
Avis :
Fondé en 1992, P.O.D. fait partie de ces groupes qui ont porté le Nu Metal durant les années 2000 aux côtés de groupes tels que Limp Bizkit, Slipknot et Korn. L’originalité du groupe était qu’il arpentait le chemin du métal chrétien, mais aussi et surtout qu’il prenait des inspirations dans les racines sud-américaines des membres du groupe. L’explosion se fait surtout en 1999 avec The Fundamental Elements of Southtown, premier album à être signé sur un grand label, puis en 2001 avec Satellite et des tubes comme Youth of the Nation. Depuis, le groupe a su garder son line-up jusqu’en 2021, et le départ du batteur Wuv Bernardo. Veritas est le onzième album des américains, et il s’inscrit dans un moment un peu charnière pour le groupe, qui n’a pas su continuer sur un succès constant. Ce nouvel effort signe alors un petit retour aux sources.
En effet, les précédents opus étaient souvent associés à un changement de cap pour le groupe, qui essayait d’aller vers quelque chose de plus classique, de plus alternatif, mais sans jamais confirmer auprès des critiques et du public. Avec Veritas, dès le premier titre, on sent que la formation, devenue trio, veut mettre de l’explosion dans nos oreilles. En s’acoquinant avec Randy Blythe de Lamb of God, Drop est une grosse bombe malheureusement trop courte, qui envoie un riff lourd et sauvage qui donnera une forte envie de headbanger dans tous les sens. On retrouve un groupe qui cherche non pas la technique, mais l’efficacité et une volonté de faire bouger la fosse. C’est court, concis, ça va droit au but, et les paroles sont catchy en diable. Bref, il s’agit d’une entrée en matière qui donne envie de rentrer dans le vif du sujet.
Avec I Got That, on retrouve le P.O.D. des premiers jours, celui qui mélange de façon efficace et optimale le rap avec le métal. Les couplets, rapés, sont pertinents et donnent une furieuse envie de bouger. Jusqu’à un refrain simple et facilement mémorisable qui reste en tête un long moment. Il n’en faut pas plus pour synthétiser à peu près tout l’album, qui restera sur un chemin similaire à quelques exceptions près. Doit-on en blâmer le groupe ? Non, car visiblement, les types ont compris qu’il fallait faire ce qu’ils aimaient le plus, et rester dans une sorte de sobriété salvatrice, jusqu’à la durée totale de l’album, qui n’excède pas les trente-cinq minutes. Même Afraid to Die, avec la participation de Tatiana Shmayluk de Jinjer, est un titre court, simple, mais qui donne dans une mélodie facile à retenir, et donc à chanter.

De toute façon, on le sait d’avance, P.O.D. n’est pas un groupe qui brille par sa technique et par la longueur de ses chansons. En revenant à un album qui fait des ponts avec leur début, les nostalgiques auront de belles réminiscences de leur adolescence. Dead Right va dans ce sens, dépassant à peine les deux minutes, mais avec une percussion dingue, et une envie d’en découdre avec le public. Breaking sera un morceau plus long, plus construit, et irrémédiablement, qui marquera moins. Mais il faut laisser au titre des couplets en rap ultra énergiques, et une mélodie qui fonctionne. Lay me Down (Roo’s Song) sera construit dans le même moule, avec quelques efforts techniques plus prononcés, dont un léger solo. Bref, les américains essayent tout de même d’apporter un peu de contenu qui ressemble aux précédents albums, sans pour autant leur donner plus d’importance que le reste.
I Won’t Bow Down revient à quelque chose de plus lourd, de plus court et qui vient pour taper du pied. Le titre est puissant et montre à quel point le groupe trouve une nouvelle jeunesse. This is my Life avec Cove Reber de Dead American est un titre un peu moins intéressant dans sa démarche, mais il laisse alors le champ libre pour Lies we Tell Ourselves, un hit en puissance, aux paroles simples et à l’aspect presque Pop totalement assumé. Bref, le groupe se met aussi en danger, et c’est payant, car le morceau est très plaisant à chanter. Puis avec We are One (Our Struggle), on renoue avec un côté fédérateur qui est si cher au groupe, permettant de chanter en communion avec Sonny. Enfin, Feeling Strange clôture l’effort d’une manière assez quelconque, mais qui revient à quelque chose de plus alternatif et donc de moins clivant.
Au final, Veritas, le dernier album de P.O.D., peut se voir comme une petite réussite, du moins pour les nostalgiques, ou ceux qui ont toujours aimés les débuts du groupe. Les américains jouent avec la fibre passéiste, mais ils arrivent à lui donner de l’entrain et une énergie communicatrice, faisant que rapidement, on chante à s’en briser les cordes vocales. De ce fait, sans être une totale réussite, ou même un exemple de technique, ce onzième effort studio vaut bien sa petite écoute et sa petite demi-heure de plaisir presque régressif.
- Drop feat Randy Blythe from Lamb of God
- I Got That
- Afraid to Die feat Tatiana Shamyluk from Jinjer
- Dead Right
- Breaking
- Lay me Down (Roo’s Song)
- I Won’t Bow Down
- This is my Life feat Cove Reber from Dead American
- Lies we Tell Ourselves
- We are One (Our Struggle)
- Feeling Strange
Note : 14/20
Par AqME