avril 30, 2024

Cuphead

Auteurs : Zack Keller et Shawn Dickinson

Editeur : Pix n Love

Genre : Humoristique

Résumé :

Entre aventures palpitantes et péripéties inattendues, nos deux héros vous proposent plusieurs histoires courtes se déroulant dans le monde cartoonesque du fameux jeu vidéo. Une réinterprétation en bande dessinée fidèle au style rétro et artisanal de Cuphead, le titre qui a découragé certains journalistes dès son didacticiel !

Avis :

Sorti en 2017, considéré comme le jeu vidéo le plus dur de ces dernières années (dégoûtant certains journalistes spécialisés dès le didacticiel, soi-disant), Cuphead doit son succès à son style de jeu, où l’on doit uniquement affronter des boss, mais aussi et surtout à son design, qui reprend les dessins-animés américains des années 30. Jouant constamment sur une dichotomie entre la mignonnerie des dessins et l’aspect sadique du fond, le jeu a su s’attirer un fanbase solide, à un tel point que des produits dérivés ont commencé à arriver, à l’image de quelques figurines, un vinyle, un DLC pour poursuivre l’aventure, et bien évidemment, une adaptation en comics. Scénarisé par Zack Keller et dessiné par Shawn Dickinson (rien à voir avec le chanteur d’Iron Maiden), deux tomes sont pour l’instant sortis chez nous. Mais valent-ils le coup ou sont-ils juste des objets de merchandising ?

Afin de correspondre au mieux au jeu, qui n’a pas vraiment d’histoire, ou tout du moins, l’ensemble est assez décousu, les deux tomes auront des structures similaires, à savoir des histoires courtes qui occupent entre trois à cinq planches, pour raconter des situations ubuesques. Dès le départ, on est dans le bain, avec une caractérisation rapide des personnages (Cuphead le téméraire, Mugman le peureux, Samovar le sage et Chalice qui reste un peu en retrait) et des saynètes courtes qui font appel à notre mémoire avec des boss que l’on revoit dans des situations différentes. Les clins d’œil sont nombreux, et on notera un humour ubuesque, pour ne pas dire burlesque. Et c’est peut-être là que le bât blesse, car dans le fond, ces comics de Cuphead ne racontent rien et n’aborde aucun sujet intéressant. Un peu comme le jeu, mais là, on ne joue pas…

Et c’est bien un problème. Lorsque l’on est acteur des situations, et que ces dernières sont quasiment frénétiques, on baigne dans l’environnement et il y a une implication qui est totalement différente de lorsque l’on est lecteur. De ce fait, si les situations sont plutôt dynamiques, elles n’ont pas l’impact du jeu. Il en va de même avec les personnages, qui sont très peu travaillés. Si dans le jeu, on s‘émerveillera devant la qualité graphique des boss, ils n’ont pas de background, ni même d’épaisseur, et le comic ne va pas pour autant les rendre plus empathique. Il n’y a pas de construction de personnages, et on voit clairement que les ouvrages sont à destination des amateurs du jeu. C’est dommage, car il y avait peut-être matière à faire quelque chose d’un peu plus intelligent, d’un peu plus profond, tout en gardant cet esprit… un peu malsain.

Car il y a bien une chose que l’on ne peut retirer aux deux livres sortis, c’est le design et cet esprit un peu bizarre, qui a le cul entre deux chaises. Rendant hommage aux dessins-animés des années 30, les graphismes de Shawn Dickinson sont vraiment beaux et ont un aspect ultra délirant, où quasiment chaque objet possède une vie propre. On peut passer plusieurs moments devant une planche, afin d’en saisir toutes les subtilités. De plus, certaines planches ne sont que des affiches de fausses pubs, et globalement, elles sont vraiment drôles. Et l’autre point fort réside dans ce côté « diabolique », où l’on a l’impression que le comic n’est pas forcément à destination des enfants. Les jeux de casino, les sous-entendus graveleux, il y a un côté malsain un peu caché qui fait tout le sel de cette franchise et que l’on retrouve ici.

Au final, Cuphead en version comics souffle le chaud et le froid. Si d’un point de vue graphique, c’est très réussi, et que l’on retrouve une ambiance particulière propre au jeu, il n’en est pas de même avec les histoires racontées. En effet, si certains segments s’avèrent assez drôles et légers, sur l’ensemble, on reste sur des gags éculés et qui manquent cruellement d’imagination. Parfois, on a même la sensation de sketch pas fini, et c’est vraiment dommage. On ressort de cette lecture avec un sentiment partagé, avec d’un côté la sensation d’avoir passé un bon moment, mais d’un autre, d’avoir lu un truc assez insipide et qui manque de profondeur…

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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