Titre Original : Flow
De : Gints Zilbalodis
Année : 2024
Pays : Lettonie, France, Belgique
Genre : Animation
Résumé :
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Avis :
J’ai vu beaucoup de films venant de pays différents, mais avec « Flow … », c’est la première fois que je m’arrête en Lettonie. Enfin pas totalement non plus, car si Gints Zilbalodis est bien letton, « Flow … » est un film qui est produit entre trois pays, la Lettonie, la France et la Belgique. Gints Zilbalodis est un jeune metteur en scène de trente ans, dont la carrière commence en 2010. Après une série de courts-métrages qui le font remarquer dans le circuit, c’est en 2019 que Gints Zilbalodis sort son premier long, « Ailleurs« . D’ailleurs, cette année-là, le film remporte le premier contrechamp au prestigieux festival d’animation d’Annecy. Le film, qui remportera pas mal de prix à travers le monde et une bonne réception, même s’il restera aussi discret, braque un peu plus les projecteurs sur Gints Zilbalodis.
Faisant tout, tout seul ou presque, voici que six ans après « Ailleurs« , Gints Zilbalodis est de retour sur les écrans de cinéma avec « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau« , une fable minimaliste avec aucun humain, juste un chat et des animaux qui se comportent comme des animaux. Visuellement incroyable, « Flow … » est une rêverie et un voyage assez dingue. Onirique, philosophique, aventureux, sujet à interprétations, avec ce deuxième film où l’on retrouve le nom du réalisateur à presque tous les postes, Gints Zilbalodis fait fort et il nous attrape totalement.
« Une fable minimaliste avec aucun humain »
Le monde comme on l’a connu n’est plus. Aujourd’hui, les humains ne sont plus, il ne reste que les animaux. Un chat mène une existence normale, passant sa vie à chasser et dormir, mais un jour, le chat est obligé de quitter son territoire, car les terres se trouvent envahies par les eaux. Le chat trouve refuge sur les restes d’une embarcation, et bientôt, d’autres animaux trouvent refuge à bord…
Il y a des auteurs qui ont une autre idée du cinéma, et qui veulent proposer quelque chose de totalement original et novateur, et c’est le cas de Gints Zilbalodis qui, avec son « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau« , nous entraîne dans un film d’animation totalement muet, pendant une petite heure et demie qui va passer très très vite. Ce qui est aussi fou qu’intéressant avec ce film, c’est sa dimension philosophique, car ici, on plonge dans un monde où les humains ne sont plus et il ne reste plus que les vestiges de notre civilisation.
Et c’est dans cet univers que Gints Zilbalodis nous entraîne pour y suivre des animaux qui vont devoir affronter un engloutissement de leur monde. Rien n’est vraiment expliqué avec ce film, et c’est ce qui va faire une grande partie de son intérêt, car avec cette histoire et ce monde quasi abandonné, on peut y imaginer tout et n’importe quoi.
« C’est aussi un esthétisme qui ne ressemble à aucun autre film. »
D’ailleurs, cette imagination, on peut la pousser aux événements qui arrivent, avec cette brusque montée des eaux. Après, derrière ça, il y a la survie de ce petit groupe, qui va devoir s’adapter et survivre comme il le peut. Ce qui est là aussi très intéressant, c’est l’idée de nous faire suivre de « vrais animaux ». Loin des standards hollywoodiens où l’anthropomorphisme est presque une règle d’or lorsqu’il s’agit de nous faire suivre des aventures avec des animaux, Gints Zilbalodis fait le choix inverse, et c’est fascinant à suivre.
Une fascination qui est d’autant plus poussée par l’animation des animaux qui est tout simplement extraordinaire et bluffante. Il a fallu six ans à son réalisateur pour concevoir ce film, et on le trouve à quasiment tous les postes. Ici, Gints Zilbalodis est réalisateur, producteur et scénariste, mais il est aussi le directeur artistique, le monteur de son film, et le chef op, ce qui est assez fou, et avec ce film, Gints Zilbalodis va jusqu’au bout de son idée. « Flow … », c’est aussi un esthétisme qui ne ressemble à aucun autre film, proposant une animation qui se pose quelque part entre une rêverie, une animation de jeu vidéo et en même temps, il y a quelque chose qui offre une dimension plus grande que cela.
De plus, le film est parcouru de plans-séquences dantesques, de séquences affolantes et mieux encore, alors qu’il n’y strictement aucun dialogue hormis « les cris des animaux », Gints Zilbalodis arrive à convoquer de l’émotion, de l’emphase, et même une certaine forme de suspens, car une fois dans son film, il est bien impossible d’en décrocher avant le générique de fin.
« Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau » se pose donc comme l’une des merveilles de cette année 2024. Poétique, drôle, touchant, fascinant, terrible, et offrant plein de réflexions sur le monde que l’on peut laisser après la civilisation humaine, jamais on aurait cru qu’un film muet avec des animaux qui essaient de ne pas se noyer et trouvant refuge là où ils peuvent, se ferait aussi incroyable. Bravo.
Note : 16/20
Par Cinéted