un thriller à tendance horrifique, il n’y a pas beaucoup de scènes gores. D’ailleurs, il me semble qu’il n’y en a qu’une seule mais qui reste tout de même bien foutu (Un bon coup de clé dans l’œil). Pour le reste, la peur ne viendra pas d’effets sales ou encore de torture très réaliste, mais plutôt d’un traitement du jeu du chat et de la souris assez bien ficelé et parfois très tendu. La scène la plus marquante sur ce jeu est celle dans les toilettes avec les deux flics et notre héros qui tente par tous les moyens d’échapper au kidnappeur de sa compagne. Mais il ne s’agit pas seulement de la seule scène qui vaut le coup d’œil, car celle où le héros rode autour du camion pour mieux voir la prisonnière ou encore la course poursuite dans les grandes bennes sont autant de scènes assez stressantes mais diablement bien maîtrisées par le réalisateur. On pourrait lui reprocher sa tendance à faire bouger la caméra pour donner plus de vitesse à certaines scènes, mais franchement, j’ai vu bien pire. La fin demeure assez intéressante, et constitue une sorte de renaissance qui aurait pu aboutir à une scène finale très joyeuse (SPOILER où l’on voit le héros signer des tonnes d’autographes pour un best-seller inspiré de ce qu’il lui est arrivé FIN SPOILER).
Je m’éclaire pour faire pipi parce qu’il fait froid et j’ai du mal à l’attraper !
Au final, Hush en route vers l’enfer fait partie de ces thrillers dont on n’entend jamais parler mais qui constitue une très bonne surprise. Classique mais diablement efficace et pas ennuyeux pour un sou, le film de Mark Tonderai se distingue des autres par une ambiance pluvieuse et presque nihiliste, présentant des personnages attachants en perdition morale. Bref, il s’agit là d’un thriller de bon acabit dans lequel on ne s’ennuie pas et qui va droit au but. Je conseille.
Note : 15/20
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