avril 28, 2024

Delfinia – Deep Elevation

Avis :

Qu’il est difficile de se faire connaître quand on officie dans un genre de niche tel que le Power Métal mâtiné avec quelques éléments Heavy. Un genre exigeant d’un point de vue technique, mais qui demande aussi des ressources importantes, que ce soit pour la qualité de l’enregistrement, ou encore pour composer les morceaux, et les sortir sur un album. C’est pourtant le pari fou de Delfinia, groupe ukrainien dont Deep Elevation est le premier album (et unique au moment d’écrire ces lignes). Composé de deux personnes, Daria Naumenko qui s’occupe des claviers, et Konstantin Naumenko pour le chant, la basse et la programmation de batterie, Delfinia doit composer alors avec une pléthore de guitaristes plus ou moins connus pour apporter de l’eau au moulin. Ainsi, ce n’est pas moins de douze guitaristes qui se sont passés la main sur les morceaux pour aider à faire cet album.

On pourrait donc croire que Deep Elevation va manquer d’homogénéité, de cohérence entre les titres, d’autant plus que certains guitaristes sont des gens connus dans le domaine du métal. Et pourtant, c’est tout le contraire qui va se passer. L’album, même s’il est perclus de petites imperfections, fonctionne bien, et trouve du liant entre chaque titre afin de proposer un ensemble très agréable, parfois un peu désuet, mais avec toujours une volonté d’avancer, d’aller de l’avant, et de ne pas se reposer sur ses lauriers. Après une introduction un peu fainéante à base de piano, le skeud débute réellement avec Loneliness qui fait intervenir Gunsen, guitariste polonais de Gunsen et Pathfinder. Le résultat est plutôt plaisant, même si au niveau du chant, on peut s’améliorer. Ce n’est pas la catastrophe, mais ça reste assez anodin, avec un petit manque de tessiture. Mais le résultat est là et c’est énergique.

Baignant dans un refrain percutant, et un riff addictif, on peut dire que le projet Delfinia débute plutôt bien. Avec The Fate, le groupe essaye de monter en niveau, dans le sens où le titre est un peu plus ambitieux que le précédent. D’autant plus que le chanteur se fait aider par Ross Thompson, chanteur de Van Canto. Le résultat est réussi, et surtout, il ne marque pas de rupture avec le titre précédent. Et on aura même droit à un joli solo, épaulé par un gros riff bien lourd derrière. The World of Dream lorgnera plus vers un aspect Power assez classique, où les voix jouent un rôle prépondérant, avant de lâcher des riffs très rapides. Ici, c’est Olaf Thorsen (Labyrinth) qui prend les rênes du lead guitar, et ça se sent, notamment dans la vitesse de jeu et la qualité de l’exécution.

I’m Here se fera sans trop d’ajout, si ce n’est l’arrivée du guitariste ukrainien Alexander Rudnev qui montrera des riffs vifs et agressifs, mais le morceau manque de verve. Le clavier est bien trop présent, et le morceau résonne comme quelque chose d’assez kitsch et qui manque d’ampleur. Do You Remember joue un peu plus la carte des émotions, mais on reste sur un registre qui est à la limite du mielleux. Le refrain vient bien sauver l’ensemble, et Roland Grapow (Masterplan) se fait bien plaisir. Quant à Heaven, l’aspect Power est d’autant plus présent que le groupe est aidé par Aerendir, guitariste du groupe suédois Twilight Force. Le résultat est plaisant, même si on reste dans un registre qui ne prend pas trop de risque. Mais si l’on doit comparer le morceau aux autres, il est un peu plus jovial, ou tout du moins donne une impression de légèreté.

The Brightest Days est un titre qui est agréable, mais qui manque un peu d’identité. Le refrain est très cliché, et l’ensemble manque un peu de ruptures pour casser les codes du genre. Mais on aura droit à un joli solo signé Stas Semilietov. Call of the Wild est le plus long titre de l’album, dépassant les sept minutes, et il est plutôt réussi, même s’il demeure trop lent à démarrer et se termine de façon peu intéressante. Le clavier est trop présent, il y a un manque d’équilibre dans les balances, et parfois cela dénote clairement. C’est dommage, car ce petit solo de piano vient un peu gâcher le reste. On retrouve le même problème dans l’introduction de Eyes are Calling, qui est sauvé par le riff sauvage d’Aldo Lonobile (Secret Sphere) qui envoie du très lourd. Enfin, Autumn Dream clôture l’album sous la forme d’une ballade.

Au final, Deep Elevation, le premier album de Delfinia, est plutôt une bonne surprise, quand on veut voir le verre à moitié plein. Avec tous ces featurings, le groupe arrive tout de même à trouver de la cohérence et à proposer un album compact et logique. Si on reste sur un registre assez classique et sans prise de risque, il ne faut pas oublier qu’on est sur de l’indépendant, et rien que pour ça, ça mérite un petit coup d’oreille, surtout quand on est fan de Heavy et de Power.

  • Deep Elevation
  • Loneliness
  • The Fate
  • The World of Dream
  • I’m Here
  • Do you Remember
  • Heaven
  • The Brightest Days
  • Call of the Wild
  • Eyes are Calling
  • Autumn Dream

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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