mars 28, 2024

La Porte s’Ouvre

Titre Original : No Way Out

De : Joseph L. Mankiewicz

Avec Linda Darnell, Sidney Poitier, Richard Widmark, Stephen McNally

Année: 1950

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Blessés au cours d’un hold-up, deux truands, Ray Biddle et son frère John, sont soignés d’urgence par le Dr Brooks, un interne noir. Lorsque John meurt, Ray, homme aux idées racistes, accuse Brooks de l’avoir tué. Seule une autopsie, qui nécessite l’accord de la famille de John, pourrait innocenter Brooks. Celui-ci décide d’en parler à Eddie, l’ex-femme du défunt.

Avis:

1951 est une très belle année dans la carrière impressionnante de Joseph L. Mankiewicz. Cela fait cinq ans que Mankiewicz a commencé à faire des films et alors qu’il enchaîne les métrages qui sont déjà de très haute qualité en 1951, à quelques mois d’intervalle, il réalise deux films majeurs. Deux chefs-d’œuvre. L’un restera dans l’histoire du cinéma, il s’appelle « EVE« , l’autre sera plus confidentiel et c’est celui sur lequel on va s’arrêter aujourd’hui. De vous à moi, avant de tomber dessus dans un magasin d’occasion, je n’avais jamais entendu parler de « La porte s’ouvre« , film emporté par Linda Darrell et Sidney Poitier, dont il faut noter que c’est la première apparition au cinéma.

Film engagé dénonçant le racisme, « La porte s’ouvre » est un film assez incroyable, et cette injustice est ici tournée comme un thriller. Puissant, poussant à la réflexion, et surtout étant loin des leçons de morale qu’on aurait pu facilement voir arriver, « La porte s’ouvre » décrit une époque, présente une intrigue passionnante et même si l’on se doute bien de son point final, il n’en reste pas moins que Joseph L. Mankiewicz nous tient et jamais il ne nous lâche.

Après un hold-up qui a mal tourné, deux frères, Ray et John, arrivent aux urgences. Chacun d’eux a reçu une balle dans la jambe. Tout deux sont pris en charge par le Docteur Brooks, un interne qui est noir. Quand John meurt, Ray en profite pour faire tomber un noir, et surtout au-delà de cela, il se persuade que le dit médecin noir a assassiné son jeune frère. Le Docteur Brooks sait qu’il n’a commis aucune faute, et pour en être sûr, il demande une autopsie. Malheureusement, pour qu’elle se pratique, il faut l’accord de la famille et Ray s’y oppose tout simplement. Le docteur Brooks n’a plus qu’une solution alors, essayer de persuader l’ex-femme du défunt de convaincre Ray d’accepter l’autopsie. Mais comment faire quand la haine est maîtresse ?

Joseph L. Mankewicz est un très grand et ce n’est donc pas « La porte s’ouvre » qui va nous faire dire le contraire. Film totalement oublié, et c’est tellement dommage, « La porte s’ouvre » est de ces métrages qui méritent absolument un gros coup de projecteur, tant, malgré leur grand âge, ils demeurent toujours convaincants, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Puissant dans son intrigue, Mankiewicz se lance ici dans un drame aux allures de thriller. « La porte s’ouvre » est un film qui tient une intrigue affolante. Une intrigue qui certes, avec les années, est devenue assez prévisible dans sa résolution, mais qui reste toutefois passionnante et surtout elle tient la route de sa première scène à l’arrivée de son générique de fin. Profond, engagé, politique et émouvant, « La porte s’ouvre » est un film qui n’est qu’une montée en pression. Si au départ, Mankiewicz nous entraîne dans une intrigue qui a l’air assez lambda, malgré son engagement et ce que le film veut dénoncer, petit à petit, au gré des évènements, Mankiewicz finit par nous entraîner dans une critique de société et une critique d’une époque où les tensions font rage. D’ailleurs, derrière « l’enquête » et le portrait de cet homme et des siens, il faut noter le conflit très simple, mais parfaitement mis en scène par Mankiewicz, offrant une escalade de violence qui touche une certaine case sociale. Une case sociale dont certains personnages ont un fond éblouissant, tant ils sont réfléchis et creusés, notamment le personnage de Ray, dont les dernières phrases résonnent encore.

« La porte s’ouvre« , c’est aussi un film incroyable dans sa mise en scène, qui arrive à être aussi intime quand il le faut, que grandiose. J’aime comment Mankiewicz a mis en scène cette histoire. Il a réussi à être intime et simple, notamment sur les scènes d’intérieur où il installe une douce tension qui ne fait qu’exploser à l’extérieur et là, je parle des scènes où la violence et le projet de violence montent crescendo. Plusieurs plans sont même affolants aussi bien dans ce qu’ils racontent que dans leur construction, qui démontre en une image, tout le talent que Mankiewicz peut avoir pour tenir l’intérêt de son spectateur au plus haut. Il y a quelque chose qui relève autant du divertissement que de l’artistique, voire de la poésie, tout en étant aussi puissant, et tout simplement marquant. Bref, « La porte s’ouvre« , que ce soit dans son intime ou dans son grandiose, est un film totalement maîtrisé par son réalisateur.

Enfin, « La porte s’ouvre« , c’est des acteurs géniaux, à commencer par Sidney Poitier, dont c’est le premier rôle ici, et il tient le film sur ses épaules. Puissant et touchant, avec ce premier rôle, il démontre déjà toute l’étendue de son talent. Il faut aussi noter Linda Darnell qui crève écran, imposant une présence magnétique, qui nous captive à chacune de ses apparitions. Et comment ne pas évoquer l’étonnant Richard Widmark, parfait en raciste, guidé par sa haine et son manque de culture.

Bref, comme je le disais plus haut, que ce soit dans son fond ou dans sa forme, « La porte s’ouvre » est parfait en tout point. Drame sombre, thriller captivant, Joseph L. Mankiewicz nous livre-là un chef-d’œuvre ni plus ni moins, et il est vraiment dommage que ce dernier soit oublié.

Note : 19/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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