avril 23, 2024

En Büyük Yumruk

De : Çetin İnanç

Avec Cüneyt Arkin, Hüseyin Peyda, Meral Orhonsay, Kazim Kartal

Année : 1983

Pays : Turquie

Genre : Action

Résumé :

Un homme, avec l’aide d’un policier amical et d’une journaliste, arrête une énorme affaire de drogue.

Avis :

Réalisateur turc, Çetin İnanç s’est d’abord intéressé au juridique, ayant fait des études dans ce domaine, mais finalement, il abandonnera le tout pour se consacrer au cinéma. Il est au départ assistant réalisateur, avant de réaliser lui-même à partir de 1967. Très vite, il se tourne vers le cinéma érotique, mais il va en être tout aussi détourné, car ses films ont affaire aux autorités qui les censurent. Mais qu’importe, ça ne découragera pas notre réalisateur qui se tournera alors vers un genre de cinéma qui lui sera tout à fait personnel (si l’on peut dire ça comme ça). Oscillant entre l’action, la comédie, la parodie et beaucoup d’emprunts à des films divers, Çetin İnanç laissera au cinéma truc pas moins de deux cents films.

Connu pour son « Turkish Star Wars » (que je rêve de voir soit dit en passant), pour le deuxième film de la nuit Nanarland à Paris, les organisateurs ont eu l’idée de nous montrer « En Büyük Yumruk« , qu’on pourrait traduire par « Le plus gros coup de poing », et des coups de poing, il va en être question au cours des soixante-seize minutes que dure l’hystérie générale de « En Büyük Yumruk« . Si le film de Çetin İnanç a de quoi amuser avec son dynamisme unique, son montage épileptique, et son acteur principal qui a le charisme d’un Alain Delon sur une pente raide, « En Büyük Yumruk » est pourtant un nanar pure souche, qui arrive à décevoir. Oui, oui, un nanar peut décevoir et c’est le cas de « En Büyük Yumruk« , car il ne raconte strictement rien. Franchement, ce film, c’est une heure et quart de baston générale sans qu’on arrive à piquer ne serait-ce qu’une ligne de son scénario, et au bout d’un moment, même si ça reste amusant, c’est aussi épuisant.

Murat est un flic qui a le coup de poing facile. Enquêtant sur quelque chose qui n’est pas bien précisé, Murat se retrouve empêtré dans une affaire qui le dépasse sans le dépasser. Dès lors, pour résoudre et faire tomber le grand méchant de l’histoire, Murat va devoir se battre contre la Turquie entière, afin de venger la mort de son fils… Car oui, son fils est mort… Heureusement et malheureusement pour lui, Murat va être bien souvent accompagné par Sibel, une journaliste au coup de pied certain, mais qui n’a rien à faire dans cette histoire, car c’est une femme, et ça, c’est une affaire d’homme…

Voici donc une séance de cinéma qui fut pour le moins compliquée. Je savais bien où je mettais les pieds, ou plutôt les yeux et le cerveau en allant à la nuit Nanarland, et pourtant, malgré ça, cette séance fut compliquée. Compliquée, car l’ensemble fut amusant, d’ailleurs comment ne pas sourire face à l’hystérie de ce film qui ne s’arrête strictement jamais. C’est bien simple, avec « En Büyük Yumruk« , Çetin İnanç nous jette directement dans l’action ouvrant son film avec une baston hystérique, mais de par son dynamisme, et le fait de ne rien raconter, tout cela finit par nous épuiser.

Alors, c’est vrai que pour ses côtés positifs, « En Büyük Yumruk » tient un rythme et un montage qui n’appartient qu’à lui. Çetin İnanç offre un film qui finit par déclencher des sourires tant notre héros ne peut pas faire un pas sans tomber sur une bande de mecs qui veulent lui casser la gueule. Ainsi, tout est prétexte à botter des culs et par la même, nous offrir les meilleures cabrioles du cinéma turc.

Au point positif, Cüneyt Arkin qui tient le rôle principal. Si son personnage est creux au possible, et par conséquent absolument pas intéressant, et puis on ne pige rien à ce personnage, il n’empêche que son acteur dégage un charisme assez fou. Ses petits regards caméra avant de balancer une punchline on ne peut plus machiste sont assez bluffants et c’est vrai qu’il amuse tout le temps.

Autre point qui est pour le coup assez fascinant, c’est la façon dont Çetin İnanç a de piller d’autres films. N’ayant pas de budget très important, le réalisateur qui veut offrir de l’action, autre que des bastons, a fait le choix d’aller chercher dans des films américains des images de courses-poursuites, d’explosions, et autres décors un peu plus cools. Ainsi, au gré des scènes déjà improbables que le film nous réserve, on pourrait se retrouver avec des images de « James Bond« , « L’inspecteur Harry« , ou encore « French Connection« . Le tout est livré de manière hyper décomplexée et certaines scènes sont assez bien montées, qu’on en reste fasciné par ce mélange d’audace d’un côté et de raté de l’autre.

Mais voilà, si tout ceci est très amusant, une heure et quart de baston hystérique et épileptique sur une heure et quart de film, c’est épuisant et malgré un dynamisme poussé, ça en devient très long, car l’on reste aussi dans l’attente que le film nous raconte quelque chose et force est de constater que finalement, hormis de la bagarre et des punchlines, « En Büyük Yumruk » ne raconte rien du tout. C’est donc pour cela que le film de Çetin İnanç se pose comme une déception.

Si d’un côté, je ressors donc de cette séance nanardesque assez déçu, je ne regrette pas de m’y être arrêté, car malgré tout, le spectacle épileptique en valait le détour. « En Büyük Yumruk » est un film qui ne ressemble à aucun autre film que j’ai pu voir, que ce soit dans le cinéma dit traditionnel, ou dans le nanar. Sorte d’immense baston générale qui ne raconte rien, entre fun et lourdingue, punchlines horribles et tordantes en même temps, tenu par un acteur au charisme étrange, « En Büyük Yumruk« , c’est un concept à lui tout seul et ne serait-ce que pour cela, si jamais vous arrivez à le trouver, il mérite qu’on prenne la peine de s’épuiser devant.

Note : 06/20

Par Cinéted

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