avril 26, 2024
BD

Les Royaumes Engloutis

Auteurs : Roke et Elias

Editeur : Paquet

Genre : Fantasy

Résumé :

Soutenu par un Dieu mystérieux, l’Empire de Nirval est parvenu à unifier la majeure partie du monde d’Oriskar, libérant les peuples du Joug des démons et de leur impitoyable Roi, Serk. Mais la paix n’est pas gagnée pour autant… Et ce n’est pas le petit équipage du Cormoran qui dira le contraire !

Avis :

On a souvent tendance à réduire le neuvième art à la France et à la Belgique. Pourtant, de nombreux pays européens ont plongé la tête dedans, et certains éditeurs aiment amener des bandes-dessinées d’autres pays dans nos contrées. C’est le cas de Paquet qui aime fouiner du côté de l’Espagne, afin de ramener des histoires inédites. C’est ainsi qu’en 2005, on a vu débouler Les Royaumes Engloutis, diptyque du duo Roke et Elias, respectivement scénariste et dessinateur. Se déroulant dans un univers Fantasy tout ce qu’il y de plus classique, les deux auteurs vont essayer de faire la différence en offrant un lore inédit, peuplé de monstres, de dieux et de démons. Malheureusement, si le premier tome pouvait faire illusion, le second va plonger l’aventure dans un bordel sans nom, et une certaine facilité dans la finalité du projet. Bref, on a connu mieux.

Le premier tome commence par une page d’accueil qui présente les personnages, gentils comme méchants. On a droit aussi à une carte du monde dans lequel on va évoluer, mais cela n’aura que peu d’intérêt, si ce n’est de montrer que les deux espagnols ont pensé un univers singulier. Le démarrage est assez simple, avec deux personnages que l’on qualifiera de méchant, qui gravissent une montagne pour trouver la statue d’un Dieu inconnu. Ils utilisent alors son pouvoir pour détruire les démons et tenter d’unifier les peuples. Mais on nous raconte très vite que cela a fait monter les eaux et que de nombreux peuples se sont retrouvés sans terre. Bref, on aurait pu croire à un postulat de base assez géopolitique dans un univers Fantasy, mais il n’en sera rien.

En quelques pages, et sans présentation aucune, on se retrouve du côté des gentils, qui essayent de capturer deux méchants, sans y parvenir. On découvre Sioni, une jeune elfe très entreprenante, et Keron, un homme qui cache le bas de son visage avec un bandeau. Très vite, on découvre Nord, le capitaine du bateau, puis Jorel, un jeune chevalier fougueux qui va faire partie de l’équipage. Il n’y a pas grand-chose d’autre qui va caractériser les protagonistes, si ce n’est leur goût pour l’aventure, et mettre les pieds dans les ennuis, qui vont prendre de très grosses proportions par la suite. Bref, pour faire court, on va avoir un jeu du chat et de la souris, puisque les méchants veulent capturer un astrologue, et que l’équipe des gentils veulent empêcher cela. Rien de bien neuf là-dedans.

Pourtant, le premier tome fait bien le taf. On a droit à de nombreuses scènes d’action, et quelques éléments de l’univers vient afficher une certaine fraîcheur. On aura droit à la présence d’un démon cornu, ainsi qu’à des dragons et une armée impériale qui utilise des produits technologiques impressionnants. On pourrait être à la limite de la SF, mais les auteurs n’en montrent pas plus. Par contre, on va voir qu’il y a aussi des divinités, vivant dans des temples, et adulées par des croyants sans trop de scrupule. En termes d’exposition et de monde intéressant à explorer, le premier tome se pose comme un voyage sympathique, bourré d’aventures et de moments de bravoure. D’autant plus que le découpage est bon, et les dessins sont beaux.

Seulement, tout s’écroule avec le second tome. Déjà, d’un point de vue formel, les dessins semblent moins travaillés. Les plans larges sont hasardeux et on n’a plus la même sensation qu’au premier tome. Pourtant, l’équipe derrière le dessin et les couleurs n’a pas changé. Mais c’est surtout sur le scénario que l’on va être déçu. En effet, les éléments mis en place dans le premier tome se délitent rapidement au profit d’une confrontation avec l’empire qui va tourner court, la faute à des combats rapidement expédiés et des situations qui trouvent des solutions en deux planches, maximum. Tout va trop vite et on a la désagréable sensation que le scénariste a été contraint de tout réduire au format 48 planches, s’imposant par contrainte le diptyque. C’est dommage, car on sent bien le potentiel de l’univers, qui pioche des références un peu partout.

Mais le pire dans tout ça va provenir de la conclusion. Si le tout dernier acte promet d’autres tomes qui ne viendront jamais, c’est surtout sur la résolution du problème général que l’on sera étonné et déçu. En effet, on nous dévoile des secrets inattendus, on plonge même dans le monde des divinités pendant quelques planches (et on dirait Les Légendaires, ce qui n’est pas un compliment), puis on nous promet une fin du monde cataclysmique. Seule solution, que Nord, le vaillant héros, parle à la divinité. Et là, c’est la douche froide, puisque les seuls mots qui sortent sont d’une banalité affligeante (du genre : « allez, stop, arrête tes bêtises… ») et grâce à cela, tous les problèmes sont résolus. Cette sensation de foutage de gueule est assez impressionnante. Et cela laisse le lecteur sur un goût amer, avec l’impression d’avoir lu deux tomes pour rien.

Au final, Les Royaumes Engloutis n’est pas foncièrement une mauvaise bande-dessinée. Le premier tome est accrocheur et prometteur, mais tout s’effondre en quelques planches, à la fin du second tome. Le scénariste ne sait pas comment terminer son histoire, et il n’a pas la place nécessaire pour faire exister son univers, qui sera étouffé dans l’œuf. Ne reste alors qu’une sensation de désarroi et de gâchis, face au potentiel fortiche de cette BD qui, malheureusement, ne fera pas date…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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