avril 16, 2024

La Morsure du Crotale

Titre Original : Rattlesnake

De : Zak Hilditch

Avec Carmen Ejogo, Theo Rossi, Emma Greenwell, David Yow

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller, Horreur

Résumé :

Afin de sauver la vie de sa petite fille, mordue par un crotale, une mère célibataire accepte l’aide d’une mystérieuse et inconnue femme. La jeune mère va découvrir que cette main tendue n’est pas sans condition. En effet, elle va devoir prendre la vie d’un étranger dans la ville de Tulia au Texas.

Avis :

Etrange parcours que celui de Zak Hilditch. D’origine australienne, le jeune réalisateur va frapper un très grand coup avec son premier film, Final Hours. Conte désenchanté sur la fin du monde avec un homme pris de remords qui va essayer de faire le bien autour de lui dans un univers qui part à vau l’eau, le film sera une grande réussite, à la fois alarmante et touchante sur une humanité en fin de vie et qui trouve pourtant un chemin vers la rédemption. Après ce franc succès, directement sorti en VOD chez nous, le réalisateur se barre au Canada pour adapter une nouvelle de Stephen King, 1922. Produit par Netflix, le film aura des retours plutôt positifs, même si on n’est pas dans le haut du panier des adaptations du maître. Qu’importe, Zak Hilditch continue son bonhomme de chemin et intrigue, confirmant un certain talent pour les zones un peu horrifiques, ou tout du moins dans le domaine du thriller qui part vite en eau de boudin. Toujours avec Netflix, il va alors écrire lui-même son scénario avec La Morsure du Crotale et proposer un thriller horrifique qui promet d’être faustien mais qui sera surtout rien. Un rien pénible où la seule chose à retenir et de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller pour sauver son enfant. C’est un peu léger.

Dans le désert américain, une petite fille se fait mordre par un crotale. Le téléphone n’a pas de réseau, le pneu de la voiture a crevé et la mère est totalement désemparée. Elle trouve alors une maison dans ce désert et une vieille femme sauve sa fille. Sauf que le prix à payer va être cher, à savoir une âme pour une âme et la mère doit devenir une tueuse le temps d’une journée pour ne pas que sa fille meurt. Sorte de descente aux enfers qui essaye de nous montrer à quel point on peut devenir carnassier quand la chair de notre chair est en danger, La Morsure du Crotale se perd pourtant dans une explication incongrue, quasi nauséabonde, avec des relents réactionnaires qui laissent un goût amer en bouche. En effet, avec un tel pitch, on voit bien que le meurtre d’un salopard est presque justifié comme une finalité au problème et le jugement est très compliqué. L’implication de la femme pour sauver sa fille est complexe et elle ne trouvera la force d’abattre quelqu’un uniquement lorsqu’elle sera au pied du mur, face à un homme malfaisant trouvé au hasard d’un bar. C’est bien là tout le problème du film, la justification du meurtre et le fait de voir que la vie d’un homme infâme vaut autant que la vie d’une petite fille innocente.

On sent bien que Zak Hilditch ne maîtrise absolument pas son scénario. Outre le fait de valider à quelque part la peine de mort, le cinéaste met sur un pied d’égalité deux personnes dont les actes sur notre monde sont complètement différents. Ainsi donc, on pourrait presque croire que le meurtre est légitime à partir du moment où c’est pour sauver un être cher et tuer un ignoble personnage. C’est très limite comme point de vue, et le film ne va pas chercher plus loin. On le voit très bien dans la caractérisation très légère des personnages. La mère, complètement déboussolée, qui n’arrive pas à se décider qui tuer, manque d’épaisseur, de sang-froid et surtout de jugeote. Le pire étant l’identification de la victime, un homme qui bat sa femme et lui fait les pires sévices. Il n’y a pas une once de nuances dans ce personnage, qui est juste méchant et qui va susciter chez le spectateur une simple envie de meurtre. Tout cela manque d’épaisseur et d’un travail plus approfondi pour donner du grain à moudre au spectateur. Ici, on est inactif, face à un spectacle qui remugle sévère le propos réac à deux balles.

C’est bien dommage parce que la réalisation est assez propre. Il n’y a pas grand-chose à en dire, si ce n’est que le réalisateur n’a pas son pareil pour filmer les couchers de soleil, mais globalement on fait face à un travail propre et sérieux. Comme pour Final Hours, le cinéaste soigne sa colorimétrie, baignant l’ensemble dans un jaune orangé qui installe une ambiance chaude où l’on ressent la poussière et la sueur des personnages. Malheureusement, cette ambiance ne sert finalement à rien tant le propos est vide de sens et rien ne se passe vraiment. On va suivre cette pauvre mère de famille qui va tenter de se procurer une arme, s’entrainer deux minutes dans le désert, puis prendre en otage un homme pour lui faire la peau. On ne ressent pas vraiment de tension, on ne ressent pas l’urgence de la situation et les quelques maigres apparitions de fantômes mettant la pression à la jeune femme sont d’une banalité affligeante. On arrivera même à deviner certaines actions, comme ce pauvre gamin qui va donner des coups de tête à la vitre de sa voiture. L’ensemble est vraiment sans surprise aucune.

C’est d’autant plus dommage que le film pouvait donner lieu à une mythologie intéressante. En effet, on va voir qu’à Tulia, plusieurs meurtres ont eu lieu, et que cela n’interpelle pas forcément les forces de l’ordre. On trouvera quelques éléments du passé et des fantômes qui pourraient avoir des histoires, mais qui, ici, ne sont que des ressorts horrifiques qui ne servent à rien. Si c’est sympathique de laisser des zones d’ombre pour installer une ambiance éthérée et étrange, tout cela manque, encore une fois, d’implication et d’épaisseur pour donner au film une autre dimension. En l’état, il n’est qu’une vulgaire chasse à l’homme qui prône presque la peine de mort.

Au final, La Morsure du Crotale est un film qui peine réellement à convaincre. Entre son scénario prometteur mais qui brasse du vent, son ambiance chaude qui ne sert strictement à rien (hormis, peut-être, à symboliser les enfers), son fond qui pue la merde et son actrice principale qui manque d’implication, on fait face à une belle déception et un troisième film qui signe la première déception venant de ce réalisateur. Bref, parmi les sorties horrifiques pour Halloween sur Netflix, celui-ci fait pâle figure et ne sert strictement à rien.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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