
De : Xavier Gens
Avec Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Anaïs Parello, Inaki Lartigue
Année : 2024
Pays : France
Genre : Horreur
Résumé :
Été 2024, Paris accueille pour la première fois les championnats du monde de triathlon sur la Seine. Sophia, brillante scientifique, est alertée par Mika, une jeune activiste dévouée à l’écologie, de la présence d’un grand requin dans les profondeurs du fleuve. Elles n’ont d’autre choix que de faire équipe avec Adil, commandant de la police fluviale pour éviter un bain de sang au cœur de la ville.
Avis :
Quand on veut faire des films d’horreur en France, il faut souvent partir à l’étranger. De nombreux réalisateurs ont fait leurs premiers pas dans l’hexagone, mais ils ont vit eu des bâtons dans les roues pour faire produire d’autres projets, et n’ont eu d’autres choix que de partir aux Etats-Unis. Les exemples sont nombreux, et on peut évoquer Alexandre Aja, Louis LeTerrier ou encore Xavier Gens. Ce dernier présente tout de même une petite exception, il n’aura jamais le succès des deux précités, car certains de ses films internationaux ne sont jamais sortis en salles, mais uniquement en DVD de par chez nous, comme The Divide par exemple. Mais qu’importe, après un passage plutôt réussi dans la comédie avec Budapest, Xavier Gens s’ouvre les portes de Netflix pour son nouveau film qu’il va coécrire avec Yannick Dahan (La Horde), et qui le remet sur les rails de l’horreur.

Sous la Seine est un film on ne peut plus d’actualité. Si, lors de son écriture, les épreuves de triathlon n’étaient pas encore prévues dans le fleuve, sa sortie colle parfaitement au timing des jeux olympiques, alors même que le lieu semble encore insalubre pour les épreuves. De là à ce qu’il y ait un requin… Car oui, le pitch du film est tiré par les cheveux, et il place un requin dans la Seine, au niveau de Paris, et il va falloir se débarrasser de cette bestiole vorace, car une épreuve sportive va avoir lieu, et la mairesse ne veut absolument pas changer ses plans, y voyant là une défaite politique en lieu et place d’un risque sanitaire. Bref, une équipe composée de policiers de la brigade fluviale et d’une experte des requins va tenter de sauver les meubles.
« Il faut laisser au film un début intéressant. »
Si le pitch de base est difficile à soutenir, il faut laisser au film un début intéressant, qui place ses personnages et pointe plusieurs thèmes assez intéressants. Le démarrage montre une jeune femme passionnée de requins qui fait un reportage avec son équipe de scientifiques, et qui se rend compte que l’un des requins balisés grandit beaucoup plus vite que prévu et s’adapte assez facilement à toutes les situations. Alors que son équipe se fait bouffer par ledit requin, on retrouve cette femme trois ans plus tard à l’aquarium de Paris, et elle va découvrir que le fameux squale qui a bouffé son équipe est dans la Seine. Il y a une certaine montée en tension, l’évolution du personnage est assez logique, et les différentes rencontres que cela orchestre sont plutôt bien vues.
Globalement, il y a une écriture qui est maline sur sa montée en tension. Le film pointe du doigt une police qui préfère se voiler la face plutôt que de faire des recherches, mais aussi les associations de protection des animaux qui font du zèle, dépassent les lois et se mettent délibérément en danger. Sans jamais vraiment partir dans un truc réac, le film montre les limites de la tolérance, et qu’agir sur des coups de tête n’est pas le mieux à faire, surtout lorsque l’on refuse d’étudier son « adversaire ». Et l’une des principales surprises du film est de ne faire aucune concession, notamment avec les personnages insupportables, qui subiront un sort funeste. Bref, le film se tient jusqu’à une scène assez forte qui vire à la panique totale et à un joli bain de sang généreux, parfaitement maîtrisé.
« La seconde moitié du long-métrage devient une vilaine farce qui lorgne grandement vers le nanar. »
Malheureusement, après cela, le film ne va plus du tout tenir la route. La seconde moitié du long-métrage, après l’autopsie d’un des requins (parce que oui, il y en a plusieurs) devient une vilaine farce qui lorgne grandement vers le nanar. Même en occultant les fadaises scientifiques que l’on nous sort (la parthénogénèse…), il est difficile de se raccrocher aux branches pour prendre tout cela de façon crédible. On aura droit à tous les tics des navets à base de requins, avec une énorme invasion, une équipe de bras cassés, une résolution improbable, des effets spéciaux qui se gâtent et des situations cocasses qui prêtent plus à rire qu’autre chose. Même les acteurs passent en mode roue libre, avec une mention spéciale pour Anne Marivin en mairesse de Paris, vilaine caricature de la déjà caricaturale Rachida Dati. Bref, malgré la générosité du truc, plus rien ne va.
Et même la mise en scène pâtit de ce décalage d’écriture. On pourrait louer les tentatives de plans aquatiques, ou encore l’invention de cette machine qui permet de faire tourner la caméra comme un tambour de machine à laver, mais cela n’apporte rien au récit. De plus, la résolution finale est d’une bêtise crasse, confinant le film à ce qu’aurait pu faire The Asylum avec ses propres films de requins. Il est étonnant qu’une actrice comme Bérénice Bejo ait accepté un tel rôle, ou même Nassim Lyes, surtout quand on voit comment le film se termine, emportant avec cette vague toutes les bonnes intentions que l’on pouvait retrouver dans la première moitié. Que s’est-il passé dans les têtes de Yannick Dahan et Xavier Gens pour partir en couille comme ça ?

Au final, Sous la Seine est un film qui se gâche totalement. La première partie est intéressante, plutôt bien filmée et joue sur des thèmes intéressants, tout en ne faisant aucune concession. D’ailleurs, le plot twist dans les sous-sols de Paris est vraiment un bon moment. Malheureusement, le film part en vrille dans sa seconde moitié, virant au nanar sans aucune once de nuance, n’arrivant jamais à renouer avec les débuts plus simples et plus efficaces. Bref, un coup d’épée dans l’eau, même si on peut regretter que le film ne soit pas à l’image de son démarrage…
Note : 09/20
Par AqME