Un Eté en Louisiane – La Fin de l’Innocence

Titre Original : The Man in the Moon

De : Robert Mulligan

Avec Reese Witherspoon, Jason London, Sam Waterston, Tess Harper

Année : 1991

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Romance

Résumé :

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande sœur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Avis :

Cinéaste américain quelque peu oublié aujourd’hui, c’est avec un grand plaisir que je me plonge dans la carrière de Robert Mulligan, avec ce premier film que je découvre de lui. Premier film, qui est en fait son dernier. Débutant en bas de l’échelle chez CBS, Robert Mulligan est poussé par une forte volonté, et pendant quelques années, il va apprendre sur le tas, et gravir les échelons petit à petit. Et après s’être entraîné à la réalisation d’épisodes de séries, c’est en 1957 qu’il réalise son premier long-métrage, « Prisonnier de la peur« , un film qui, aux Etats-Unis, est plus que culte.

S’ensuit alors une brillante carrière sur plus de trente ans, et qui s’achèvera fin 91 avec cet « … été en Louisiane« , qui se pose alors comme un film magnifique. Et c’est grâce aux éditions Rimini que l’on peut enfin voir cette merveille dans les meilleures conditions possibles, car l’éditeur vient tout juste de sortir le film dans une très belle édition. Film sur l’adolescence et la fin de l’innocence, « Un été en Louisiane » est, comme je le disais, un joyau oublié que l’on redécouvre avec autant de plaisir que d’émotion. L’histoire est simple certes, mais Robert Mulligan fait de ce scénario un moment de cinéma poétique, tendre, et très attachant. Bref, cette ressortie surprise est sûrement l’une des plus belles de l’année !

« Robert Mulligan a pu livrer un film qui tutoie le chef-d’œuvre. »

Louisiane, dans les années 50, la famille Trant est une famille de la classe moyenne. Alors que la famille compte déjà trois enfants, Abigaïl en attend un quatrième, et Matthew espère que cette fois-ci, ce sera un garçon. Au sein de cette famille, on trouve la petite Missy, quatre ans, Dani, quatorze ans, et la plus âgée, Maureen, dix-sept ans. Dani est fan d’Elvis, et elle passe son été partagé entre l’écoute du King, et des sorties à droite et à gauche. Puis arrive Court, un beau jeune homme de dix-sept ans. Si Dani commence par le « rejeter », elle finit par en tomber amoureuse…

Film oublié, la ressortie de « Un été en Louisiane » permet de mettre un gros coup de projecteur sur le dernier film de Robert Mulligan, qui se trouve être aussi le tout premier d’une certaine Reese Witherspoon, âgée alors de quatorze ans, et dire que cette ressortie est une bonne idée est un euphémisme, tant le film de Robert Mulligan est d’une grande beauté.

Pourtant, lorsque l’on jette un rapide coup d’œil sur son intrigue, cette dernière est on ne peut plus simple, puisque le metteur en scène nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui découvre les premiers sentiments amoureux. Malheureusement pour elle, le garçon dont elle tombe en amour est plus vieux qu’elle, et surtout, il va y avoir sa grande sœur, du même âge que l’objet de ses désirs, qui en tombe aussi amoureuse. Là, comme ça, on ne voit pas vraiment comment Robert Mulligan a pu livrer un film qui tutoie le chef-d’œuvre. Mais c’est là qu’on reconnaît un immense cinéaste, car ce dernier, avec une petite trame comme celle-là, a réussi à tirer tout ce qu’il pouvait y avoir de plus merveilleux à raconter dans cette histoire.

«  »Un été en Louisiane« , c’est une écriture remarquable. »

Doux, délicat, subtil, poétique, plein d’émotions, la première chose qui va totalement envoûter avec ce film, c’est la façon dont Robert Mulligan prend le temps de laisser ses personnages s’installer, et son histoire de se construire petit à petit. Film à l’ambiance chaude, « Un été en Louisiane« , c’est une écriture remarquable, qui aborde magnifiquement l’adolescence, les premiers émois, la fin de l’innocence, le désir, la peur et l’intrigue que ce dernier aspire, puis avec ça, il y a la famille dans l’Amérique des années 50, et plus loin encore, si le film est beau dans ce qu’il raconte de la famille, il l’est encore plus lorsqu’il s’attarde sur la relation solaire entre ces deux sœurs de la famille.

Le tout a des allures de conte, avec cette immersion totalement réussie dans la campagne de Louisiane, sous le soleil d’un été. Pour raconter cette belle histoire, cet instant de vie, cette chronique le temps d’un été, Robert Mulligan offre une mise en scène très lumineuse, un montage tout en finesse, et un regard doux, pudique, et vraiment touchant, dans les découvertes que font ses personnages. On ajoutera à cela une BO de toute beauté signée James Newton Howard. Bref, c’est quasi parfait.

Et cette perfection, on la trouve aussi du côté de ses acteurs, et si on évoquera évidemment Sam Waterson, Tess Harper, ou encore Gail Strickland, c’est surtout ce trio d’acteurs, Jason London, Emily Warfield et surtout la toute jeune Reese Witherspoon qui crève l’écran. Ce trio tient des personnages qui ne vont cesser de nous toucher, avec ces débuts lumineux, avec ces rencontres superbes et avec ce final aussi beau qu’injuste, et en même temps, terriblement banal, ce qui le rend encore plus beau.

Cette ressortie du dernier film de Robert Mulligan est une merveilleuse idée qui offre un coup de projecteur sur un joyau oublié. « Un été en Louisiane« , c’est un été plein de rires, de joies, de découvertes, d’osmose, d’amour, et si ce dernier s’assombrit vers sa fin, Robert Mulligan saura le garder beau et émouvant jusqu’à cette magnifique dernière scène. Bref, cette séance de cinéma fut au-delà du merveilleux.

Note : 18/20

Par Cinéted