De : Brent Ryan Green
Avec William Levy, Serinda Swan, William Moseley, Nick Tarabay
Année : 2017
Pays : Etats-Unis
Genre : Action, Fantasy
Résumé :
Dans un pays déchiré par la guerre où les tribus vivent dans la peur de leur propre disparition, un guerrier mortel mène une guerre destructrice. Quand il est trahi par les siens et laissé pour mort, il est guéri par une mystérieuse princesse et pris en charge par une tribu cachée qui croit qu’il a été choisi pour mener une bataille importante.
Avis :
S’il y a bien un genre qui demande un minimum de budget et d’investissement, c’est la Fantasy. Il faut dire qu’avec les décors, les effets spéciaux, le maquillage ou encore des idées de mise en scène qui peuvent demander des efforts considérables, si l’on veut marquer les esprits, il faut en avoir les moyens. Un peu comme la SF soit dit en passant, mais cette dernière peut aussi être intimiste, avec un aspect plus « anticipation ». Bref, il est toujours délicat d’aborder un film de Fantasy qui possède un budget riquiqui, et qui sort directement en DTV chez nous, précédé d’une réputation calamiteuse. C’est donc un peu à reculons que l’on se lance dans The Veil de Brent Ryan Green, pourtant producteur associé du Silence de Scorsese en 2016. Et bien mal nous a pris, car ce n’est pas reculons qu’il faut y aller, mais tout simplement pas.
Déjà, d’un point de vue scénaristique, on nage dans le flou le plus total. Dès le début, on nous plonge dans une sorte de bataille entre des guerriers vêtus de noir, et d’autres personnages aux habits plus chamarrés. De là, l’un des guerriers noirs s’empare d’une épée légendaire, mais il est mortellement blessé et il est abandonné par ses camarades. Dès lors, un peuple mené par une princesse le sauve de la mort, et ce peuple pense qu’il a été envoyé là pour les entrainer afin de vaincre les méchants en noir. Le guerrier va alors jouer ce rôle qu’on lui prête afin de mener une vendetta contre ceux qui l’ont abandonné. Bien évidemment, histoire de donner un peu de grain à moudre, il y a de jeunes fougueux dans les rangs, qui vont vouloir prouver leur valeur, alors qu’ils ne sont pas prêts.
« The Veil réussit l’exploit d’être ringard sur absolument tout ce qu’il entreprend. »
Très clairement, on ne peut pas dire que The Veil brille par son ingéniosité et par son intelligence. Il s’agit d’une simple vengeance, avec un type baraqué qui va entrainer des types moins baraqués, pour monter un peuple « gentil » à l’assaut d’un peuple répressif. Rien de bien mirobolant, même si on peut féliciter le scénariste de ne pas avoir mis une histoire d’amour à la con au milieu. Enfin, elle y est, mais elle reste discrète et sous-entendue, ce qui ne rend pas forcément le tout gnangnan. Le film n’avait pas en plus besoin de cela, car il se plombe tout seul avec son intrigue inutile, et ses quelques flashbacks qui tentent vainement de rendre son héros attachant. Car oui, même si le film peine à durer 1h20, on aura quelques retours sur le passé du héros, avec des conseils avisés de son père.
Mais au-delà du pitch qui est lénifiant au possible, The Veil réussit l’exploit d’être ringard sur absolument tout ce qu’il entreprend. Le scénario est stupide, certes, mais il faut aussi considérer la mise en scène, qui est d’une ringardise à faire pâlir les productions de The Asylum. C’est bien clair, on a la sensation que tout cela a été filmé dans un bois de la Drôme provençale, avec le rajout d’une petite fontaine pour faire plus bucolique. Les jeux de lumière tendent à rendre l’image proche d’un épisode des Feux de l’Amour, et on ne parle même pas des trois tentes qui vont office de village, avec des plans qui reviennent des dizaines de fois. Non seulement ça sent le budget aux fraises, mais en plus, ça en devient risible. Il y a une dissonance entre le sérieux des acteurs, et les décors tout moisis.
« Le film ne fonctionne pas car il ne possède aucun second degré. »
Le film ne fonctionne pas car il ne possède aucun second degré, alors qu’il n’a pas les moyens d’être trop sérieux. Ici, on ne rigole pas, les personnages, et les acteurs, en font des caisses, roulent des mécaniques (on est parfois à la limite du cinéma porno lorsque l’acteur principal sort de l’eau torse bombé) au milieu d’un champ lambda, ou dans des décors qui font vraiment faux. D’ailleurs, la séquence de fin, lorsque le héros entre dans le camp des méchants, ça fait vraiment peine à voir, avec là aussi une dizaine de figurants. Difficile de donner du crédit à l’ensemble dans ces conditions. A la rigueur, le seul petit truc que l’on peut sauver, c’est les combats, qui sont étonnements bien chorégraphiés, même si ça sent le manque de répétition, avec une fluidité pas toujours présente, et quelques accrocs dans la mise en scène.
Au final, The Veil est un très mauvais film car il n’a aucune ambition ni aucune envie de bien faire. On se demande même comment un tel film a pu avoir des financements, tant il ne raconte rien, ne dénonce rien et ne montre rien. Entre un scénario inexistant, une mise en scène et des décors ringards, ainsi que des acteurs qui ne savent pas quoi faire de leurs personnages sans profondeur, on touche vraiment le fond…
Note : 01/20
Par AqME