avril 27, 2024

Nanowar of Steel – Italian Folk Metal

Avis :

Dans de nombreux domaines culturels, on assiste à des parodies d’œuvres cultes, afin de surfer sur une vague un peu moqueuse, mais qui cache parfois un réel amour pour le genre. Que ce soit dans la littérature, le cinéma, ou encore la musique, les parodies sont nombreuses et parfois à des niveaux relativement agréables, surtout en ce qui concerne le métal. En effet, depuis de nombreuses années, des groupes se moquent d’autres formations en détournant les paroles, ou en faisant des chansons rigolotes. En France, Ultra Vomit est en tête d’affiche, mais on peut aussi regarder du côté transalpin avec Nanowar of Steel. Fondé en 2003 sous le simple patronyme de Nanowar (Manowar mais avec des nains), c’est trois ans plus tard que le « of Steel » fait son apparition pour faire un pied de nez à Rhapsody, qui a rajouté « of Fire » par la suite.

Bref, les italiens peuvent tout de même se targuer d’avoir un line-up relativement stable depuis la création du groupe, et d’avoir su trouver le bon équilibre entre humour et chanson qui ont tout de même un brin de technique. Lorgnant constamment du côté du Folk et du Power, Nanowar of Steel a su apposer sa patte et s’imposer à travers l’Europe, jusqu’à signer chez Napalm Records. Et le tour de force réside aussi dans le fait que la formation chante en italien, et non pas en américain, ce qui va poser tout de même poser un problème récurrent, la compréhension des paroles pour qui ne goûte pas à la langue de Dante. Et ça va être tout le défaut d’Italian Folk Metal, cinquième album studio de la formation, auquel on ne comprend rien car entièrement en italien, enlevant dès lors un certain intérêt au bousin.

Comme tout album de Folk/Power (ou presque), le démarrage se fait via une introduction aux tendance lyriques. Il y a aura certainement quelques références rigolotes auxquelles on ne comprendra rien, mais musicalement, c’est plutôt bien. Puis déboule L’Assedio di Porto Cervo en featuring avec Francesco Paoli, le chanteur de Fleshgod Apocalypse. Le résultat donne un titre nerveux, avec du bon growl et c’est relativement efficace. Cependant, on sent poindre un premier écueil, outre la langue, une certaine facilité dans la composition. C’est bien produit, c’est bien fichu, mais on a la sensation d’avoir entendu cela des centaines de fois. Et cette sensation va revenir sans cesse durant tout l’album. On a un bon album, avec de bonnes compos et une volonté de faire de la bonne musique malgré le côté parodique, mais ça ne sort jamais des sentiers battus, et ça reste très (trop ?) classique.

De plus, on sent bien que l’ensemble du texte est d’une débilité sans nom. La preuve avec La Maledizione di Capitan Findus. On capte bien le délire autour des poissons et des marques surgelées (d’ailleurs, vers la fin, on aura droit au capitaine Iglo), mais de ce fait, il est compliqué de rentrer dans l’ambiance du morceau. Après, encore une fois, musicalement, c’est très chouette, en plus d’être entrainant. Un titre qui doit fonctionner du tonnerre sur scène. Tout comme La Marcia su Piazza Grande, qui ressemble à un hymne national, qui a le mérite d’être dynamique, même si on ne comprend rien. Puis La Mazurka del Vecchio che Guarda I Cantieri va embrasser pleinement le côté Folk avec son accordéon, mais on reste sur quelque chose de trop calibré pour vraiment convaincre. On aura tout de même un petit solo de guitare pour s’en remettre.

La Polenta Taragnarock sera alors le meilleur morceau de l’album, car malgré la barrière de la langue, on comprend vite qu’il s’agit d’une pub fictive pour de la polenta (chose confirmée avec le speech d’un présentateur vedette en Italie) et musicalement, ça envoie du lourd, avec un mélange parfait entre Folk et Power. Scugnizzi of the Land of Fires rentre trop dans un délire moqueur et c’est assez mal foutu, avec des sonorités qui évoquent les jeux de la Nintendo. L’ensemble manque trop de sérieux, même dans la composition. Puis déboule Rosario avec Giada Jade Etro, chanteuse de Frozen Crown, et on est dans une ballade qui fait penser aux années 80, reprenant même le Kiss From a Rose de Seal sur la fin. Encore une fois, si c’est sympathique, ça manque un peu d’originalité, et la barrière de la langue est un vrai problème.

Avec Il Signore Degli Anelli Dello Stadio, le groupe s’éclate à reprendre des chants de supporters et à les détourner en version métal. Si le résultat est débile, on prendra du plaisir tout de même à entendre de la cornemuse et une batterie qui s’éclate tout de même. Et c’est très entrainant. Puis Gabonzo Robot va continuer sur cette belle énergie, mais cette fois-ci en parodiant complètement un générique de dessin animé. Et si c’est bien fichu, ça pose tout de même un problème de cohérence au sein de l’album, qui veut faire trop de blagues et oublie presque de créer du liant entre les morceaux. D’ailleurs, avec Sulle Aliquote Della Libertà, le groupe s’entoure de The Rumpled, un groupe de Punk celtique italien, pour proposer un titre enjoué, mais qui manque d’épaisseur et d’intérêt. Puis par la suite, les quatre derniers morceaux ne présentent qu’un intérêt mineur.

Au final, Italian Folk Metal, le cinquième album de Nanowar of Steel, est très généreux, mais il en oublie l’efficacité et la cohérence. Bordélique, abordant des genres déjà-vu et n’y apportant finalement aucune idée novatrice, le groupe tombe dans une mauvaise blague qui est assez indigeste, malgré quelques beaux moments de bravoure. C’est dommage, car d’un point de vue technique, c’est irréprochable, mais comme la farce prend toujours le dessus, on reste sur un ennui poli au bout de plusieurs écoutes, et c’est dommage…

  • Requiem per Gigi Sabani in Re Minor
  • L’Assedio di Porto Cervo feat Francesco Paoli
  • La Maledizione di Capitan Findus
  • La Marcia su Piazza Grande
  • La Mazurka del Vecchio che Guarda I Cantieri feat Alessandro Conti
  • La Polenta Taragnarock feat Giorgio Mastrota
  • Scugnizzi of the Land of Fires
  • Rosario feat Giada Jade Etro
  • Il Signore Degli Anelli Dello Stadio
  • Gabonzo Robot feat Dr. Pira
  • Sulle Aliquote Della Libertà feat The Rumpled
  • Der Fluch des Kapt’n Iglo
  • El Baile del Viejo que Mira las Obras
  • Formia
  • Biancodolce

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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