De : Julien Seri
Avec Clovis Cornillac, Francis Renaud, Karole Rocher, Caroline Proust
Année : 2007
Pays : France
Genre : Action, Thriller
Résumé :
Angelo ne vit que pour la boxe thaï. Ecarté injustement des championnats, il tue accidentellement le challenger dans un combat de rue.
A sa sortie après six ans de prison, c’est une épave. Mais par amour, il va changer, devenir un autre, une machine à cogner, à prendre des coups, à combattre. Il va devenir Scorpion.
C’est le prix à payer pour gagner les combats clandestins sans règles et sans limites de free fight.
Avis :
Les souvenirs sont parfois trompeurs. Il arrive qu’un film que l’on n’avait pas aimé soit finalement un excellent long-métrage, mais l’inverse est aussi possible. Et c’est un peu le cas avec Scorpion, film de Julien Seri sorti en 2007. Ce film se veut être le premier à parler de la MMA et du Free Fight, mais il a fallu tisser une histoire et des personnages pour évoquer cela. Comme c’est un sport qui est interdit en France (ou du moins qui l’était, les mentalités semblent changer), les scénaristes ont cru bon de faire de Scorpion un thriller basique dans le milieu de la nuit, avec des gangsters qui organisent des combats illégaux dans des piscines désaffectées. En partie écrit et produit par Cédric Jimenez (Bac Nord), on va rapidement se rendre compte que de l’eau a coulé sous les ponts et que Scorpion supporte mal les affres du temps.
Le film débute en présentant Angelo, un boxeur thaï prometteur qui veut faire des combats pour devenir célèbre. C’est lui-même qui se présente en voix-off, décrivant alors sa vie, son mode de pensée et le fait qu’il n’y a rien d’autre dans sa vie que la boxe. Alors évincé du combat qui pouvait le mener à la gloire, il est pris à parti par son concurrent et dans la bagarre, il le tue. Six ans plus tard, Angelo est un clochard qui vivote, mais un mafieux l’engage pour faire des combats de Free Fight et gagner de l’argent grâce à ses compétences exceptionnelles. Entre temps, Angelo tombe amoureux d’une femme qui oscille entre prostitution et barmaid, obéissant au mafieux sous peine de se faire fracasser. Mais cette histoire d’amour ne plait pas à tout le monde, et Angelo va mettre le doigt dans un vilain engrenage.
« Le scénario ne brille pas par son originalité. »
La première chose qui frappe dans le film, c’est sa réalisation qui fait très téléfilm. Le démarrage est calamiteux, l’image est moche, et on ne retrouve pas de boulot autour de la lumière. Les teintes sont grises, les plans sont sans personnalité, et très clairement, on a l’impression de regarder un épisode de série digne de TF1 ou M6. De plus, la prestation de Clovis Cornillac laisse à désirer dans son début. Jouant les clochards alcooliques, il en fait des caisses et suscite souvent des rires gênés. Lorsqu’il dit à Karole Rocher qu’elle ressemble à un ange, on frôle la composition digne de Nanarland, et il faudra attendre sa renaissance pour le voir mettre un peu de nuances dans son jeu. Bref, le début de Scorpion n’est pas optimal, et on va avoir un mal fou à rentrer dedans. D’autant plus que le scénario ne brille pas par son originalité.
Si on a la traditionnelle quête de rédemption d’un homme qui cherche une seconde chance dans la vie, ce n’est pas avec sa querelle de gangsters que cela va changer quoi que ce soit. On rentre dans les clichés du genre, avec le mafieux qui tient un club de striptease et qui utilise les gens autour de lui pour gagner de l’argent. Francis Renaud donne corps à un personnage peu intéressant, qui percute de plein fouet tous les clichés du genre sans jamais y apporter une once d’originalité. On reste sur une image d’Epinal qui fait plus de mal au film qu’autre chose. Et il va sans dire que c’est pareil pour le reste, avec la jeune femme torturée qui a besoin d’argent car elle élève seule son fils, ou le grand nabab qui menace tout le monde (Olivier Marchal dans le rôle de sa vie).
« Lorsqu’il s’agit de filmer des combats de Free Fight, on sent un vrai amour pour ce sport. »
Fort heureusement, le film possède quelques qualités, qui ne seront pas forcément dans le script, avec cette policière infiltrée qui tombe amoureuse d’Angelo. Lorsqu’il s’agit de filmer des combats de Free Fight, on sent un vrai amour pour ce sport de la part du réalisateur. En même temps, les sports de combat sont un peu l’une de ses passions. La mise en scène se relève dans ces moments-là, offrant des affrontement dynamiques et lisibles, où les techniques sont mises en avant, voulant rendre hommage à un sport qui, à l’époque, était rarement vu dans le septième art. Clovis Cornillac a dû subir un entrainement sévère de plusieurs mois pour faire du cardio, tenir sur la distance, et apprendre quelques coups afin de paraître plus crédible. Et il n’est pas si ridicule face à un Jérôme Le Banner toujours impressionnant, pour un combat final qui vaut le coup.
Un dernier affrontement qui prend des allures de diffusion télévisée. En effet, le réalisateur voulait quatre caméras pour filmer plusieurs angles, mais cela n’a pas été possible par la production. Il a donc fait le choix de prendre deux DV, ce qui a donné quelques images plus dynamiques, comme prises sur le vif, avec un grain qui permet de renforcer l’ambiance un peu underground. Une ambiance qui est recherchée pour afficher ces combats clandestins, et c’est plutôt bien fichu. Alors certes, ce n’est pas du grand art, mais cela permet de voir les envies du réalisateur, ainsi que les limites de la production, et les conciliations qu’il faut faire pour trouver de bons compromis.
Au final, Scorpion est un film qui, dans sa réalisation, très téléfilmesque, et dans son histoire, vieillit relativement mal. Le début est très cahotant et démontre les limites budgétaires qu’a dû subir le long-métrage. Fort heureusement, Julien Seri trouve, comme son personnage, une sorte de renaissance dans les phases de combat, qu’il dirige d’une main de maître, rendant honneur au Free Fight et à toutes les techniques de combat qui peuvent se mêler dans ce genre de sport. Bref, Scorpion reste un film relativement moyen, que certains trouveront même médiocre, mais qui possède son petit charme, notamment quand l’action s’emballe.
Note : 10/20
Par AqME