septembre 16, 2024

L’Étrange Quotidien de Christopher Chaos

Auteurs : Tate Brombal et Isaac Goodhart

Editeur : Urban Comics

Genre : Fantastique

Résumé :

Christopher Chaos est un adolescent pas tout à fait comme les autres. Toute sa vie, il a su qu’il avait quelque chose de différent. Son esprit brillant lui permet d’accomplir des merveilles qui dépassent les limites de l’imaginable. Malheureusement pour lui, ces compétences hors du commun sont aussi la source de bien des problèmes dans sa vie… Quand un jour, le tombeur de son lycée s’avère être un monstre tout droit sorti d’un film d’horreur, Christopher est plongé dans un monde rempli de créatures et de légendes, menacé par une secte de chasseurs bien déterminée à tous les éliminer.

Avis :

Parmi les auteurs qui ont le vent en poupe en ce moment, on peut noter James Tynion IV. On retrouve son nom sur de nombreux ouvrages qui ont eu du succès, mérité, et notamment le récit d’horreur The Nice House on the Lake qui a eu quelques prix, ou encore DC Vampires. De ce fait, lorsqu’une nouveauté sort avec son nom écrit dessus, cela attise forcément la curiosité. Ce fut le cas avec L’Etrange Quotidien de Christopher Chaos, sauf qu’ici, il n’est pas vraiment le scénariste, mais seulement celui qui a balancé l’idée. Il laisse le scénario complet à Tate Brombal qui a taffé sur House of the Slaughter, un récit se déroulant dans l’univers de Something is Killing the Children. Encore une fois, il s’agit-là d’histoires d’horreur, et on retrouve un peu de ça dans le présent comic, même si c’est le fantastique qui prédomine.

Le scénario est assez simple, mais il se déroule dans un univers original qui possède un lore assez particulier. Christopher Chaos est un lycéen qui possède un pouvoir un peu particulier, il est capable de voir des équations autour de lui, ce qui lui permet d’inventer des machines extraordinaires, comme un réanimateur qui va lui permettre de ressusciter sa meilleure amie, Peggy, un pigeon. Bien malgré lui, il assiste à l’assassinat d’un camarade de classe qui s’avère être un loup-garou, et ce dernier est tué par des prêtres fantômes. En se rendant sur les lieux, il découvre qu’un autre camarade de classe est un vampire, et qu’une amie possède un collier capable d’invoquer des spectres de chats. Ensemble, ils vont devoir faire face à une secte religieuse qui souhaite détruire tous les monstres. Mais ils vont avoir l’aide d’un géant se faisant appeler Adam Frankenstein.

Bref, ici, James Tynion IV et Tate Brombal reprennent tous les éléments des mythes classiques faisant trait aux monstres de la Pop Culture (même Mary Shelley y est nommée) pour les introduire dans un combat manichéen. Dans ses grandes lignes, on retrouve une inversion des rôles assez simpliste, avec les monstres qui sont les gentils de l’histoire, voulant simplement vivre comme tout le monde, et des sectaires religieux qui veulent imposer leur mode de vie, quitte à devenir de vrais monstres à leur tour. On connait par cœur ce genre d’histoire, mais finalement, ce n’est pas ce qui importe dans ce comic. Ici, on va s’appesantir sur les personnages, qui possèdent de vrais backgrounds, ce qui fait que l’on va ressentir de l’empathie pour eux, à travers leur vécu et leur envie de vivre comme tout le monde. La petite histoire prend le pas sur la grande.

Ainsi, Christopher Chaos est un adolescent mal dans sa peau, qui est souvent dans ses pensées et n’arrive pas à se faire des amis. Il est un peu marginal, s’habille de façon bizarre, aime secrètement les autres garçons et il a du mal à parler de ses sentiments et de sa vie. Pour autant, il reste quelqu’un de foncièrement gentil, qui va prendre conscience du vivre-ensemble et se découvrir capable de se faire de nouveaux amis, qui sont tout aussi étranges que lui. De plus, son pouvoir est vraiment très original, ce qui apporte une plus-value non négligeable à cette histoire. A ses côtés, les autres personnages ne sont pas en reste, notamment Jordi, le vampire fougueux d’origine hispanique, qui a soif de vengeance après la mort de son meilleur ami et qui ne souhaite qu’une chose, vivre en paix.

Quant à Viveca, elle rentre dans la catégorie de ces adolescents qui doivent grandir tout seul, avec des parents absents, et qui lutte contre cette phobie de l’abandon. Ce trio est vraiment très attachant et est vraiment dans l’air du temps, essayant finalement d’être le plus crédible possible dans un univers fantastique relativement sombre. Même les méchants sont intéressants, avec cette secte qui prend tous les clichés de la religion chrétienne, avec ses cardinaux qui ont des pouvoirs de dingue, mais qui se révèlent être des démons sous des apparences d’anges. On sent qu’il y a un réel potentiel dans ce lore, et le tome un ne fait que poser des bases et un premier combat, pour nous laisser sur un happening de dingue et une forte envie de savoir la suite.

En plus de cette réussite sur le fond, les dessins de Isaac Goodhart sont relativement plaisant. Et ils s’accordent parfaitement avec l’ambiance générale. La ville de New Briar pourrait faire penser à Gotham City, mais avec un côté plus rond et plus enfantin, malgré les choses étranges qui s’y passent. Si le fond de l’histoire est finalement assez sombre, et lorgne un peu vers l’horreur, il règne dans les dessins une certaine rondeur, ainsi que de vives couleurs, pour rendre l’ensemble assez dichotomique, mais qui se marie bien. Et puis il faut aussi noter un découpage très intéressant. Les chapitres s’enfilent comme autant d’épisodes d’une série télé, et le rendu est hyper dynamique, rendant la lecture fluide et les séquences d’action très plaisant à regarder.

Au final, L’Etrange Quotidien de Christopher Chaos est une très agréable surprise. C’est frais, c’est original, c’est dans l’air du temps et ça ne s’arrête pas une seule seconde en plus de revisiter un petit peu les mythes monstrueux où l’on retrouve vampires, loups-garous et autres spectres. Il y a un bon mélange des genres entre fantastique, horreur et policier, mais surtout, il y a un lore ultra original qui ne demande qu’une chose, être plus approfondi dans les tomes suivants. Et puis quel bonheur de retrouver des personnages construits, attachants et pour lesquels on a une réelle empathie. Bref, c’est vraiment bien.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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