mars 19, 2024

Enola Holmes 2

De : Harry Bradbeer

Avec Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Helena Bonham Carter, David Thewlis

Année : 2022

Pays : Angleterre, Etats-Unis

Genre : Policier, Action, Comédie

Résumé :

Marchant dans les pas de son célèbre frère, Enola Holmes s’attaque à sa première affaire officielle en tant que détective privée ! Mais alors qu’elle se lance à la recherche d’une jeune fille disparue, une conspiration explosive laisse entrevoir un dangereux mystère que seul le soutien de ses amis (et de Sherlock lui-même) lui permettra d’élucider.

Avis :

Sherlock Holmes est LE personnage de la littérature à être le plus adapté au cinéma. Il faut dire que depuis les écrits à succès de Sir Arthur Conan Doyle, il y a matière à faire une pléthore de films et c’est ce que vont faire de nombreux scénaristes. Et des enquêtes policières à la fin du XIXème siècle, on peut en faire autant qu’on veut, et on peut même les mélanger avec du fantastique ou de l’horreur, comme peut le faire James Lovegrove avec ses romans s’inspirant de Lovecraft. Bref, Sherlock Holmes est une institution et un bon moyen d’attirer le chaland. Netflix l’a bien compris et en Septembre 2021, la plateforme propose Enola Holmes, afin de faire venir un double public.

D’un côté, les amateurs du célèbre détective seront curieux (encore plus quand c’est Henry Cavill dans le rôle de Sherlock), et de l’autre, le jeune public sera forcément attiré par Millie Bobby Brown suite à ses succès sur Stranger Things. La tambouille fonctionne sous la houlette de Harry Bradbeer, un metteur en scène de série qui s’essaye pour la première fois au long-métrage. Forcément, avec le succès vient l’idée d’une suite, si ce n’est d’un univers et d’une franchise. Un peu plus d’un an plus tard, un nouveau film sur Enola Holmes sort sur la plateforme de streaming, surfant sur la notoriété de l’actrice principale et sur le regain de popularité de Cavill, entre The Witcher et une nouvelle apparition en Superman. Mais dans les faits, que vaut vraiment cette suite ? Sommes-nous encore dans un potage Netflix transparent ?

« Enola Holmes 2 est un film assez factice sur ce qu’il raconte et la façon dont il le raconte. »

Après le succès de sa première affaire, Enola fonde son propre cabinet d’enquêtes. Manque de bol, elle souffre de l’ombre de son oncle et doit fermer boutique. Dès le début, les thèmes du film sont posés. On va naviguer dans un propos qui place la femme face à sa condition dans la société. Cela va se voir lorsqu’une petite fille demande à Enola de retrouver sa sœur, disparu alors qu’elle travaillait dans une société d’allumettes. L’occasion rêvée pour Harry Bradbeer d’alourdir son discours féministe, en pointant non seulement les difficultés d’Enola pour réussir dans la vie, mais aussi les ouvrières qui souffriront d’une maladie bizarre et d’une exploitation par des hommes avides de pouvoir et d’argent. Rien de bien neuf, mais on peut souligner que le scénario s’inspire d’une histoire vraie, celle de la première grève ouvrière féminine. C’est intéressant, et ça a le mérite d’être dans l’air du temps.

Bien entendu, Enola ne sera pas le seul personnage à mener l’enquête, puisqu’elle sera épaulée par son oncle, dont l’énigme qui le préoccupe se recoupe avec celle de sa nièce. Du coup, cette disparition va rejoindre une affaire de corruption et d’argent blanchi qui va de banque en banque. Si cela peut paraitre nébuleux au départ, il ne faudra pas sortir de St Cyr pour comprendre les tenants et les aboutissants de l’enjeu, ni même qui se cache derrière ce gros complot. Enola Holmes 2 est un film assez factice sur ce qu’il raconte et la façon dont il le raconte. Les indices sont grossiers, et surtout, les énigmes sont résolues sans jamais faire participer le spectateur. Comment deviner le coup des pas de danses ? Il manque un aspect ludique à l’ensemble, qui espère être masqué par la cassure du quatrième mur.

« 2h10 pour raconter tout ça, c’est bien trop long et on sent que ça tire fort derrière pour faire durer un maximum. »

Sauf que cette façon de faire brise le rythme du film et offre une Enola plus pénible qu’autre chose. En fait, ce ressort est utilisé pour exprimer les réflexions internes de la jeune fille, et parfois même sa façon de résoudre des énigmes. Ce qui apparait comme une bonne idée, et un concept « cool », s’avère un peu lourdaud et demande aussi à l’actrice de surjouer tout le temps ses émotions et ressentis. Du coup, cela a tendance à nous sortir de l’histoire et à rajouter un aspect comique qui manque d’équilibre. Dans le premier film, c’est assez novateur et plutôt plaisant, mais là, on est dans une surenchère, et c’est assez maladroit. A l’image un petit peu de la mise en scène, transparente, sans moment génial et qui ne contient pas de passages beaux. On reste vraiment sur une production Netflix.

Alors, bien évidemment, on suit ce petit film sans trop de déplaisir. L’enquête n’est pas désagréable. Il y a un joli fond autour de la place de la femme dans la société, et on retrouve aussi un souci avec l’âge, comme si l’ancienneté apportait une quelconque sagesse. On a aussi un discours plaisant sur les riches et les puissants, qui ne sont pas tous pourris, et la nouvelle jeunesse peut apporter son lot de changements. Mais clairement, 2h10 pour raconter tout ça, c’est bien trop long et on sent que ça tire fort derrière pour faire durer un maximum. Il faudrait arrêter avec cette légende comme quoi un bon film doit dépasser les deux heures, ce n’est pas vrai. La preuve en est ici, où on aurait pu raccourcir le film d’une bonne vingtaine de minutes sans aucun problème.

Au final, Enola Holmes 2 est un petit film, qui essaye de récidiver la recette du premier métrage, mais sans y apporter un ingrédient supplémentaire. Sans être désagréable, le film souffre pourtant d’un rythme décousu et d’une durée bien trop longue pour ce qu’il a à raconter. C’est dommage, car il y avait du fond et une vérité historique qui aurait mérité mieux. Bref, une production Netflix comme il en existe tant d’autres, qui sort un peu du lot grâce à son casting, même si Millie Bobby Brown n’est pas toujours juste et Henry Cavill totalement effacé.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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