novembre 8, 2024

Kadavar – For the Dead Travel Fast

Avis :

Il y a une mode qui a tendance à agacer certaines personnes sans que l’on ne sache trop pourquoi. Cette mode, c’est le rétro, ce retour aux sources établis par certains groupes qui s’inspirent librement de leurs aînés, de leurs modèles, pour sembler coincés dans les années 60/70/80, rayez la mention inutile. Dans ce délire, de nombreux groupes se sont glissés dans cette veine nostalgique, tout en essayant d’y apporter quelques variations plus contemporaines. On peut citer Greta Van Fleet par exemple, ou encore The Night Flight Orchestra, side-project du leader de Soilwork. Fondé en 2010 à Berlin, Kadavar fait partie de ces groupes qui ont constamment un regard vers l’arrière, s’inspirant des formations mythiques que sont Black Sabbath, Led Zeppelin ou encore Pentagram. Signant rapidement chez Nuclear Blast dès leur deuxième album, les débuts de Kadavar sont très axés Doom, avec une ambiance assez lourde et des titres plutôt longs. Avec les années, et notamment Rough Times sorti en 2017, le groupe semblait avoir pris un autre tournant, résolument plus lumineux et pop, laissant les vannes de la première heure sur le carreau. Alors forcément, quand le groupe annonce un cinquième effort et que celui-ci se nomme For the Dead Travel Fast, on peut se demander si le groupe revient à ses premiers amours. Et c’est bien le cas.

Quand on découvre la playlist et les titres des morceaux, on se doute bien que le groupe allemand a décidé de partir vers quelque chose de plus sombre, à la limite de l’ésotérisme. Le skeud débute avec The End, une introduction efficace, tout en douceur lancinante, plantant un décor horrifique et inquiétant. Avec The Devil’s Master, le groupe appuie un peu plus son envie d’ambiance morbide. Très lent au départ, avec la voix nasillarde du chanteur et la montée crescendo du riff et de la batterie, le groupe renoue avec un Rock à la fois psyché et dense, où les riffs saturés côtoient une certaine légèreté insouciante, annonçant presque un danger imminent. Kadavar repart vers un Doom psyché rétro année 70 que ne renierait pas un Black Sabbath, et ça marche du feu de dieu. Evil Forces, quant à lui, va partir beaucoup plus vite. Plus nerveux, plus Hard Rock dans l’âme, le titre est une véritable référence à des groupes comme Hawkwind et la maîtrise technique est tout simplement parfaite. Le plus étrange dans tout ça, c’est que le titre est à la fois enjoué, mais il contient des paroles lugubres, ce qui fait tout le sel du morceau. C’est alors que déboule Children of the Night, le titre le plus joyeux de l’album, le plus accessible et qui démarre pourtant après une introduction sombre et une rupture au clavier particulièrement efficace. On retrouvera un break très réussi et une ambiance vraiment particulière dans ce morceau, qui est une belle réussite. Comme tout l’album d’ailleurs. Et bien évidemment, on aura droit à un superbe solo de guitare qui viendra montrer toute l’étendue du talent du guitariste qui se fait sacrément plaisir. Bref, c’est à la fois rugueux, enjoué et doux, tout un programme d’une rare richesse.

Dancing With the Dead aura des faux airs de Ghost, ce qui est vraiment un compliment. Alimenté par une ligne de basse parfaite, on retrouve cette ambiance onirique en distance par rapport aux paroles, et Kadavar semble se réjouir de cette dichotomie qui est un peu le fil rouge de l’album. Le plus étrange dans tout ça, c’est que même sur les titres calmes, comme c’est le cas ici, il y a un vrai charme qui se dégage de l’ensemble, à un tel point que cela en devient hypnotique. Quand Poison démarre, on est très loin du titre d’Alice Cooper. Ici, Kadavar part bille en tête et délivre un morceau pêchu et sombre, assez long et plutôt complexe dans sa structure, avec de nombreux ponts où la musique cesse puis reprend avant de délivrer un refrain ultra catchy et d’une efficacité redoutable. Encore une fois, le groupe signe un énorme morceau, très intelligent dans sa façon d’aborder ce mélange entre rock, doom et référence psychédélique. Demons in my Mind va être le titre qui sera peut-être le plus synthétique de tout l’album. Montant crescendo jusqu’à un joli final où tous les instruments s’expriment, le groupe continue de peaufiner cette ambiance cabalistique avec une voix un peu en arrière-plan et des chœurs pour alimenter une litanie presque joyeuse au sein d’une thématique plus sombre. Saturnales pourra se voir presque comme un interlude avant de déclencher le gros morceau de clôture. Pour autant, c’est un titre d’une rare douceur à l’ambiance mortifère et c’est, comme toujours, très réussi. Reste alors Long Forgotten Song, qui semble sorti tout droit d’un album du groupe d’Ozzy Osbourne. Alors le titre est long, mais il est tout simplement parfait. Dépassant les sept minutes, jamais l’ennui ne pointe le bout de son nez, et en plus de cela, il y a vraiment quelque chose qui se dégage du titre, une identité, une ambiance, une aura particulière.

Au final, vous l’aurez compris, For the Dead Travel Fast, le dernier album en date de Kadavar, est une énorme réussite. Rarement un groupe n’aura compris comment fonctionner la musique durant les années 70, tout en y apportant une certaine modernité dans les thématiques et dans l’ambiance travaillée. Non seulement c’est dense, mais ce mélange de Doom, de Stoner et de Psychédélique est savamment orchestré pour fournir un plaisir de tous les instants dans une logique imparable. Bref, un excellent album !

  • The End
  • The Devil’s Master
  • Evil Forces
  • Children of the Night
  • Dancing With the Dead
  • Poison
  • Demons in my Minds
  • Saturnales
  • Long Forgotten Song

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.