mai 1, 2024

Cult of Luna – A Dawn to Fear

Avis :

Tout le monde connait l’immense catalogue musical que représentent l’Angleterre ou les États-Unis, mais les initiés savent à quel point les pays scandinaves constituent une place forte dotée d’un réservoir exceptionnel, notamment en Suède où le nombre d’excellents groupes semble sans limites. C’est le cas de Cult of Luna. Chantre d’un post-metal sans concession dans l’esprit des aînés Neurosis, Godflesh et Isis, Cult of Luna s’est formé il y a vingt ans et a connu un succès grandissant, glanant des fans supplémentaires au fil de leurs prestations scéniques et de leur discographie, alors que leur musique n’est pas réputée être la plus accessible qui soit. Leur huitième album, A Dawn to Fear, n’est pas franchement ce qu’on peut appeler une ouverture vers le grand public, bien au contraire. Avec ses 80 minutes pour 8 titres oscillant entre 7 et 15 minutes, A Dawn to Fear prend le temps.

The Silent Man annonce d’entrée la couleur avec un gros riff dissonant, un bruit diffus de larsens, une basse proéminente, un batteur qui balance d’énormes coups de massue, des riffs inquiétants et un chanteur à la voix d’écorché vif : ce sera une longue agonie, une lente et douloureuse plongée dans des ténèbres poisseuses et brumeuses que va nous proposer Cult of Luna. Homogène et mixé à merveille, l’album embraye sur Lay Your Head to Rest, prolongement du titre précédent. A Dawn to Fear commence doucement, semblant offrir une pause salutaire, mais pour mieux monter une montée progressive en pression pour revenir à un énorme morceau de rage pure dans la lignée de ce que l’album a pu nous offrir depuis le début.

Ce semblant de pause est salutaire avant un Nightwalkers inquiétant et à fleur de peau. La moitié des titres a défilé quand arrive Lights on the Hill, morceau fleuve de 15 minutes, véritable feu d’artifice d’émotions, savamment construit et généreux en diable. We Feel the End qui suit offre un temps de répit, un bijou de sensibilité et de délicatesse extrême, d’une profonde mélancolie. Un moment nécessaire avant un Inland Rain qui lance une première grosse charge héroïque avant The Fall, véritable bouquet final flamboyant qui finit de nous faire tomber dans un trou sans fond, dans des abysses où le moindre rayon de lumière est rare et où la pression peut faire exploser les corps à tout moment.

Véritable voyage dans les entrailles de la terre, là où les quelques âmes égarées sombrent dans la folie, A Dawn to Fear semble forgé au cœur des mines les plus profondes pour sonder les peurs les plus noires. Après ces près de 80 minutes, on ressort complètement rincé, en sang, suintant de tourbe et de charbon, la peau percluse de brûlures, mais profondément ému et heureux d’avoir eu la chance d’assister à l’une œuvres les plus belles et puissantes de cette année. Dans notre jargon, on appelle ça une branlée de mammouth.

  • The Silent Man
  • Lay Your Head to Rest
  • A Dawn to Fear
  • Nightwalkers
  • Lights on the Hill
  • We Feel the End
  • Inland Rain
  • The Fall

Note : 19.5/20

Par Nikkö

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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