avril 26, 2024

Lettre à Franco – Le Retour d’Amenabar

Titre Original : Mientras Dure la Guerra

De : Alejandro Amenabar

Avec Eduard Fernandez, Nathalie Poza, Karra Elejalde, Miquel Garcia Borda

Année : 2020

Pays : Espagne

Genre : Drame

Résumé :

Espagne, été 1936. Le célèbre écrivain Miguel de Unamuno décide de soutenir publiquement la rébellion militaire avec la conviction qu’elle va rétablir l’ordre. Pendant ce temps, fort de ses succès militaires, le général Francisco Franco prend les rênes de l’insurrection. Alors que les incarcérations d’opposants se multiplient, Miguel de Unamuno se rend compte que l’ascension de Franco au pouvoir est devenue inéluctable.

Avis :

Alejandro Amenábar est l’un des cinéastes espagnols les plus talentueux de ces vingt dernières années. Réalisateur de films comme « Les autres« , « Agora » ou encore « Mar Adentro » qui lui a valu d’obtenir l’Oscar du meilleur film étranger en 2005, Alejandro Amenábar est de ceux qu’on ne présente plus. Pourtant, malgré tout le talent qu’on lui connaît, le réalisateur a traversé les années 2010 avec un seul film, « Régression » et ce dernier fut une belle déception. Il aura donc fallu attendre cinq ans avant de revoir un métrage signé Alejandro Amenábar. D’ailleurs, on n’avait plus de nouvelles du cinéaste et « Lettre à Franco » arrive là, comme ça, sans prévenir.

Vous l’aurez compris, un nouveau film d’Alejandro Amenábar, c’est toujours un cadeau qu’on a envie d’ouvrir au plus vite et surtout quand celui-ci se lance dans les travers de l’histoire d’Espagne, comme ici, ou à travers le portrait d’un vieil écrivain. Le réalisateur décrit la montée du fascisme en Espagne et la prise de pouvoir du Général Franco. Très académique, le septième film du cinéaste espagnol n’en reste pas moins un moment de cinéma intéressant, notamment parce que derrière ce portrait, Alejandro Amenábar pose une juste réflexion sur l’engagement, l’embrigadement et l’effet de masse.

Espagne, été 1936, l’état de guerre est déclaré par une rébellion militaire qui vise à prendre le pouvoir sur la monarchie. Miguel de Unamuno, l’un des écrivains les plus célèbres d’Espagne, qui est aussi le recteur d’une des plus grandes universités du pays, décide de soutenir ce mouvement. Le vieil homme est sûr que ce mouvement va rétablir l’ordre dans le pays. Pendant ce temps, le Général Franco, fort de ses succès militaires, s’impose comme l’homme qui peut faire que cette rébellion arrive à ses fins. Alors que les arrestations d’opposants vont bon train, De Unamuno réalise alors son erreur. Mais comment se mettre en travers de la montée du régime Franquiste ?

On l’attendait sans l’attendre ce nouveau film d’Alejandro Amenábar et on peut dire que même s’il s’avère moins impactant ou même prenant qu’un « Agora » ou un « Mar Adentro« , cette « Lettre à Franco » demeure toutefois un bon et beau film qui derrière une technique quasi parfaite, pose surtout une belle réflexion sur l’engagement.

La première chose qui frappe avec le nouveau film d’Alejandro Amenábar, c’est ce qu’il nous raconte et comment le réalisateur décide de nous le raconter. « Lettre à Franco« , c’est un film qui suit deux hommes, l’un au crépuscule de sa vie, et l’autre à l’entrée de sa nouvelle vie. Avec ce film, le réalisateur espagnol peint le portrait de deux hommes intéressants et de manière très étonnante, il décide surtout de ne pas prendre parti pour l’un comme pour l’autre. Non, Amenábar a décidé avec ce film de raconter des faits sans les pointer du doigt, ce qui rend finalement le film encore plus intéressant.

Ainsi, quand le film brosse le portrait de l’écrivain et recteur, Alejandro Amenábar en profite pour y mettre beaucoup de nuances. Le scénario questionne énormément de ce côté-là, sur la prise d’engagement, le fait d’ouvrir les yeux, le fait de s’opposer à quelque chose, le fait d’avoir des convictions à défendre, des idéaux. Bref, le fait de nourrir finalement une réflexion sur un monde qui change, sur un monde qu’on peut avoir aidé à s’installer et de découvrir, trop tard, qu’on s’est trompé. Le portrait est touchant, et au-delà de ça, il est tout simplement beau et intéressant.

Quand le film, dans un autre sens, s’arrête sur la montée en puissance du Général Franco, Alejandro Amenábar surprend, livrant le portrait d’un homme certes ambitieux, mais surtout, le cinéaste dresse le portrait d’un humain, presque tendre et attachant, ce qui est extrêmement fascinant et dérangeant à la fois, quand on connaît le palmarès du bonhomme.

Ces deux portraits conjugués donnent lieu à un film plein de nuances, de subtilités, d’histoires et de réflexions. Un film certes politique, qui interroge sur l’histoire de l’Espagne, mais finalement qui ne fait qu’interroger, laissant son spectateur se faire son propre avis et trouver les réponses qu’il veut et c’est très bien ainsi.

Si « Lettre à Franco » est excellent dans ce qu’il raconte, on sera un poil déçu dans la manière que le cinéaste a choisi de nous raconter ces histoires, car si tout est bon et beau, si Alejandro Amenábar nous offre encore une fois des séquences superbes, notamment une dispute entre deux hommes qui est en elle-même un petit bijou, si techniquement parlant le film est quasi irréprochable, on restera déçu, car l’ensemble est très lisse, trop lisse, et finalement, il manque peut-être à cette « Lettre à Franco » un caractère affirmé qui fait que le film se hisserait dans les meilleurs films du réalisateur. Après, comme je le disais, c’est très bien fait, c’est du bon cinéma et surtout, ça se suit sans ennui aucun, Amenábar nous tient de bout en bout de métrage.

Le réalisateur nous tient aussi, car son film est tenu par deux grands comédiens. Si l’on citera dans les rôles secondaires des acteurs comme Carlos Serrano-Clark, Eduard Fernández, Nathalie Poza, Patricia López Arnaiz ou encore Inma Cuevas, rien ne vaut ici la prestation de Santi Prego dans la peau de Franco et surtout, Karra Elejalde qui, en vieil écrivain, est renversant et très touchant.

Moins percutant ou prenant que d’autres films de sa filmographie, « Lettre à Franco » d’Alejandro Amenábar demeure un film qui mérite amplement qu’on se déplace en salle. Intéressant du point de vue historique, tout comme dans la façon dont le réalisateur brosse le portrait de ses personnages, et surtout les réflexions qu’il laisse s’échapper de son film, « Lettre à Franco » marque un bon retour sur le devant la scène de la part du cinéaste espagnol, qu’on espère voir bien plus présent dans les années 2020.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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