Avis :
Le domaine de la musique est régi par des maisons de production qui n’ont d’autres buts que de vendre un maximum de galettes, faisant fi de la qualité de ce qu’elles vendent, pourvu que cela puisse plaire à la masse populaire. De ce fait, certaines niches se retrouvent réduites comme peau de chagrin dans les magasins spécialisés, la faute à des ventes vertigineuses et à des diffusions inexistantes sur les ondes radio. En vrac, on peut citer le métal, la musique classique ou encore le jazz et ses dérivés. En effet, on parle beaucoup des gros riffs gras des guitares rugissantes du métal, mais les claquements de basse du jazz manquent cruellement dans un monde musical à la dérive dominé par des rappeurs analphabètes qui monopolisent injustement les oreilles de nos jeunes gens. Et s’il y avait un représentant de l’Acid Jazz qui fonctionnait un peu, c’était bien Jamiroquai. Depuis le début des années 90, le groupe de Jay Kay avait connu un succès retentissant et sa lente mutation en funk électro disco avait plus ou moins détruit le groupe, surtout si l’on compte les déboires alcooliques du frontman. Mais qu’à cela ne tienne, le chanteur et son groupe est de retour avec un huitième album, sept ans après le précédent qui n’avait pas du tout marché. Alors que reste-t-il de Jamiroquai avec Automaton, dont le premier single avait déconcerté plus d’un fan ?
Avant toute chose, il semblerait que le groupe ait voulu rassurer les fans de la première heure avec Shake It On, un morceau très efficace et qui résonne comme un mélange étrange mais efficace de funk, jazz et électro. Si le morceau est assez classique et reste dans la ligne du groupe, il n’en reste pas moins dansant et relativement enjoué, ce qui permet de dire sans trop de problème que Jamiroquai est prêt à revenir sur le devant de la scène. C’est d’ailleurs ce que confirme la troisième piste avec Cloud 9, le second morceau choisi pour vendre le skeud. Complètement funk et disco, c’est résolument l’un des titres les plus efficaces de l’album, même si encore une fois, on peut lui reprocher son aspect très classique, sans grande surprise, à l’image du clip qui rappelle bien évidemment Cosmic Girl, l’un des plus gros hits du groupe. On retrouvera d’autres titres dans la même veine, comme Superfresh ou Hot Property, mais ils seront moins marquants, la faute à un aspect électro un poil trop prégnant et un manque de structure bien marquée. On peut aussi parler rapidement de Dr. Buzz, trop long et avec une rythmique trop lénifiante pour pleinement convaincre sur la durée. Alors certes, pour choper de la donzelle, ça peut fonctionner, mais il manque un soupçon de sensualité. En fait, il y a un déséquilibre dans ce titre qui fait qu’il est sympathique, mais pas assez poignant.
L’autre point très important dans ce nouvel album, c’est l’omniprésence de passages électro, pourtant souvent dispensables. Entre volonté de faire un album disco funk à l’image du groupe et l’envie d’inclure des insertions électro pour rendre plus jeune, ou au contraire plus rétro, Jamiroquai ne semble pas savoir que choisir. Ce dimorphisme se ressent sur des titres étranges qui allient du Daft Punk avec un semblant de funk un poil fatigué. On peut donc citer Nights Out in the Jungle qui ne présente clairement aucun intérêt musical, le morceau étant vide, sans rythme et propose une expérience qui s’avère déroutante et énervante. En fait, on a la sensation d’écouter un morceau bouche-trou, entre l’interlude et le titre atmosphérique pour rendre bien. On retrouvera cela avec Vitamin, qui contrairement à son patronyme ne donne pas du tout envie de bouger. Un titre du genre Prozac aurait été plus approprié. Le seul morceau qui utilise à merveille l’électro est clairement Automaton. Et cela pour deux raisons. Tout d’abord, au niveau de la structure, on retrouve des points d’ancrage qui permettent de se raccorder au morceau. Ensuite, il y a une véritable ambiance qui se dégage de ce morceau, à la fois apocalyptique et puissamment émotif, comme le montre le clip dans lequel Jay Kay est une sorte d’androïde découvrant la vie. Enfin, le titre trouve un équilibre parfait entre électro, funk et même un soupçon de rap qui donne un coup de fouet. Bref, il s’agit certainement de l’un des meilleurs morceaux de l’album, annonçant peut-être une nouvelle direction artistique pour le groupe.
Au final, Automaton, le dernier album de Jamiroquai, remplit à moitié son cahier des charges. Entre morceaux un poil trop classiques mais efficaces et d’autres qui abordent de la mauvaise façon la musique électro, le groupe semble avoir des difficultés à trouver un équilibre judicieux pour sa réapparition. C’est assez drôle, mais on a l’impression d’écouter un premier album ambitieux d’un tout nouveau groupe. Néanmoins, il vaut mieux se réjouir de ce retour, qui permettra à certains de s’intéresser à l’acid jazz, même si on a connu le groupe plus en forme.
- Shake It On
- Automaton
- Cloud 9
- Superfresh
- Hot Property
- Something About You
- Summer Girl
- Nights Out in the Jungle
- Buzz
- We Can Do It
- Vitamin
- Carla
Note : 13/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=rmlmOk4ubcU[/youtube]
Par AqME