
Avis :
Depuis l’avènement d’internet et de certains sites comme Bandcamp, de nombreux groupes s’essayent à fournir du matériel professionnel et tentent de se faire connaître à moindre coût. En un sens, si c’est formidable pour les amateurs de fouille afin de trouver de nouvelles formations dans la musique que l’on aime, c’est aussi un immense foutoir qui propose trop de choses à se mettre sous les oreilles. A un tel point que parfois, on passe à côté de certaines pépites. Et on pourrait croire que Gene Wildest fait partie de ces découvertes alléchantes que l’on a trop laissées de côté. Groupe américain venant de Pennsylvanie, Everything est le premier album studio de la bande, sorti en 2017, et depuis, le groupe a fait un petit bonhomme de chemin, avec pas moins de cinq autres albums au compteur, et une activité toujours en hausse.
Mais quelle musique propose alors Gene Wildest ? Dans les faits, le groupe fait du Rock. Dans sa globalité, cet album fait penser à divers courants, allant du Grunge, avec quelques morceaux évoquant Pearl Jam, ou encore au John Butler Trio, tout en flirtant souvent avec un mouvement plus classique. De ce fait, on ne peut que montrer de l’affection pour le groupe, mais li va pêcher par excès de générosité. En effet, il s’agit d’un premier album, on sent qu’il n’y a pas de production derrière, que l’enregistrement s’est fait dans des conditions qui n’étaient pas optimales, que les balances furent chaotiques, et pourtant, malgré ça, le groupe envoie quinze morceaux, pour quasiment une heure et quart d’écoute. C’est beaucoup trop, et cela empêche vraiment de se focaliser sur certains titres. Et il faut ajouter à cela une voix qui n’est pas suffisamment mise en avant.
Le premier titre est assez symptomatique de ça. Enjoy Being Poisoned débute avec un joli gazouillis de guitare, pour ensuite faire parler l’électricité avec des riffs plus lourds. On est dans du Classic Rock plaisant, qui fait écho à du Weezer par exemple, mais la faiblesse viendra non pas de la technique des musicos, mais plus de la voix, nasillarde, et toujours en retrait par rapport aux instruments. Cette scorie, on la retrouvera dans quasiment tous les titres, ce qui est dommage. Everything I Wanna Be résonne comme du John Butler Trio dans son début, avec un côté ensoleillé et joyeux qui est communicatif, mais lorsque ça commence à chantonner, on reste sur la réserve. C’est bien trop frais pour vraiment nous toucher. Heureusement que Deadleaves envoie du bois avec son côté Pearl Jam, et un chant plus crié et plus grave.

Mais les très bonnes choses ne vont pas durer, puisqu’avec Whitesnake, le groupe s’enlise dans une ballade un peu pénible qui ne marquera pas les esprits. Le chant est trop timide, le morceau bien trop long, et globalement, on va s’y ennuyer. Ghost va avoir le même problème, avec un côté progressif qui ne prend jamais vraiment. Là, on traverse un vrai ventre mou, avec des titres qui peuvent être facilement zappés. C’est un peu triste de constater cela, car musicalement, techniquement, ça tient la route, et on sent que les types sont doués. Mais à force de fournir des titres qui dépassent tout le temps les quatre minutes, on ressent une certaine lassitude, et on oublie les premiers morceaux au fur et à mesure de l’écoute. Il y a trop de chose là-dedans. Même les morceaux un peu plus courts manquent de percussion, à l’image de Metled Butter.
High Ten essaye de revenir à quelque chose de plus pêchu, mais ça reste trop factice. Chain a un aspect un peu bluesy qui n’est pas déplaisant, mais au bout d’un moment, le morceau s’efface totalement. Puis Sunset in Harlem aurait pu avoir un côté Punk, mais la voix est un vrai calvaire. Neon Waves revient à quelque chose de plus progressif, mais encore fois, le manque de production et d’épaisseur empêche le titre de réellement décoller. Awanchubad est le morceau le plus court (moins de trois minutes), mais ce n’est pas pour autant que cela va nous percuter. Puis Heavy Flowers retourne à un rock plus expérimental, où les guitares sont bien mises en avant, mais il faut faire fi de la voix du chanteur. Et pour les trois derniers morceaux, on est sur des choses sympathiques, mais facilement oubliables à cause de cette production aux fraises.
Au final, Everything, le premier album de Gene Wildest, n’est pas un mauvais effort, loin de là. Pour un premier skeud, c’est généreux, bien fichu, et on retrouve de nombreuses influences et c’est relativement ambitieux. Il est juste dommage que la production soit si faiblarde, tout comme le chant ou certaines transitions mal fichues, et qu’avec quinze titres et quasiment une heure et quart d’écoute, il aurait été plus judicieux de trancher dans le lard, et de faire plus court, plus concis, et donc plus efficace.
- Enjoy Being Poisoned
- Everything I Wanna Be
- Deadleaves
- Whitesnake
- Ghost
- Melted Butter
- High Ten
- Chain
- Sunset in Harlem
- Neon Waves
- Awanchubad
- Heavy Flowers
- Zen
- Temple of the Frog
- Acid Waves and Wormholes
Note : 13/20
Par AqME