avril 20, 2024

Comprame un Revolver

De : Julio Hernandez Cordon

Avec Angel Leonel Corral, Fabiana Hernandez, Matilde Hernandez, Jhoan Martinez

Année : 2019

Pays : Mexique

Genre : Drame

Résumé :

Quelque part au Mexique, dans un décor de western, Huck, une petite fille vit là avec son père, leur caravane posée près d’un vaste terrain de baseball abandonné. Certains soirs, les narcos y organisent des matchs avec bière, crack et bagarres. Huck, porte un masque, car on raconte que les filles disparaissent. Elle et ses copains, une bande à la “Peter Pan” passée maître dans l’art du camouflage, complotent pour éliminer le chef des narcos, terreur de ce no man’s land. Un jour, une fête est organisée pour l’anniversaire du caïd.

Avis :

Julio Hernández Cordón est un réalisateur indépendant mexicain qui a déjà une bonne dizaine d’années de carrière. Quasi-invisible chez nous, je crois même que « Cómprame un Revólver » est le premier film du réalisateur qui arrive chez nous, Julio Hernández Cordón vient tout d’abord du documentaire. Il passe véritablement à la fiction en 2012 et depuis, est très régulier dans ses propositions de cinéma et à la découverte de son dernier-né, il serait intéressant que d’autres de ses films puissent nous parvenir.

« Cómprame un Revólver » est un film qui m’a intrigué dès que j’ai posé les yeux sur sa bande-annonce. Une bande-annonce qui proposait un univers fou et un charme certain. Très mal distribué, seulement dix-sept salles, je me suis donné du mal pour pouvoir découvrir ce film en salle, et même si j’en ressors avec la plus grande des frustrations dans un sens, ce qui gâche l’ensemble, je ne regrette pas de m’y être arrêté. Intéressant, aussi bien dans sa démarche que dans son intrigue, Julio Hernández Cordón livre ici un film dense et beau sur l’enfance et l’innocence perdue dans un monde futur, qui fait froid dans le dos. Bref, cette première incursion dans l’univers du réalisateur mexicain laisse entrevoir un sacré auteur qui a des choses à dire et un cinéma inhabituel à revendre.

Mexique, dans un futur indéfini. Aujourd’hui, la société telle que nous la connaissons s’est écroulée et aujourd’hui, le pays entier est tenu par les cartels. La population est en baisse faute de femmes, alors, toutes les petites filles sont enlevées et séquestrées. C’est dans ce monde que grandit Huck, une petite fille que son père cache derrière des traits de petit garçon.

Bienvenue dans un univers sombre, où il n’y a plus de règles, où chacun vit au jour le jour, dans un danger permanent. Un monde apocalyptique, où les cartels sont aujourd’hui les gouvernants des restes d’une société qui s’éteint peu à peu. C’est dans cet univers sombre que Julio Hernández Cordón nous invite à suivre les aventures d’une petite fille et sa bande de copains. Et c’est dans cet univers que le réalisateur va y injecter de la lumière, en suivant cette bande de gamins, oscillant entre les adultes, gagnant de la liberté peu à peu, allant, osant même jusqu’à filmer, à leur hauteur, ce monde comme une triste et dure cour de récréation.

Ce qui m’intriguait le plus, et c’est aussi ce qui est le plus prenant dans ce film, c’est justement son univers. Julio Hernández Cordón prend le temps ici de poser les bases de celui-ci. Il prend le temps de poser des hiérarchies, de regarder ses personnages vivre avec ce monde terrible. Et ce qui est encore mieux, c’est que finalement, « Cómprame un Revólver » n’est qu’une montée en puissance. Plus l’intrigue avance, plus les personnages se développent, plus l’univers s’étend et plus le film gagne, intéresse, bouscule et intrigue. Mais cette montée en puissance parfaite va être aussi l’immense défaut de ce film, puisque finalement, « Cómprame un Revólver » va donner la sensation de n’être qu’une présentation, une ouverture de film, car au moment où ce dernier aurait dû exploser et nous prendre totalement, Julio Hernández Cordón met un point final à son œuvre, ce qui va laisser un immense sentiment de frustration. Tout ça pour ça ? Tout cet univers, cette histoire, la découverte de ces personnages, pour finalement ne rien avoir au bout.

Alors peut-être est-ce le début d’une saga, et peut-être une suite serait en préparation, chose en laquelle je doute, mais gardons un peu d’espoir, car sinon, mettre un point final comme c’est fait ici, fait que le film est vain et ça malgré tout ce qui y est fou dans ce film, l’univers, la mise en scène somptueuse, la photographie incroyable, la critique politique subtile, qui évite tout manichéisme, cette noirceur qui bien souvent laisse la place à de vraies fulgurances, et beaucoup de clarté, d’espoir.

Immense frustration donc, pour un film fascinant du début à la fin. Avec « Cómprame un Revólver« , Julio Hernández Cordón pose les bases d’un univers solide et intéressant. Il pose des personnages qui, si on peut contester des décisions, n’en reste pas moins attachants (les gamins sont géniaux) et l’on a envie d’aller toujours plus loin dans leur histoire.

Beau, puissant, sombre, violent et poétique à la fois, « Cómprame un Revólver » est un film qui passe bien trop vite, et on espère vraiment que le réalisateur a prévu une conclusion pour cette histoire, car en l’état, et malgré tout l’incroyable bien que ce genre d’œuvre peut apporter, sans suite, « Cómprame un Revólver » est une perte de temps et ce constat fend le cœur. Je vous conseille de le découvrir, assurément, ne serait-ce que pour cette ambiance, ces idées, ces interprètes, mais il faudra aussi y aller en sachant que « Cómprame un Revólver » n’a vraiment pas de fin.

Note : 12,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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