De : Tony Giglio
Avec Jon Foo, Falk Hentschel, Vinnie Jones, Joanne Kelly
Année : 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Après une mission ratée, Mercy Callo doit s’échapper d’une prison de haute-sécurité tandis que des milliers de vie sont en danger.
Avis :
Tony Giglio fait partie de ces réalisateurs qui ont fait une paire de films assez intéressants avec des casting étonnants, puis, au fil des années, ont succombé à la facilité, préférant faire des films bas du plafond avec des acteurs sur le déclin. Après le sympathique Chaos, ou encore le film d’horreur généreux Timber Falls, il décide de réaliser Extraction, un film d’action qui se veut musclé. Présentant Vinnie Jones en bad guy directeur d’une prison tchétchène, Danny Glover en vétéran de l’armée fatigué et Sean Astin en agent de la CIA qui semble avoir un secret à cacher, comment dire qu’Extraction attisait une curiosité malsaine. Le film sent d’ici le DTV bas de gamme et fauché. Mais est-ce vraiment le cas ? Car en plus de ces acteurs érodés, on trouvera Jon Foo, qui maîtrise à la perfection les arts martiaux. N’aurions-nous point le droit de rêver ?
Un scénario en prison
On le sait, avec ce genre de produit destiné au marché du DVD et de la VOD, il ne faut pas s’attendre à un très gros scénario. D’ailleurs, ce n’est pas pour cela que l’on regarde ce genre de film. Néanmoins, avoir un peu de fond peut s’avérer plaisant et un plus non négligeable. Malheureusement, ce n’est pas dans Extraction que l’on va trouver notre bonheur. Un terroriste est détenu dans une prison tchétchène. La CIA envoie une équipe de choc pour l’extrader et le juger. Mais tout ne se passe comme prévu et un seul soldat va s’en sortir. Sauf qu’il a un projet bien à lui, capturer ce terroriste pour lui faire payer la mort de ses parents. Mais ce terroriste est-il bien celui que tout le monde croit ? Voilà le pitch de base qui s’avère aussi mince qu’inutile et improbable.
On n’en sera pas plus d’ailleurs, si ce n’est quelques problèmes internes et la présence d’une taupe pour on ne sait quelle raison. Le film joue une double-carte sur son histoire. D’un côté, on va suivre la progression de ce soldat dans cette prison, qui va devoir capturer le supposé terroriste et sortir de ce piège. De l’autre, on va avoir une enquête menée par une jeune femme qui va découvrir des vices de procédure. De ce fait, Tony Giglio essaye de donner de la profondeur à son intrigue, mais il n’y parvient pas vraiment. Le problème est simple, on ne comprend pas le pitch de base. Pourquoi récupérer ce terroriste ? Et on ne comprend pas bien les motivations de ce soldat, qui veut à tout prix venger ses parents, au risque de finir lui aussi en prison pour trahison. Bref, tout cela sent le vite fait mal fait.
Les méchants, c’est les autres
Outre les enjeux bancals du métrage, on se retrouve aussi avec un fond qui remugle sévèrement le patriotisme à plein nez. La Tchétchénie est montrée comme un pays archaïque, où les types sont tous des sauvages sanguinaires qui veulent faire la peau à n’importe qui. Il n’y a pas de demi-mesure. D’ailleurs, le film caractérise le gardien de prison comme un taré sanguinaire qui n’hésite pas à tuer des prisonniers avec ses poings. On lui invente une sorte de rivalité avec un autre gardien, mais qui n’aura aucun impact dans le film. On voit bien que Tony Giglio contrebalance cette image avec une taupe au sein de l’équipe américaine, mais ça ne suffira pas à nous faire oublier l’aspect pseudo patriotique de son métrage. Mais l’autre gros défaut du film provient aussi des personnages, qui sont, pour la plupart, pénibles.
Les caractérisations sont très binaires. Jon Foo joue le super soldat fortiche en arts martiaux qui veut se venger. Il est le héros qui va tataner des bouches et comprendre que ce qu’il veut faire est une erreur. A la rigueur, même s’il est un peu con sur les bords, il reste sympathique. Pour le reste, c’est une autre histoire. Vinnie Jones est toujours un gros bourrin sans finesse. Un méchant très méchant parce qu’il faut être méchant, en faisant la gueule et en sniffant de la coke. Danny Glover joue toujours le même rôle, celui du général de l’armée qui a perdu un proche et qui semble très fatigué par ce qu’il fait. Sean Astin ne cache même plus son intention de fumer sa carrière à travers un personnage pénible et dont on grille les secrets dès le départ.
Mais il y a du bon
Et que serait un tel film s’il n’y avait pas le guignol de service, le supposé terroriste, qui va être le gentil gars, accusé à tort. On peut aussi y ajouter la touche féminine, l’enquêtrice, qui va faire des découvertes à partir d’images floues et qui ne possède aucun background. Bref, on reste dans quelque chose de trop simpliste. Cependant, tout n’est pas à jeter dans le métrage. Si la réalisation peut faire peur sur son introduction, elle va s’avérer plutôt bonne, notamment dans les scènes de combats. En effet, Tony Giglio arrive à trouver un juste équilibre entre nervosité et cut, pour que tout cela reste plutôt lisible. On a droit à quelques séquences plaisantes, qui ne rivalisent pas avec ce qui se fait aujourd’hui (John Wick, The Raid), mais qui restent étonnamment bonnes pour un produit tel que Extraction.
Au final, Extraction est un DTV qui pourrait presque se voir comme le haut du panier. Entre une réalisation pas si dégueulasse et des scènes de baston qui sont plutôt maîtrisées, le film de Tony Giglio peut tenir la route de ce côté-là. Et si on ne veut pas trop réfléchir. Car pour le reste, on navigue en eaux connues, avec ce qu’il faut de complot, de bêtises et de personnages écrits à la truelle, avec même une pointe de patriotisme. Bref, on peut presque dire que c’est acceptable…
Note : 09/20
Par AqME