avril 19, 2024
BD

Codex Sanguinis

Auteurs : Erick George-Egret et François Mougne

Editeur : Les Editions du Rocher

Genre : Thriller

Résumé :

Julien de Saint-Volery ne pensait pas recevoir un jour un tel héritage… Fait étrange, le legs de son arrière-grand-père décédé depuis plusieurs années est un antique parchemin contenant la clef pour parvenir au saint calice qui recueillit autrefois le sang du Christ.

Archéologue, aventurier et totalement incroyant il décide de remonter la piste et tente de décrypter la série de documents retraçant les recherches de son aïeul.

Pour accéder au Graal, il devra entreprendre un cheminement initiatique, mais aussi et surtout affronter un ordre mystérieux qui veut détruire la preuve de la divinité de Jésus depuis 2 000 ans.

D’Israël à Rennes-le-Château, en passant par Zurich et l’Écosse, Julien va devoir se battre pour sauver une certaine idée de la chrétienté.

Avis :

L’œuvre de Dan Brown aura inspiré plus d’un auteur pour évoquer les mystères antédiluviens du christianisme, ainsi que leur portée dans un cadre contemporain. Fréquemment conspué par la bienséance et l’opinion publique pour ses hypothèses intrigantes (parfois farfelues, souvent pertinentes et instructives) le thriller ésotérique se prête particulièrement bien au format du roman. Certes, il a beau s’exporter sur les écrans ou en bande dessinée, le résultat escompté n’est pas aussi approfondi et maîtrisé que pour leur homologue littéraire. En l’occurrence, le 9e art offre un cadre bien restreint pour une telle exploration, a fortiori pour des one-shots.

Le constat s’était déjà vérifié avec Dilemma qui, malgré des intentions louables et honnêtes, n’était pas parvenu à convaincre. Malheureusement, Codex Sanguinis semble se trouver sur la même pente glissante. Pourquoi ? Tout simplement parce que la structure narrative est similaire. À la fois emportée et dense, elle fait s’enchaîner les saynètes à plusieurs époques différentes. Il n’est pas forcément difficile de se repérer, mais leur succession laisse à penser à des inserts discutables pour entrecouper l’intrigue de base. Sous forme de chapitres, le procédé entretient le suspense avec un certain sens du rythme. Ici, les planches sont agencées de manière anarchique sans qu’aucune rigueur chronologique soit respectée.

Et cela est sans doute dû à la profusion des différentes influences et des époques qui se suivent et ne se ressemblent pas. On évoque tour à tour la passion du Christ, le trésor des Templiers, Rennes-le-Château et l’abbé Saunière, les voyages de Joseph d’Arimathie… Certes, ces sujets possèdent un fil rouge qui n’échappera pas aux amateurs du Da Vinci Code pour la simple et bonne raison que la finalité et la progression y empruntent de nombreux aspects. De fait, la quête principale brasse des thématiques maintes fois ressassées sans rien apporter de neuf. Pire que cela, elle s’embrouille dans ses propos et fait mention de certains éléments hors contexte.

On songe notamment aux flashbacks pendant la Seconde Guerre mondiale. Et il n’est pas ici question d’évoquer l’Ahnenerbe. Difficile de faire l’impasse sur l’absence d’Otto Rahn quand on se penche sur cette période (les années 1930) et la quête du Graal. On parle des Justes et du sionisme révisionniste sans vraiment creuser cette partie ou faire un rapprochement quelconque. Cela vaut également pour les rares allusions à la création de la franc-maçonnerie qui, pour des lecteurs peu versés sur le sujet, risquent de laisser totalement indifférentes. Là encore, on tente un lien hasardeux avec les Templiers. Même s’ils n’ont pas assimilé tous les fondements historiques, les auteurs peuvent remercier Giacometti et Ravenne, comme source d’inspiration principale.

De même, la présence d’une secte satanique n’est pas pour déplaire. Sauf qu’elle se substitue à quelques obscures sociétés secrètes, comme le Prieuré de Sion ou les Illuminati. Sauf si l’on escompte une suite, les explications restent sommaires et inabouties, tout comme la volonté d’insuffler un côté fantastique à l’intrigue. Tour à tour, le diable est représenté de manière réelle ou symbolique par le biais de figures historiques telles que Guillaume de Nogaret ou Caius Flavius. L’omnipotence de ses sbires est traduite ici par une surveillance permanente. Des ficelles usées jusqu’à la corde qui ne surprendront personne, pas même les plus indulgents.

Cela sans compter une caractérisation surfaite où les protagonistes manquent de répondant. On peut évoquer le sosie boudiné de Stan Lee, ainsi que des antagonistes anonymes d’une rare inutilité. Pour autant, ils n’arrivent pas à la cheville des personnages féminins dont l’absence se fait cruellement sentir. Quant à Aisleen Mason, elle représente ce qui se fait de plus mauvais en matière de caricatures. On cale ses brèves interventions à des moments inopportuns et on l’affuble d’un caractère au mieux agaçant, au pire inconsistant. Julien, l’archéologue en tête d’affiche, n’offre qu’une présence timorée où ses valeurs et principes ne souffrent d’aucune contradiction avec son aventure. Un traitement très maladroit et sans nuance.

 Au final, Codex Sanguinis est un thriller ésotérique décevant sur bien des points. Dénuée d’originalité, l’intrigue pille çà et là les grandes lignes propres à l’histoire du christianisme et à ses prédécesseurs littéraires. Le tout sans y trouver une approche réaliste. Les explications circonspectes et les raccourcis narratifs suffisent à expédier négligemment la recherche du Graal par le biais de truchements grossiers. On pourrait également revenir sur des traits de dessins figés qui communiquent très mal les émotions des différents intervenants ou ces vaines tentatives de faire de l’humour avec des jeux de mots grotesques. Les résolutions des énigmes disséminées sur le parcours de notre cher Julien, elles, sont d’une simplicité confondante. En plus d’un traitement brouillon qui évoque un peu tout et n’importe quoi, aucune théorie novatrice n’est apportée ni ne vient étayer une incursion laborieuse, pour ne pas dire médiocre.

Note : 07/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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