Mine – Un Semi Faux Pas

De : Fabio Guaglione et Fabio Resinaro

Avec Armie Hammer, Tom Cullen, Annabelle Wallis, Clint Dyer

Année : 2016

Pays : Italie, Espagne, Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Un soldat se retrouve perdu dans le désert après l’échec d’une mission d’assassinat. Sur place, il doit survivre à bien des dangers, tandis qu’il lutte psychologiquement contre la difficulté de sa situation.

Avis :

De plus en plus, on se retrouve avec des films qui se basent uniquement sur un concept. C’est-à-dire que le film en question prend pour point d’appui une situation dramatique ou cocasse, et on va suivre un unique personnage qui va tenter de survivre ou faire des trucs pour maintenir le spectateur éveillé. On pense bien sûr à Buried avec Ryan Reynolds qui passe son temps dans un cercueil, mais d’autres films jouent avec le public et le statisme d’une situation. Mine est un film qui est sorti directement en VOD en 2017, et qui met en scène un soldat perdu dans le désert ayant mis le pied sur une mine. Appelant les secours, il doit attendre 52 heures avant une hypothétique aide. C’est à partir de ça que sont partis Fabio Guaglione et Fabio Resinaro (surnommés les Fabios) pour tisser leur premier film à parvenir de par chez nous.

Le film débute en nous présentant de façon très succincte le principal soldat. Avec son acolyte, ils sont sur une colline, en plein désert, et assiste à un mariage duquel ils doivent tuer le père du marié. Avant de tirer, on a droit à un léger flashback où l’on voit que le soldat en question est très amoureux de sa femme, et souhaite la demander en mariage à son retour. En faisant cela, les cinéastes essayent de donner du poids à leur personnage, afin qu’il ne soit pas lisse, et que l’on puisse ressentir de l’empathie pour lui. Malheureusement, en faisant cela, on sent bien que son pote, qui ne fait que parler, ne sera que de la chair à canon sans importance. Et c’est bien ce qui va se passer.

« Si le film possède quelques bonnes idées, il n’en demeure pas moins un coup d’épée dans l’eau. »

Après l’échec de la mission, les deux soldats arrivent à fuir, mais ils se retrouvent sur un champ de mines. Le compère va donc sauter et finir par mourir, et notre personnage principal marche sur une mine et se retrouve bloqué. Il appelle les secours, mais les annonces ne sont pas bonnes, et il va devoir trouver un moyen de survivre pendant au moins trois jours. Ici, le scénario aborde sans doute un premier point, cela de la cruauté des soldats, avec des supérieurs qui se fichent pas mal des pertes humaines, surtout venant de celles qui ont raté leur mission. Qu’importe, le soldat va tout faire pour survivre, et nous, spectateurs, on va assister à une lente déliquescence, aussi bien du personnage que de notre attention. Car oui, si le film possède quelques bonnes idées, il n’en demeure pas moins un coup d’épée dans l’eau, et cela pour plusieurs raisons.

Bien évidemment, comme le film se passe en un seul et unique lieu, à savoir le désert, les deux cinéastes n’ont pas beaucoup de choix, et doivent passer par des états d’âme pour donner corps au soldat. Pour jouer sur le côté survie, on aura droit à une tempête de sable, à un manque de vivres ou encore à la pression de rencontrer un habitant dont on ne comprend pas trop l’intérêt de laisser le soldat dans cette situation merdique. Ces éléments sont basiques et aucune surprise ne sera à déplorer. On passe par tous les stades, jusqu’à l’attaque par des chiens du désert qui vont retirer le corps du défunt afin d’accentuer la solitude du soldat survivant. Bref, il n’y aura rien de neuf, et le film s’accorde même quelques ellipses autour des blessures du soldat, qui souffre de la chaleur en plein jour, et du froid la nuit.

« On tombe vite dans le pathos, et le film devient presque ennuyant. »

Après ces quelques mésaventures physiques, le film s’attaque alors aux désagréments psychiques. Avec les heures s’écoulant, le soldat en question va petit à petit perdre pied et confondre ses souvenirs avec la réalité. En faisant cela, les deux réalisateurs tentent de donner de l’épaisseur au personnage, mais aussi au film, pour brasser de nombreux thèmes. Ainsi, on va assister à la jeunesse de ce garçon, victime d’un père violent qui tabassait sa femme. Par la suite, on va aller d’épreuve en épreuve, que ce soit lors de la mort de la maman, ou encore de la rencontre avec celle qu’il aime, lors d’une rixe dans un bar. Et histoire d’aller encore plus loin, on va se rendre compte que ce soldat singe le comportement de son père, mais arrive à s’arrêter avant de dépasser la limite. Bref, on va avoir une panoplie complète à se mettre sous les yeux.

Si c’est assez intéressant et fait avec pas mal de bons points, malheureusement, on va sombrer dans un surplus assez improbable. Ce personnage accumule les éléments pénibles, à un tel point que l’on sent que tout a été fait pour le rendre le plus empathique possible. On tombe vite dans le pathos, et le film devient presque ennuyant, puisque l’on va deviner où le scénario veut nous amener. Et puis Armie Hammer a un peu tendance à en rajouter. Si l’acteur, blacklisté depuis son affaire étrange de pseudo cannibalisme, n’est pas mauvais, il peine à donner corps au personnage, jouant constamment de son regard et fronçant les sourcils pour se donner un air grave. Tout cela manque de finesse, même si on se doute que le comédien fait avec ce qu’on lui donne, et c’est assez maigre.

Au final, Mine n’est pas un mauvais film en soi, mais il reste un concept qui est trop ténu pour devenir un vrai bon film. L’idée de base aurait pu être géniale, mais on reste sur quelque chose de trop plan-plan et attendu, avec notamment une fin qui manque cruellement de sel. Les deux réalisateurs proposent un film intéressant, assez bien mis en scène, mais qui souffre de son immobilisme et de son personnage qui semble accumuler un certain nombre de tares, ainsi qu’une malchance de zinzin, et ce trop finit par devenir l’ennemi de la cohérence.

Note : 10/20

Par AqME