Titre Original : Jiu Long Cheng Zhai-Wei Cheng
De : Soi Cheang
Avec Louis Koo, Sammo Kam-Bo Hung, Raymond Lam, Richie Jen
Année : 2024
Pays : Hong-Kong
Genre : Action, Thriller
Résumé :
Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres.
Fuyant le puissant boss des Triades Mr. Big, le migrant clandestin Chan Lok-kwun se réfugie à Kowloon où il est pris sous la protection de Cyclone, chef de la Citadelle. Avec les autres proscrits de son clan, ils devront faire face à l’invasion du gang de Mr. Big et protéger le refuge qu’est devenue pour eux la cité fortifiée.
Avis :
Pendant des années, le cinéma de Soi Cheang m’est passé sous le nez. Non pas qu’il ne m’était pas visible, j’ai quelques films en DVD et d’autres que j’ai vu passé comme ça, dans mes boutiques préférées, mais je ne m’y étais pas encore arrêté. Puis est arrivé « Limbo » en Juillet 2023, thriller Hongkongais désespéré, filmé en noir et blanc. Le film fut une claque, se posant comme l’un des meilleurs thrillers sortis ces dernières années. Si Soi Cheang avait déjà sa petite réputation, notamment avec « Mortorway » ou « Accident« , avec « Limbo« , il franchit un cap.
Et le voici de retour un tout petit peu plus d’un an après avec « City Of Darkness« , un film d’action aux allures de drame social, et autant le dire de suite, le film est une bombe. Intense, sombre, foutrement bien foutu, jouissif, mais aussi touchant, car en plus de nous offrir de la baston comme on est venu en chercher, Soi Cheang prend le temps d’installer une histoire et surtout d’installer ses personnages, pour que l’on s’y attache. Fou, débridé, génial et régressif, avec « City Of Darkness« , le réalisateur Hongkongais nous offre une deuxième masterclass qui fait énormément de bien, au point qu’on en redemande !
« »City Of Darkness » se pose comme l’un des meilleurs films de cet été. »
Hong Kong dans les années 80, Chan Lok-kwun est un réfugié qui vient de se faire arnaquer par le chef d’une triade. Après lui avoir dérobé un bien précieux, Chan Lok-kwun a trouvé refuge au sien de la Citadelle de Kowloon, un endroit très particulier, où la politique britannique n’entre pas. La Citadelle de Kowloon est tenue depuis des années par un dénommé Cyclone, et ce dernier va prendre sous son aile le jeune réfugié, sans se douter un instant des événements qui se sont mis en route, aussi bien pour lui que pour la Citadelle de Kowloon.
Après des années passées au fond d’un tiroir à cause de problèmes de production, (le projet date du début des années 2000) c’est finalement Soi Cheang qui met en scène ce film dont l’intrigue se déroule dans la Citadelle de Kowloon, haut lieu du crime connu à Hong Kong, et qui fut rasé en 1993. Le film fut un énorme succès chez lui, et voici qu’il arrive de manière plus ou moins discrète dans nos salles de cinéma, et c’est franchement dommage, car « City Of Darkness » se pose comme l’un des meilleurs films de cet été.
« City Of Darkness » est un film qui va se faire étonnant dans presque tout ce qu’il entreprend. D’ailleurs, plus qu’étonnant, c’est surtout un film surprenant, car il offre ce que l’on est venu chercher, tout en offrant aussi autre chose. Si, comme moi, vous étiez venu chercher un film de baston non-stop, alors la surprise va être de la partie, car l’histoire de cet homme qui fuit une triade et qui trouve refuge dans cette citadelle, regorge de surprises et de thématiques. Plus que le simple film de baston (et quelles bastons !), « City Of Darkness » est un film qui parle de Hong Kong dans les années 80, de sa politique, de son quotidien et de ces zones de non-droit.
« Le scénario nous réserve une belle histoire. »
Puis devant cela, le scénario nous réserve une belle histoire, avec cette trame autour de cet homme qui, en fuyant, va trouver une famille de cœur et un chez-soi, et là où « City of Darkness » se fait surprenant, c’est qu’il convoque de l’émotion et s’aventure dans un drame humain et social bien écrit, bien tenu et intéressant dans ce qu’il raconte. Autres sources d’étonnement, c’est la façon dont vont être peintes les triades, gangs et autres chefs. S’il y a bien des rapports de force et des jeux de pouvoir, on est aussi assez loin des peintures habituelles, et là encore, ça fait du bien.
On ajoutera à cela, qu’avec cette histoire et ces personnages, « City Of Darkness » aborde l’honneur, l’amitié, le poids du passé, la rédemption, la vengeance, l’aveuglement, ou encore l’amitié. Bref, le film est complet, et offre une histoire simple et complexe à la fois, et surtout, au-delà de ça, malgré sa simplicité, « City Of Darkness » est un film qui fonctionne parfaitement.
À cela, on est obligé de faire un arrêt sur le casting, où chacun trouve parfaitement sa place. Les acteurs se sont entraînés pendant plus d’un an pour arriver à assouvir les envies de cinéma et les folies furieuses de Soi Cheang, et ils sont tous excellents, en plus d’avoir un sacré charisme. Mais là où ils sont le plus intéressant et cool, c’est quand le film développe leur personnage et les relations qui les unissent.
« »City Of Darkness » est un film intense grâce à un astucieux montage. »
Enfin, je disais plus haut que « City of Darkness » est une folie, et une folie furieuse, car entre deux scènes de développement d’intrigue ou de personnages, « City Of Darkness » est un film où ça se castagne dure et Soi Cheang nous offre du spectaculaire. Jouant énormément avec sa citadelle, le réalisateur utilise tout son décor labyrinthique pour des moments de cinéma et de bastons tous plus intenses et délirants les uns que les autres, avec des chorégraphies dingues.
Construit en plusieurs actes, « City Of Darkness » est un film intense grâce à un astucieux montage qui ne lâche jamais son public, et mieux encore, alors qu’il fait un tout petit plus de deux heures, il offre un tel spectacle et tellement de rebondissements, et autres éléments imprévisibles, qu’on a l’impression qu’il fait bien plus de deux heures. Cette sensation est étrange, car jamais, ô, grand jamais, l’on s’ennuie, mieux encore, on aurait même envie que le film ne se conclut pas, tant, l’ensemble est jouissif.
En l’espace de deux films, Soi Cheang a fait très fort, livrant deux masterclass. Deux films très différents l’un de l’autre et qui démontrent l’étendue du talent de son réalisateur. Avec cette histoire de réfugié qui se trouve une famille de cœur, avec l’histoire de cet endroit particulier, sa mythologie, et avec cette histoire de vengeance venue d’un lointain passé, où les fils doivent payer pour les crimes de leur père, Soi Cheang offre un film aussi spectaculaire qu’intense, profond et passionnant. Une claque, voire même une énorme baston que l’on prend en pleine tête, il serait vraiment dommage de louper cette folie furieuse dans les salles obscures. On attend le prochain Soi Cheang avec désormais énormément d’impatience !
Note : 18/20
Par Cinéted