février 16, 2025

Rivers of Nihil – The Work

Avis :

S’il y a bien un genre qui reste difficile à définir, c’est le Technic Death Progressif. Il s’agit d’un sous-genre assez agressif, mais qui arrive à composer de longues plages musicales où les musiciens sont mis à rude épreuve. Parmi ces plus fervents défenseurs, on retrouve Rivers of Nihil, groupe américain fondé en 2009 à Reading en Pennsylvanie. Le groupe sort rapidement deux EP en 2011 et 2012, avant de se lancer dans un premier vrai album avec The Conscious Seed of Light en 2013 chez Metal Blade Records, label que le groupe ne quittera plus (ou pas, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve). Le problème avec Rivers of Nihil, c’est le line-up qui bouge pas mal. Si l’on excepte les deux membres fondateurs que sont Adam Biggs à la basse et Brody Uttley à la guitare, pour le reste, ça bouge pas mal.

D’ailleurs, The Work, qui est le quatrième album studio du groupe, a une petite particularité, puisque c’est le dernier album de la formation, mais c’est le dernier sur lequel on va pouvoir entendre Jake Dieffenbach au chant, ainsi que Jon Topore à la guitare rythmique, les deux ayant décidé de tirer leur révérence en 2022. On pourrait alors croire à un effort douloureux, fait dans une certaine tension, mais globalement, c’est tout le contraire qui va se produire. En effet, The Work est un album long, ambitieux, qui propose de longues plages techniques, et qui ne va pas faire les choses à moitié. D’ailleurs, le premier titre met les choses au clair, puisque The Tower (Theme from « The Work ») est une longue introduction de plus de quatre minutes qui monte crescendo, affichant un côté doux, mais aussi un aspect ultra virulent.

Le groupe ne se cache pas devant une technique à toute épreuve, et arrive à trouver un bel équilibre, ce qui donne à cet album une aura très particulière. Dreaming Black Clockwork est un morceau percutant, violent, et qui possède même des moments que l’on pourrait qualifier de Djent, surtout dans son démarrage. Alors oui, il y aura quelques errances éthérées, mais il y a une réelle recherche d’énergie et d’ambiance relativement sombre. Pour contrebalancer cela, très rapidement, les américains envoient Wait. Et durant quatre minutes, on aura l’impression de planer au-dessus des nuages, avec un titre qui fait très Classic Rock dans sa mélodie et sa rythmique. Si l’on retrouve quelques beuglements, ils sont en fond, pour rappeler qui on est en train d’écouter. Et la formation va constamment jouer sur cette ambivalence. En abordant Focus, Rivers of Nihil renoue avec quelque chose de plus frontal, de plus rentre-dedans.

Le travail de la basse permet d’insister sur une ambiance lourde, et le morceau, assez simple dans sa composition, envoie une belle énergie, et un savoir-faire qui se rapproche fortement d’un métal progressif. Clean sera encore plus percutant, avec notamment des fulgurances qui évoquent du Black, avec des paroles relativement sales. Le groupe ne fait pas les choses à moitié, et il arrive aussi à changer de rythme au sein d’un même morceau. Après ces deux titres relativement virulents, The Void from Which no Sound Escapes va dérouler un joli tapis à la fois étrange et envoûtant. Le début est très brumeux, très mélodique, et on sent qu’il y a une vraie corrélation entre le titre et l’ambiance recherchée. C’est à la fois beau et pourtant tendu, et le groupe offre une partition sans faute avec un gros solo de gratte et même du saxophone.

Après ce morceau fleuve, les américains reviennent à quelque chose de beaucoup plus brutal avec More ?. On s’approche doucement du Black, tout en y apportant des notions de Death relativement réjouissantes. Il s’agit-là du titre le plus destructeur de l’album, avec du blast à tout va et une violence purement gratuite. Puis Tower 2 offre un interlude salvateur et doux avant de redynamiter tout le monde avec Episode, un long titre qui souffle le calme et la violence. Là encore, le groupe réussit son pari en faisant du complexe lisible, et en changeant de rythme au fur et à mesure de la mélodie. Maybe One Day revient à une sorte de ballade doucereuse et insidieuse, permettant alors de donner plus de poids au dernier titre, Terrestria IV : Work, et ses onze minutes. Un morceau pleinement réussi, qui montre, si besoin l’en est, tout le talent de la formation.

Au final, The Work, le quatrième et dernier album en date (au moment où j’écris ces lignes) de Rivers of Nihil, est une belle réussite, qui arrive à allier complexité et lisibilité. Relativement long (plus d’une heure d’écoute), l’album suit son concept sans jamais le lâcher et propose un sacré voyage, entre douceur éthérée et violence percutante. De plus, les quelques essais fournis par le groupe, en ajoutant par exemple des plages de saxophone, sont parfaitement réussis et s’incluent à la perfection dans une démarche de Death Prog ambitieux et qualitatif.

  • The Tower (Theme from « The Work »)
  • Dreaming Black Clockwork
  • Wait
  • Focus
  • Clean
  • The Void from Which no Soud Escapes
  • More ?
  • Tower 2
  • Episode
  • Maybe One Day
  • Terrestria IV : Work

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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