
Avis :
Tout porte à croire que chaque sous-genre du rock et du métal a droit à sa version mélodique. C’est-à-dire que certains styles sont sans doute trop brutaux pour le commun des mortels, et du coup, il faut y rajouter du chant ou des arpèges plus aériens pour combler un manque chez un certain public. Et si on peut comprendre cela avec le Death mélodique, c’est un peu plus compliqué en ce qui concerne le Hard Rock, un genre qui est suffisamment accessible pour ne pas y foutre des trucs mielleux par-dessus. Mais ça, Frontiers Records s’en balance le coquillard, et a fait du Hard Rock mélodique son cheval de bataille, plaçant même quelques-uns de ses musiciens dans des groupes qui ont besoin d’être complété. Comme par exemple The Big Deal, un groupe serbe qui n’a rien à voir avec une émission qui fut présentée par un certain Lagaf’.
Le projet vient du guitariste de Ronnie Romero, Srdjan Brankovic, qui veut faire chanter sa femme, Nevena Brankovic, avec Ana Nikolic. Après quelques démos enregistrées, le trio envoie tout ça au label Frontiers Records, qui décide alors de les signer, en plus de leur filer Marko Milojevic à la batterie et Alessandro Del Vecchio à la basse (et de toute façon, le type est partout chez Frontiers Records). First Bite est donc le premier album de The Big Deal, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça coche toutes les cases du Hard Rock mélodique un peu cliché, avec en prime des clips qui jouent uniquement sur le charme des deux chanteuses, et pas forcément sur la technique des bonhommes. Un plan bien rodé qui ne va pas manquer d’attirer les oreilles les plus curieuses, et les yeux les plus libidineux.
Mais concernant la musique, on ne peut pas dire que ça réinvente le genre. Sans que ce soit une catastrophe, on reste sur un style qui est coincé dans son carcan mielleux et mièvre, abordant l’amour avec une ferveur prude, et sans jamais faire bouger les curseurs vers quelque chose de plus graveleux. Pour autant, il est aussi assez difficile de râler auprès de cet album, car tout cliché qu’il soit, il détient quelques morceaux catchy, et on va même se surprendre à chanter au bout d’une paire d’écoute. Le premier titre fait partie d’ailleurs de cette salve. Never Say Never est perclus de mauvais passages et d’un aspect ringard, mais on sent que les musiciens s’amusent, et il y a un vrai élan Hard qui se ressent dans les riffs. Alors oui, on reste sur un refrain classique, mais globalement, ça tient la route malgré un vilain clavier.

Ce sera d’ailleurs l’un des gros points faibles du groupe, ce clavier qui adoucit certaines musiques, et qui laisse un sentiment de trop plein. Par la suite, les choses se tassent un peu. I Need you Here Tonight manque d’allant et d’envie de nous percuter, chose qui sera confirmée avec Sensational, qui est le pire morceau de l’album, avec un coté mid-tempo dégueulasse, et la présence d’un clavier ridicule qui ne sert strictement à rien. Heureusement, Top Heaven va venir nous rassurer. Le morceau revient à quelque chose de plus Hard, de plus virulent sur les riffs, et le refrain fonctionne à plein régime. Oui, c’est cliché à mort, mais le titre reste en tête, et on sent qu’il est taillé pour la scène. Ce qui ne sera pas le cas de Wake the Fire, qui baisse de régime, et fait étalage d’un refrain faiblard, sans aucune inspiration.
In the Dead of the Night semble s’inspirer du Métal symphonique pour son introduction, mais le chant faux éteint nos espérances, et le groupe décide alors de retomber sur un truc classique et sans aucune surprise. Rebel Lady va enclencher alors la seconde dans les pires déviances du genre. C’est mid-tempo, c’est mou, c’est mielleux comme rarement, et c’est un calvaire à l’écoute. Puis par la suite, on va avoir des titres agréables, mais qui auront du mal à marquer. Power On est sympathique et rapide, mais manque de moments puissants. Bad Times, Good Times sera du même acabit et écrit dans le même moule. Fallen manque cruellement de riffs et de basse plus présente. Puis enfin, Lady of the Night clôture l’ensemble dans un élan classique et sans aucune prise de risque. Alors oui, c’est assez agréable, mais ça reste dans un registre tellement calibré…
Au final, First Bite, le premier album de The Big Deal, est un amas de clichés qui fonctionne étrangement. Si certains morceaux sont carrément loupés, l’album a l’audace de ne pas présenter de ballade sirupeuse et d’offrir quelques moments de bravoure qui restent en tête, avec des refrains malins et utilisés à bon escient. Bon, on reste tout de même dans le tout-venant du genre, et tout cela aura bien du mal à s’extirper de la masse, mais pour du Hard Rock mélodique, ce n’est pas si mal…
- Never Say Never
- I Need you Here Tonight
- Sensational
- Top Heaven
- Wake the Fire
- In the Dead of the Night
- Rebel Lady
- Power On
- Bad Times, Good Times
- Fallen
- Lady of the Night
Note : 12/20
Par AqME