avril 28, 2025
BD

1940… Et si la France avait continué la Guerre

Auteurs : Jean-Pierre Pécau et Jovan Ukropina

Editeur : Soleil

Genre : Uchronie

Résumé :

Et si la France avait continué la guerre ? 1940, le gouvernement français refuse la défaite et choisit de continuer la lutte contre l’envahisseur nazi, à partir de l’Afrique du Nord. Trois amis pilotes, Marianne, Yvon et Jules, pris dans la tourmente, vont accompagner la retraite de l’armée française à travers la France.

Avis :

La période de la Seconde Guerre mondiale constitue l’un des contextes les plus propices et les plus exploités pour étayer un point de divergence historique. Parmi les uchronies notables, on peut évoquer Le Maître du haut château, Block 109 et Fatherland. En ce qui concerne Swastika Night, il s’agit d’un cas particulier, car l’écriture du roman est survenue avant même le déclenchement du conflit. Dans le domaine littéraire, cinématographique ou vidéoludique, la potentielle victoire du IIIe Reich s’est donc échelonnée sur les décennies, voire les siècles à venir. Quant au présent ouvrage, il propose de triturer certains évènements qui ont mené à la Blitzkrieg.

Comme sa dénomination le laisse entendre, 1940… Et si la France avait continué la guerre manipule quelques ficelles historiques afin de ne pas assister à l’occupation allemande. En l’occurrence, il s’agit de provoquer la mort intentionnelle d’Hélène de Portes, reconnue pour avoir influencé les décisions de Paul Reynaud quant à la négociation de l’Armistice avec l’Allemagne en 1940. En cela, le premier volet présente une tonalité politique évidente, où les auteurs étayent le contexte et l’élément déclencheur propre à leur hypothèse historique. Par ailleurs, la bande dessinée fait écho à l’essai éponyme rédigé par des chercheurs de renom.

Le tome initial tient donc à mettre en condition le lectorat, à replacer les différents intervenants au sein du conflit. On côtoie alors des figures réelles et des personnages fictifs. L’amalgame fonctionne et permet de crédibiliser le propos où la France ne s’avoue guère vaincue. Hormis l’esprit de camaraderie et quelques discours bien appuyés, la tonalité patriotique n’est pas forcément prépondérante. Cela vaut également pour la diabolisation de l’ennemi. En l’occurrence, les forces de l’Axe. L’intrigue se contente alors d’un point de vue orienté sur le parcours des Alliés, sans faire montre de partialité quant au camp adverse.

Présentée sous la forme d’une trilogie, cette bande dessinée se tourne par la suite vers une confrontation directe. Celle-ci prend majoritairement la forme de batailles aériennes. Dans un registre similaire, il est aisé de faire le rapprochement avec la saga Wunderwaffen, également un récit uchronique où les joutes en plein ciel occupent une place prépondérante dans l’histoire. Cela étant dit, les séquences d’action sont bien menées afin de distinguer les forces en puissance et la difficulté des affrontements. Toutefois, on peut regretter que ces derniers demeurent assez expéditifs ; qu’il s’agisse de missions militaires ou d’assauts fortuits sur des villes ou des sites civils.

Un autre aspect propre à l’intrigue tient à l’évocation des femmes au sein de l’armée. En l’occurrence, le sujet ne relève pas de l’hostilité de la gent masculine, mais plutôt à son incrédulité. L’institution se heurte aux idées reçues, sans pour autant remettre en question les compétences de leurs homologues féminins, a fortiori dans un domaine aussi spécifique que l’aéronaval. Le discours demeure nuancé et bien intégré au récit, sans pour autant supplanter la thématique principale. En d’autres termes, il vient apporter du fond à l’intrigue tout en évoquant un pan historique méconnu et peu exploité sous le prisme de la fiction.

Au final, 1940… Et si la France avait continué la guerre constitue une incursion détournée bienvenue de cette période. Cette trilogie peut être considérée comme une uchronie réaliste qui s’ancre au cœur de la Seconde Guerre mondiale et non à l’issue du conflit. Il est question de s’engouffrer dans une orientation potentielle des évènements, sous l’angle des forces alliées. Le traitement n’offre pas forcément de grandes divergences par rapport au passé, mais permet d’appréhender la guerre sous un angle différent. Il en ressort une intrigue immersive et plausible, à même de redistribuer la carte géopolitique et le rapport de force, au cœur des années 1940. Quant à l’issue, cette parenthèse de l’histoire laisse dans son sillage des points de suspension au terme d’un remaniement des faits…

Note : 15/20

Par Dante

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