avril 25, 2025

Hammerhead – ou Sharkman…

De : Michael Oblowitz

Avec Jeffrey Combs, William Forsythe, Hunter Tylo, Elise Muller

Année : 2005

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Isolé sur une île du Pacifique, le docteur King mène des recherches sensibles dans le cadre de la lutte contre le cancer.

Avis :

Sous-genre particulièrement riche en navets et autres infamies cinématographiques, la sharksploitation n’a jamais faibli devant l’effort lorsqu’il s’agit de plonger dans des abysses de médiocrité. On ne compte plus les catastrophiques itérations dédiées où les squales se gavent d’individus indigestes, aussi stupides que pénibles. La période des années 2000 marque néanmoins une transition où, auparavant, on se contentait de ressasser avec paresse le mythe du requin-tueur. Par la suite, l’ingérence d’Asylum, SyFy et consorts a évolué vers des idioties innommables. On songe à des bestioles hybrides qui s’affranchissent parfois de leur environnement naturel tels que Sharknado ou Sharktopus.

Avec Sharkman (ou Hammerhead), on amorce le concept imbécile d’une créature qui tient autant de l’homme que… du requin-marteau ! Hormis la bipédie, on s’interroge sur l’héritage génétique de l’homo sapiens, a fortiori quand on argue une intelligence provenant du poisson. On démarre donc sous des auspices nauséabonds pour justifier une révision maladroite et informe du mythe du savant fou. Pour l’occasion, Jeffrey Combs propose une variante parodique de sa prestation dans Re-Animator. Pâle ersatz d’un scientifique nazi croisé avec un docteur Frankenstein du dimanche, l’antagoniste se veut plus caricatural qu’inquiétant, sans compter ses motivations et ses explications approximatives.

« La plupart des réactions des victimes rivalisent de conneries. »

Au-delà de l’inconsistance scénaristique, on peut s’étonner de l’orientation narrative. Très librement inspiré de L’Ile du Docteur Moreau, on assiste à une sorte de survivalisme du pauvre où les victimes en devenir tentent d’échapper au prédateur et aux hommes de main du docteur en question. Soit dit en passant, ces derniers sont aussi compétents dans le rôle de mercenaire que dans celui de ballerine. On tire à tout-va sans viser. On agite l’arme n’importe comment et… On parvient à louper la moindre cible à bout portant. Mention spéciale à ces séquences qui exposent une vue de sniper, tandis que les intéressés sont équipés de AK-47.

S’il est vrai que le rythme ne faiblit guère, le montage épileptique enchaîne les situations sans réelle transition. Cela vaut notamment pour les attaques frénétiques de la créature où l’on assiste à des hors-champs en pagaille ou d’ignobles plans rapprochés. Quelques gerbes d’hémoglobine mal synthétisées plus tard, on multiplie les frasques selon différents niveaux de comportements imbéciles. Avant d’aboutir à l’irruption prévisible de la bestiole, la plupart des réactions des victimes rivalisent de conneries. Certes, la dangerosité est avérée sur terre, comme en mer. Il n’en demeure pas moins des risques inutiles qui ont toutefois le mérite de redonner ses lettres de noblesse au darwinisme.

« Sharkman est une piètre série B. »

En comparaison de l’affiche promotionnelle destinée au DTV, le design de l’homme-requin-marteau est aussi mensonger que hideux. Les séquences aquatiques vomissent des trucages numériques déplorables. Seules les incrustations sur des plans réels s’avèrent potables, sans fulgurance ni surprise. Les passages en laboratoire se contentent de présenter un aileron qui émerge d’une eau saumâtre. Quant au costume en latex, il dénote un gabarit malingre, guère mis en valeur par une réalisation préférant se focaliser sur l’œil de poisson mort de l’animal avant qu’il n’attaque. Au demeurant, il lui suffit d’un bon direct du droit ou d’une morsure bien placée pour occire ses hors-d’œuvre.

Au final, Sharkman est une piètre série B, parfois désopilante malgré elle, souvent exaspérante dans son déroulement ou ce qu’elle avance. Le film de Michael Oblowitz se contente de ressasser les dérives d’expérimentations scientifiques, sans fond ni crédibilité. L’intrigue s’affuble d’atours parodiques et caricaturaux, sans compter les invraisemblances et les incohérences qui en découlent. Entre les gesticulations du savant fou et de ses sbires, la laborieuse progression de l’homme-requin-marteau sur terre et la débandade des survivants, tous stupides de leur état, on assiste à un festival d’inepties en tous genres. Il en ressort un téléfilm insignifiant et vide de sens.

Note : 03/20

Par Dante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.