novembre 9, 2024

Discord Curse – Reaper

Avis :

Le monde de la musique métal est tout de même assez étrange. Car si l’on outrepasse les gros groupes connus qui sont sur toutes les plateformes et qui possèdent même leur propre site internet, il existe une pléthore de petites formations qui ne sont pas référencées ou connues et qui pourtant méritent leur petit coup d’oreilles. Discord Curse est un groupe américain originaire du Minnesota qui officie dans un Deathcore proche du Math avec parfois des élans un peu Grind sur les bords, formé au début des années 2010. A ce jour, le groupe compte trois albums et Reaper est leur deuxième effort. Jusque-là, il n’y a pas de soucis à se faire, on parle d’un groupe récent, qui fait dans un sous-genre de niche un peu underground et donc son presque anonymat pourrait sembler justifié. Sauf que si on regarde de plus près, la formation compte plus de 15 000 fans sur Facebook, prépare un quatrième opus et pourtant, elle n’est référencée nulle part sur le net, même pas sur Metallum, pourtant grande encyclopédie du métal (bon, c’est vrai que le site refuse de mettre du Metalcore, certainement à cause d’un élitisme à la con) et sa renommée est très discrète. Pourquoi ? Une question intéressante car à l’écoute de Reaper, le groupe mérite de sortir du lot, même si l’album est inégal.

Le skeud débute avec une sorte d’intro qui pourrait être aussi le début d’une chanson. First Breath envoie un message clair et puissant, le groupe n’est pas là pour rigoler, l’ambiance est poisseuse et les riffs lourds vont venir écraser une ambiance Deathcore qui vise à briser des nuques. Après ce premier aperçu, le groupe lâche la déferlante When Skin Separates From Bone, un titre qui peut s’avérer pénible au tout début, tapant dans tous les sens comme des sauvages en oubliant presque une mélodie cohérente. Mais qu’importe, le groupe se rattrape par la suite avec une rythmique lourde et endiablée et une modulation de la voix qui force le respect. Alors il est évident que les non-initiés vont en prendre plein la tronche et risque de trouver cela excessif. Ce n’est rien comparé à certains titres dont Reptile, en duo avec Ben Duerr du groupe Shadow of Intent. Le titre est quasiment inécoutable tellement il part loin dans son délire de double-pédale et de chant guttural, proche d’un gargarisme fatiguant. D’autres plages viendront nous hanter longtemps à cause de leur violence, comme par exemple Maggot ou Tempus II, mais on trouvera toujours des choses intéressantes à l’intérieur, comme des jeux de grattes qui se rapprocheront du Djent par exemple. Reste aussi à prendre à compte la voix du chanteur, qui arrive à partir dans les graves comme dans les aigus, mais qui parfois manque de technique et n’arrive pas forcément à susciter un fort engouement.

Mais réduire Discord Curse à du simple Deathcore de base serait malvenu. Dans ce deuxième album, il y a des morceaux qui sortent du lot, que ce soit grâce à leur structure étonnante, ou encore aux variations que le groupe arrive à amener dans des déluges de violence. A ce titre Bludgeoned est une énorme claque dans la gueule. Mélangeant des éléments un peu électro, profitant d’une référence un peu Métal Indus, le groupe livre un titre à l’ambiance très intéressante et qui sort des sentiers battus. La structure complètement folle de ce titre lui confère une aura particulière, et on ne parlera pas, bien sûr, des parties « rappées » en growl, qui sont complètement folles. Il s’agit sans hésitation du meilleur titre de l’album qui démontre tout le talent du groupe, toute sa folie, toute sa maestria technique. On peut aussi citer, As the Sun, plus mélancolique que les autres morceaux, possédant même quelques éléments en chant clair et une volonté de toucher le public. Alors certes, c’est bourrin as fuck, mais ça fonctionne à plein régime et démontre une volonté de briser les codes du Deathcore. D’autres titres, percutants en termes de violence, mais moins marquants, viendront compléter un album dense et puissant, comme Time ou My Everything.

Au final, Reaper, le deuxième album Metalcore de Discord Curse, est plutôt une bonne galette. Si l’excès de violence est parfois trop présent jusqu’à en devenir non-sensique, le groupe se rattrape toujours avec des élans plus mélancoliques ou encore des passages plus progressifs, lui conférant un charme tout particulier. Alors, oui, c’est un skeud à ne pas mettre entre toutes les mains, mais ça reste franchement sympathique.

  • First Breath
  • When Skin Separates From Bone
  • Maggot
  • Titan
  • Reaper
  • As the Sun
  • Bludgeoned
  • Time
  • Snake
  • Reptile feat Ben Duerr
  • My Everything
  • Lies feat Don Campan
  • Tempus II feat Lucas Mann

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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