Avis :
Le métal symphonique est un genre qui voit le jour au milieu des années 90 et qui se caractérise par des riffs lourds de métal et une orchestration symphonique derrière, faisant bien évidemment penser à de la musique classique. Le mélange des deux peut laisser dubitatif mais certains grands noms vont apparaître comme Nightwish, Epica, Rhapsody ou encore Within Temptation. Ce dernier groupe prend vie en 1996 et connait un succès fulgurant au début des années 2000 grâce au titre Ice Queen et à leur album Mother Earth. Dès lors, la machine est en marche, le groupe devient une icône des Pays-Bas et la chanteuse Sharon Den Adel obtient un sacré statut avec sa voix en or. Et c’est à peu près tous les quatre ans que le groupe sort un nouvel album, jusqu’en 2014 où arrive Hydra, leur sixième effort. Avec cet album, le groupe va partir sur une très longue tournée de plus de deux ans, très éprouvante pour la formation, tant et si bien que le groupe a failli s’arrêter, ne supportant plus d’être loin de leurs proches. Cela n’allait pas en s’arrangeant lorsque la chanteuse annonce en 2018 un album solo, My Indigo. Pour autant, Within Temptation se retrouve en studio pour un septième album, Resist, et cela risque fort de surprendre les fans de la première heure, car le groupe amorce un changement radical, voulant plutôt se faire plaisir avec des titres plus directs, moins grandiloquents, et donc moins enthousiasmants.
Le skeud s’ouvre avec The Reckoning et on pourrait s’attendre à un gros titre qui tâche avec son introduction assez intéressante et son growl bien senti pour faire venir les grattes. Malheureusement, dès que la chanteuse pose sa voix, l’ensemble se calme grandement, proposant même un silence quasi gênant avant de lâcher un refrain mercantile à souhait, où, surprise, Sharon utilise un peu d’autotune ou de vocoder pour changer sa voix. Le deuxième couplet sera chanté par Jacoby Shadix, le chanteur de Papa Roach, montrant finalement le virage commercial que fait le groupe néerlandais. Alors globalement, ce n’est pas mauvais, mais ça reste très anecdotique et loin des prestations grandiloquentes du groupe. Avec Endless War, on reste dans le même bateau, où tout commence avec le refrain avant de partir vers quelque chose d’un peu plus lyrique, Sharon poussant un peu plus sa voix cristalline, mais sans trop faire d’effort. C’est joli, le refrain demeure efficace, mais les arrangements électro sont purement insupportables, rendant le tout comme une sorte de pop à tendance gothique. Quand on sait de quoi est capable la formation, ça nous rend un peu triste. Et finalement, avec Raise Your Banner qui arrive derrière, ce sera sensiblement la même chose et même la présence du chanteur d’In Flames n’y changera rien. Les instrumentalisations électro prennent le dessus et c’est décevant.
On peut comprendre que le groupe ait envie de changement après un Hydra très intéressant et une tournée vraiment éprouvante, autant physiquement que mentalement, mais le virage est clairement trop abrupt pour passer comme une lettre à la poste. On aura même droit à des incursions un peu rap au sein de l’album, notamment sur Holy Ground, qui débute pourtant de la plus belle des façons, avec des violons et des guitares qui se répondent parfaitement. Bon, encore une fois, on aura droit à des arrangements électro, mais il faut bien prendre le bon et parfois laisser de côté le moins bon. Et après avoir exploré l’aspect un rap pop électro, le groupe se permet un autre changement avec Mad World et son clavier synthétique qui fait passer le groupe pour une formation Europop dégueulasse. Alors le refrain marche, mais on a l’impression de faire un pas de géant en arrière et de se retrouver à l’aube des années 90 avec quelque chose qui n’a pas de génie. Globalement, ce n’est pas mauvais, d’autant plus que les refrains rentrent bien en tête, mais on est loin des plus belles années de Within Temptation. Même des titres doux, comme Mercy Mirror, où les guitares sont tout simplement absentes, n’arrivent pas à toucher ou à tirer une larme à l’auditeur. On se retrouve parfois même avec des morceaux qui n’ont rien à faire là, à l’image de Firelight qui devait se trouver à l’origine dans l’album solo de la chanteuse et qui arrive ici comme un cheveu sur la soupe sans punch ni émotion. Heureusement, le groupe retrouve un peu de sa superbe avec Trophy Hunter, qui permet de clôturer l’album avec un petit regain d’espoir pour la suite.
Au final, Resist, le dernier album de Within Temptation, ne fait pas forcément honneur au groupe et à son passé. Plus direct, mais aussi plus édulcoré et plus « facile » dans ses compositions, le groupe se perd dans un métal sympho pop négligent et sans grand intérêt. On est bien loin des albums précédents du groupe et ce virage est bien trop sévère pour que les fans de la première heure adhèrent à cet effort qui semble bâclé.
- The Reckoning
- Endless War
- Raise Your Banner
- Supernova
- Holy Ground
- In Vain
- Firelight
- Mad World
- Mercy Mirror
- Trophy Hunter
Note : 11/20
Par AqME