
D’Après une Idée de : Patrick Graham
Avec Krishna Singh Bisht, Richard Dillane, Jatin Goswami, Vineet Kumar Singh
Pays : Inde
Nombre d’Episodes : 4
Genre : Horreur
Résumé :
Inde britannique. Au sein d’un village reculé, un esprit vieux de deux siècles déclenche la transformation des officiers de l’armée en zombies affamés…
Avis :
Depuis le succès des films de George A. Romero, le mort-vivant est devenu une figure populaire du cinéma horrifique. Au fil des décennies, les métrages se sont enchaînés sans discontinuer. Certaines productions ont pu bénéficier de moyens conséquents, d’autres relèvent de l’initiative indépendante. De même, les intrigues peuvent se montrer plus ou moins inspirées, variant les registres entre la comédie, la satire sociale ou le drame. À l’image d’une pandémie mondiale, le phénomène a touché tous les continents, tous les pays. Parmi ceux-ci, l’Inde ne déroge pas à la règle. Sur grand écran, on pense notamment à Rise of the Zombie ou The Dead 2. Avec Vetâla (ou Betaal), le sujet se plie au format de la mini-série.

Bien que le prétexte scénaristique soit attendu, l’intrigue soigne sa mise en contexte. Il est question d’expulser des villageois, au profit d’un nouveau tracé routier. Le premier épisode marque la confrontation avec les autorités dans une situation réaliste. Les occurrences surnaturelles propres au folklore local restent, pour l’instant, en filigrane. On distingue une dénonciation évidente de l’oppression gouvernementale sur ses citoyens. L’histoire s’attarde également sur la corruption des forces de l’ordre et les enjeux financiers liés au projet. Ces derniers provoquent l’expropriation et l’organisation de false-flags pour justifier l’intervention de la police antiémeute face à de pseudo-terroristes. L’ensemble est donc bien amené et joue même la carte de la suggestion avec le tunnel qu’il convient de traverser.
Après une entame intéressante, Vetâla privilégie néanmoins la facilité et le classicisme inhérent à son sujet. La fuite au cœur de la jungle est trop vite expédiée. En effet, elle aurait pu accentuer le sentiment de vulnérabilité des protagonistes, la perte de repères et l’omnipotence d’un ennemi invisible, du moins de leur point de vue. On s’oriente alors vers un huis clos où il est nécessaire de s’organiser pour survivre. Ici, le danger se situe à l’extérieur, ainsi qu’à l’intérieur avec des antagonistes présumés et des blessés contaminés. Les dissensions au sein du groupe sont l’occasion de remettre en question l’ordre établi et les décisions prises par leur leader. Le cadre hiérarchique militarisé est ainsi malmené, sans pour autant présenter de grandes conséquences sur les évènements.
Au cours des épisodes suivants, on assiste à des confrontations qui enlisent la narration dans un rythme complaisant, guère prompt à sortir des carcans du genre. Le renversement des rôles reste bien senti, mais il est prévisible. La faute à une caractérisation archétypale, où chaque intervenant dispose d’un statut prédéfini, de motivations artificialisées par leur tempérament. À aucun moment, ils ne s’en affranchissent, quitte à sombrer dans la caricature. Pour autant, on demeure dans une tonalité sérieuse, dénuée d’un second ou troisième degré auquel on aurait pu lui prêter, eu égard à l’excentricité coutumière de nombreuses productions indiennes.
Par ailleurs, il est difficile de ne pas sourire en considérant le faciès grotesque des antagonistes. Jusqu’alors, on évoquait le zombie en tant que créature désincarnée. L’appétence pour la chair humaine, les déplacements de masse et autres fondamentaux du registre s’accordent avec Vetâla. Cependant, les morts-vivants sont davantage ancrés dans la mythologie indienne. Le monstre éponyme renvoie à une entité qui tient autant du vampire que du possédé. Son aptitude à communiquer, à organiser une stratégie d’attaque ou à grimper aux murs et aux plafonds s’affranchissent de l’image traditionnelle du zombie, du moins celle propagée par les productions occidentales. Quant à leurs capacités de réflexion, elles restent capricieuses, au bon vouloir des aléas scénaristiques.

Au final, Vetâla est une mini-série horrifique moyenne. Sur le papier, cette production Netflix dispose d’un beau potentiel pour exploiter sa thématique sous l’angle du folklore indien. L’approche se montre intéressante et augure d’un exercice de survie âpre. Malheureusement, la progression tend à se perdre dans un traitement conventionnel qui recèle peu de surprises. On peut aussi déplorer des personnages guère marquants et des problèmes de rythme où les assauts sont tributaires des caprices scénaristiques. L’ensemble se rattrape par une photographie soignée, en particulier pour alterner les teintes chaudes d’un éclairage chiche avec la pénombre ou l’obscurité. Cela sans oublier une critique politique qui fustige autant la période contemporaine que le colonialisme d’antan. Un fonds bienvenu, mais qui reste maladroit, surtout dans son dénouement.
Note : 12/20
Par Dante