septembre 26, 2025

Steven Wilson – The Overview

Avis :

Le monde de la musique est tellement vaste qu’il y en a pour tous les goûts, et on retrouve des génies dans tous les genres. Bien évidemment, la musique classique, le jazz ou encore le rock sont des lieux privilégiés pour trouver des maestros de certains instruments, voire de plusieurs instruments. Si l’on évoque la scène du rock progressif, alors il y a de fortes chances pour que l’on vous sorte le nom de Steven Wilson. Multi-instrumentiste, ingénieur son, producteur, auteur, compositeur et interprète, il faudrait bien plus qu’une tête pour pouvoir porter toutes ces casquettes. Principal leader du groupe Porcupine Tree, associé à la scène rock prog, voire métal, le type mène une brillante carrière solo à côté. Il faut dire qu’il semble animé par un stakhanovisme total, balançant des albums et des concepts quasiment tous les ans, ou plutôt tous les deux ans.

Cependant, comme tout génie qui se respecte, il peut arriver que Steven Wilson devienne un génie incompris. En effet, il conçoit la musique comme une expérience qu’il faut pousser toujours plus loin, faisant alors fi des normes et des règles, pour tenter de tutoyer avec l’absolu. Souvent considéré comme une personne prétentieuse, l’artiste assume complètement cet état de fait, voyant cela comme un compliment, car pour lui, la prétention permet d’atteindre la perfection, et de montrer aux autres que l’on vise l’excellence. Sauf qu’à force de jouer avec les lignes, Steven Wilson peut en laisser plus d’un sur le carreau. Et c’est clairement le cas avec son dernier album, The Overview. Album concept doté de seulement deux pistes, on va naviguer dans deux univers différents, mais qui auront bien du mal à coexister, tant les différences sont prégnantes.

Le premier morceau, Objects Outlive Us, dure plus de vingt-trois minutes, et il va osciller entre de nombreux genres. Le début est absolument délicieux, car le chanteur utilise sa voix de tête, et on retrouve une douceur qui est vraiment agréable. Cependant, cela ne va pas durer, et on va partir vers un rock progressif relativement lent, qui n’arrive jamais à vraiment marquer son auditoire. On fait face à un délire de mathématicien qui joue avec ses instruments, oubliant alors qu’il joue aussi pour les autres. Tout est clinique, froid, et il faudra attendre la huitième minute pour avoir un regain d’énergie et d’intérêt. A ce moment-là, et pour un trop court moment, la ligne de basse s’énerve, la guitare devient plus nerveuse, et on a envie que les choses bougent vraiment. Ce qui ne sera pas le cas, puisque l’on retombe ensuite sur le même schéma/rythme que précédemment.

L’esbroufe continuera au bout de onze minutes, où l’on aura alors une pause, pour ensuite partir vers un délire psychédélique auquel il sera difficile d’adhérer. La montée crescendo aboutit alors à un délire musical qui aurait pu être bien s’il n’était pas si long à démarrer. Alors oui, l’ensemble est plutôt cohérent, on retrouve des variations dans tous les coins, et même le final, avec des relents jazz démontre toute la technicité de son musicien, mais c’est tellement prétentieux, fait avec une sensation d’être mis de côté, ou alors de démonstration. On a clairement l’impression que Steven Wilson fait étalage de son talent, et aime se branler en public pour bien montrer qu’il est génial. Et on le sait qu’il est bon. On connait l’artiste, on a déjà entendu ses œuvres, il n’a pas besoin de nous pondre un laïus compliqué et interminable pour nous clouer le bec.

Mais ce premier morceau n’était rien si on le compare au suivant, The Overview. Ici, on est clairement dans de l’expérience musicale. Le début fait très électro, avec une voix féminine un peu robotique pour approfondir cette sensation d’être dans une cité cyclopéenne futuriste à la Blade Runner. Malheureusement, le morceau ne décollera jamais, et restera dans un état de délire personnel. D’ailleurs, il faudra attendre plus de cinq minutes pour aboutir à un semblant de rock, qui fait écho aux années 70, ce qui n’est pas désagréable, mais qui reste une goutte d’eau dans un océan de branlette technique. Et puis au bout de douze minutes arrive le synthétiseur, qui viendra encore une fois glacer l’ensemble, rendant le tout tellement inhumain et froid que l’on restera de marbre. On reconnait le génie du type, mais on est trop extérieur à ce genre de délire.

Au final, The Overview, le dernier album en date de Steven Wilson, s’adresse exclusivement aux fans de la première heure, ceux qui aiment les expériences sonores et les délires qui partent très loin. Cependant, force est de constater que si certains passages sont bons, que si l’ensemble peut paraître cohérent, et que l’on reconnait le génie du type, on fait face à une musique de niche, prétentieuse, froide, où l’humain s’efface totalement au profit de la technique, et ce n’est pas forcément ce que l’on recherche dans la musique. Le genre d’album qui s’écoute dans un rocking-chair, avec une tasse de thé froid, l’auriculaire en l’air…

  • Objects Outlive Us
  • The Overview

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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