La Nuit se Traîne – Belgian Collatéral

De : Michiel Blanchart

Avec Jonathan Feltre, Natacha Krief, Jonas Bloquet, Romain Duris

Année : 2024

Pays : Belgique, France

Genre : Thriller

Résumé :

Ce soir-là, Mady, étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d’une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n’a qu’une nuit pour se tirer d’affaires et retrouver la trace de Claire, celle qui a trahi sa confiance. Le compte à rebours est lancé…

Avis :

Réalisateur belge, Michiel Blanchart est un metteur en scène qui s’est très vite fait un petit nom dans le domaine du court-métrage. Débutant en 2016, il enchaîne les courts, au rythme d’un film tous les ans. Toujours scénariste de ses films, il se diversifie, ce qui fait qu’à partir de 2019, il touche aussi aux effets spéciaux, travaillant sur des séries télé. Puis arrive 2021, et son court « T’est morte Hélène« , et là, tout s’emballe. Le film est remarqué plus que d’autres, il fait le tour des festivals et terminera sa course jusqu’aux Oscar. Cette course effrénée lui ouvre enfin les portes de projets plus gros.

Et ce projet plus gros, ce sera « La nuit se traîne« , sorte de « Collatéral » bruxellois. L’action se passe en une nuit, et se pose comme une course-poursuite qui n’a de cesse jusqu’à son point final. Bourré de suspens, même si, parfois, le tout sonne comme évident, vif, rythmé, « La nuit se traîne » est un sacré thriller, qui en plus de nous entraîner dans une intrigue sombre et désespérée, se pose aussi comme un film qui parle de son époque, tenant en plein centre un sujet sociétal qui est parfaitement incrusté dans ce film. Le tout sera tenu par d’excellents comédiens… Bref, l’heure et demie que dure cette « … nuit qui se traîne » est une petite claque, dont les picotements sur les joues sont un pur plaisir !

«  »La nuit se traîne » est un film rare. »

Ce soir-là, Mady, un jeune homme qui fait serrurier comme job étudiant, est appelé pour une mission simple. Une cliente, Claire, a perdu ses clefs, il lui faut donc ouvrir la porte de chez elle. Une fois la porte ouverte, la cliente entre chez elle, prend un sac et prétend aller tirer de l’argent. Or, elle ne reviendra pas, pire encore, elle l’appelle pour lui dire de fuir avant de s’excuser. Malheureusement pour Mady, cette nuit dérape très vite…

Michiel Blanchart nous entraîne ici dans une course-poursuite pleine de dynamisme, qui offre des rebondissements imprévus et surtout qui se tiennent. Écrit par Michiel Blanchart lui-même, « La nuit se traîne » est un thriller intense qui commence très vite, et une fois commencé, il sera bien impossible de ne pas aller jusqu’au bout. Doté d’une écriture maîtrisée qui donne dans le réalisme ainsi que le « pris » sur le vif, « La nuit se traîne » est un film rare, qui utilise sa technique et sa mise en scène pour vraiment raconter l’intensité de cette histoire, voire même l’épuisement de cette nuit effrénée. D’ailleurs, du côté visuel du film, « La nuit se traîne » est classe et bourré d’envie de cinéma. La lumière est somptueuse, entraînant le film dans un thriller sombre qui a beaucoup de gueule.

Avec ça, Michiel Blanchart offre des séquences qui ont du cachet, sans pour autant qu’elles soient spectaculaires. Si spectacle il y a, il n’est jamais gratuit et raconte toujours quelque chose, que ce soit autour des personnages ou de notre époque. À noter énormément de plans aériens magnifiques, qui là encore offrent beaucoup à l’ensemble du film.

«  »La nuit se traîne » est loin de tout stéréotype.. »

Puis ce qui est très chouette ici, et qui s’allie parfaitement à la mise en scène, c’est la façon dont Michiel Blanchart oscille entre les genres. Si « La nuit se traîne » est bien un thriller où il va être question de sauver sa peau, le film passe aussi par le film d’enquête, avec des révélations surprenantes. Puis il y a aussi un petit côté drame social qui, comme je le disais, parlera énormément de notre époque, avec certains combats sociaux, abordant les violences policières et le « Black Lives Matters ». Quant à l’intrigue en elle-même, on va dire qu’elle est très simple, puisqu’il s’agit juste de réussir à passer cette nuit-là. Une nuit qui, effectivement pour le personnage principal, comme pour d’autres d’ailleurs, se traîne pas mal.

Mais si l’histoire est simple, elle est rendue intense grâce à la mise en scène d’un côté, mais aussi grâce à l’interprétation de son acteur principal, Jonathan Feltre, qui tient là un excellent personnage, et surtout, au-delà de ça, le jeune acteur livre une prestation puissante et tout en nuances. Son personnage ne cesse d’évoluer pendant cette nuit, ce qui le rend très touchant d’un côté, et totalement imprévisible de l’autre. Face à lui, il faudra compter sur un Romain Duris en « mafieux » loin des clichés que l’on imagine, et un Jonas Bloquet, ainsi qu’une Natacha Krief, tout deux excellents aussi, offrant des personnages surprenants et loin des stéréotypes que le cinéma a l’habitude de nous servir.

En un sens, à bien y réfléchir, « La nuit se traîne » est loin de tout stéréotype. Michiel Blanchart sait exactement ce qu’il veut raconter, et il nous entraîne dans une nuit blanche intense qui ne s’arrête pas. Maîtrisé d’un bout à l’autre, spectaculaire alors même qu’il ne cherche pas à l’être, bourré de suspense et de tension, avec cette histoire très simple, un jeune doit retrouver un sac d’argent avant la fin de la nuit sinon il y passe, Michiel Blanchart livre un excellent film, qui offre du neuf et beaucoup de cinéma en l’espace d’une petite heure et demie, qui est passée comme à peine plus de trois-quarts d’heure.

On peut donc dire qu’avec cette nuit qui se traîne, Michiel Blanchart entre par la grande porte et l’on a très, très, envie de voir ce que sera le deuxième film du metteur en scène, car s’il est aussi puissant et brut que celui-là, alors on tient peut-être un futur grand réalisateur !

Note : 17,5/20

Par Cinéted